Oui à Beltrame et pas d'amalgame
En France, on raviva le souvenir d’Adama Traoré, ce jeune homme noir mort en 2016 après son interpellation par des gendarmes du Val-d’Oise. Les pros de l’agit-prop voulaient faire de lui une réplique sismique de George Floyd. À l’appel de sa famille, 20000 personnes bravèrent des interdictions préfectorales. Au palais de justice de Metz, le procureur et quatre policiers furent blessés. Si compréhensible que fût l’émotion, cette séquence fit rimer manif avec manip en créant deux amalgames :
1. La police française est aussi violente que la police US. C’est faux. On ne peut transformer Gérard Jugnot dans Pinot simple flic (1984) en Chuck Norris dans Invasion USA (1985) ! Si la police américaine est formée pour se battre, la police française cherche à « protéger les populations », comme le rappela cet après-midi Christophe Castaner. Y arrive-t-elle ? C’est un autre sujet. Reste que la première fait peur, pas la seconde.
2. La police française est au service d’un « racisme systémique ». C’est absurde. La France ne vit pas sous un régime de ségrégation et la police n’est pas le bras armé de la blanchitude. Si tout musulman n’est évidemment pas terroriste, pourquoi les policiers blancs seraient-ils tous racistes ? Cette essentialisation de la violence est contredite par la réalité. Le rapport de l’IGPN rendu public aujourd’hui ne recense pas les accusations de racisme mais le DGPN Frédéric Veaux précise que sur les 1460 plaintes répertoriées l’an dernier, le nombre d'enquêtes judiciaires visant de tels faits est en baisse (30 en 2019 contre 48 en 2018).
Singulièrement, cette question des violences policières est mal posée. Esquissons quelques points de repère :
1. La police, c’est nous. Par délégation, nous confions à l’État le monopole de la violence légitime, comme le note Max Weber. Pour que les citoyens ne règlent pas leurs comptes eux-mêmes. Attaquer la police, c’est s’en prendre à toute la société. De ce point de vue, les partisans du « racisme systémique » savent ce qu’ils font : les violences policières sont un prétexte pour opposer des catégories entre elles. L’exemple d’Arnaud Beltrame nous montre l’inverse de cette logique délétère : l’individu se sacrifie pour le bien de tous ses compatriotes.
2. La répression policière augmente effectivement mais pas comme le disent les manifestants. Ce sont les Gilets jaunes et leurs cohortes de mâles blancs de la France périphérique qui en paient le plus lourd tribut.
3. L’usage de la violence légitime est affaire de proportion. Un tir tendu de LBD crevant l’œil d’un Gilet jaune pacifique est inadmissible. Asperger de gaz des parents avec des poussettes l’est tout autant. Mais face à la criminalité organisée et au terrorisme, le seuil d’indignation perd sa raison d’être. Nul ne semble se plaindre que la peine de mort sans jugement s’applique aux djihadistes en action. Les policiers ont bien l’ordre de les « neutraliser ». Autrement dit, toute violence doit être proportionnée à la dangerosité de la personne sur laquelle l’État l’exerce.
4. La société est de plus en plus violente à mesure que les aînés n’éduquent plus les jeunes à se méfier d’eux-mêmes, à contenir leur propre violence. La police devient la cible des frustrations accumulées et la blâmer devient une manière d’exister sans se remettre en cause, et de ramasser une cagnotte au passage. Plutôt que des manifs tapageuses, ces événements auraient mérité un sursaut de silence et de dignité. Pourquoi pas des marches blanches...