Politique
Où situer Valérie Pécresse ?
Dimanche aura lieu le premier tour des élections régionales et départementales. En Île-de-France, Valérie Pécresse part ultra-favorite. Selon un sondage Ifop-Fiducial publié lundi, la présidente sortante arriverait en tête au premier tour (34%) devant le RN Jordan Bardella (17%) et le LREM Laurent Saint-Martin (13%). À gauche, Audrey Pulvar (PS) et Clémentine Autain (LFI/PCF) atteindraient 11% et Julien Bayou (EELV/Générations) ferait 10%.
Mais où situer Valérie Pécresse ? Olivier Faure (PS) dénonce son « miaulement hypocrite [qui] cajole d'un même mouvement la droite extrême et progressiste ». Cette femme féline et séductrice se rêve-t-elle Premier ministre d’un Macron réélu ? Incarne-t-elle la position intenable d'une « droite progressiste » ?
Voyons deux points :
1. « Droite progressiste » est un oxymore. Si Faure l'utilise, c’est pour imposer une alternative à la droite : soit être progressiste, donc de gauche, soit être extrême, donc illégitime. Cette alternative prend la chatte Pécresse dans la lumière des phares de son ambition. Libres! n’est qu’un mot-funambule dans le grand vide des idées. C’est un « en même temps » qui peut signifier libéral pour séduire à droite et libertaire pour renchérir à gauche.
2. Sur le terrain des mœurs, le RN est mainstream. On peut donc être extrême et progressiste. Cette option de Marine Le Pen rejaillit sur tout le système. Car si le RN est extrême, les partis n’ayant pas cette étiquette infamante ne peuvent pas être moins progressistes que lui. Valérie Pécresse s'éloigne des valeurs « conservatrices » pour ne pas se retrouver à la droite du RN, dans un goulag intellectuel.
Cette femme intelligente joue de son image de gestionnaire mais, en politique, cela ne suffit pas. Les idées mènent toujours le monde et on en mesure l’influence au pouvoir de nuisance de ceux qui les portent. Plus il est fort, plus les politiques viennent vous chercher. Le bien commun, au contraire, ne menace personne, donc il n'intéresse personne.
Les LGBT+ exercent une pression tous azimuts qui oblige les politiques à s'aligner :
Audrey Pulvar a promis de faire de la lutte « contre les LGBTQIAphobies une priorité de [son] mandat ». Pour n'être ni en reste ni disqualifiée, Valérie Pécresse devait faire du sien une référence en la matière. Sa lettre ouverte dit en substance : « c’est moi la meilleure, et pas elle (Marlène Schiappa, NDLR) ». Les révélations de son conseiller régional sortant, Arnaud Le Clere, semblent confirmer son virage progressiste. Tel un lanceur d’alerte, il envoie sur WhatsApp et par mail le bilan de son mandat. Arnaud Le Clere ne repartira pas sur la liste de la présidente de Libre!. Caroline Carmantrand (Sens commun) et Nicolas Tardy-Joubert (PCD) ont quant à eux été évincés au profit de Catherine Michaud, présidente de GayLib et cofondatrice du réseau Pride de BNP-Paribas.
Que dit Arnaud Le Clere ? Que Valérie Pécresse n’eut de cesse de faire du pinkwashing. Son lieutenant Pierre Liscia s'en explique dans Le Monde : « Valérie a levé toute ambiguïté (...). Qui peut croire aujourd’hui qu’elle est homophobe ou anti-avortement, alors que la région n’a jamais fait autant pour les associations LGBT ou le Planning familial ? »
Arnaud Le Clere pointe le festival Solidays organisé chaque année à l'hippodrome de Longchamp. La jeunesse de l’ouest-parisien y va en masse, le concert étant toujours subventionné comme du temps de Jean-Paul Huchon (stable à 800 k€). Les messages porno y abondent avec une injonction « Faites de votre corps une machine de plaisirs » (sic !). Le conseiller régional relate aussi son expérience au conseil d'administration du Crips (Centre régional d'information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes, créé en 1988), organisme encore aux 2/3 financé par la Région (budget : 4,4 M€). Le Crips expose des vagins en résine ou des phallus en plastique. Il intervient dans plus de 200 établissements scolaires.
Sur le fond, tout est bon dans le cochon :
- la masturbation ? C’est « une pratique sexuelle qui peut être réalisée seule ou à plusieurs » ;
- la virginité ? C’est « une construction sociale. Elle n’est pas une réalité biologique » ;
- le porno ? « Y’en a pour tout le monde et on peut en regarder qu’on soit célibataire ou en couple ! »
- un rapport sexuel ? « rapports oraux (cunnilingus, fellation), rapports vaginaux (pénis-vagin), rapports anaux (pénis-anus)… ».
Ce discours promeut une doxa hygiéniste safe sex où le récréatif prime sur l'affectivité, sans même parler de la moralité (un ovni). Cette politique publique, à la vérité hyper-consumériste, mériterait pourtant d'être évaluée : En quoi fait-elle reculer le sida ? Pourquoi ne développer qu'un seul discours sur ce sujet si intime ? La Région s'interroge-t-elle sur le porno comme source de comportements violents, notamment à l'égard des femmes ? Les ateliers du Crips commencent dès l'âge de 13 ans…
Bref, tout le monde court dans le sens du vent, et il semble difficile sur ces sujets de voir la moindre différence entre Valérie Pécresse, son prédécesseur socialiste, la gauche ou l'extrême droite…
Mais où situer Valérie Pécresse ? Olivier Faure (PS) dénonce son « miaulement hypocrite [qui] cajole d'un même mouvement la droite extrême et progressiste ». Cette femme féline et séductrice se rêve-t-elle Premier ministre d’un Macron réélu ? Incarne-t-elle la position intenable d'une « droite progressiste » ?
Voyons deux points :
1. « Droite progressiste » est un oxymore. Si Faure l'utilise, c’est pour imposer une alternative à la droite : soit être progressiste, donc de gauche, soit être extrême, donc illégitime. Cette alternative prend la chatte Pécresse dans la lumière des phares de son ambition. Libres! n’est qu’un mot-funambule dans le grand vide des idées. C’est un « en même temps » qui peut signifier libéral pour séduire à droite et libertaire pour renchérir à gauche.
2. Sur le terrain des mœurs, le RN est mainstream. On peut donc être extrême et progressiste. Cette option de Marine Le Pen rejaillit sur tout le système. Car si le RN est extrême, les partis n’ayant pas cette étiquette infamante ne peuvent pas être moins progressistes que lui. Valérie Pécresse s'éloigne des valeurs « conservatrices » pour ne pas se retrouver à la droite du RN, dans un goulag intellectuel.
Cette femme intelligente joue de son image de gestionnaire mais, en politique, cela ne suffit pas. Les idées mènent toujours le monde et on en mesure l’influence au pouvoir de nuisance de ceux qui les portent. Plus il est fort, plus les politiques viennent vous chercher. Le bien commun, au contraire, ne menace personne, donc il n'intéresse personne.
Les LGBT+ exercent une pression tous azimuts qui oblige les politiques à s'aligner :
Audrey Pulvar a promis de faire de la lutte « contre les LGBTQIAphobies une priorité de [son] mandat ». Pour n'être ni en reste ni disqualifiée, Valérie Pécresse devait faire du sien une référence en la matière. Sa lettre ouverte dit en substance : « c’est moi la meilleure, et pas elle (Marlène Schiappa, NDLR) ». Les révélations de son conseiller régional sortant, Arnaud Le Clere, semblent confirmer son virage progressiste. Tel un lanceur d’alerte, il envoie sur WhatsApp et par mail le bilan de son mandat. Arnaud Le Clere ne repartira pas sur la liste de la présidente de Libre!. Caroline Carmantrand (Sens commun) et Nicolas Tardy-Joubert (PCD) ont quant à eux été évincés au profit de Catherine Michaud, présidente de GayLib et cofondatrice du réseau Pride de BNP-Paribas.
Que dit Arnaud Le Clere ? Que Valérie Pécresse n’eut de cesse de faire du pinkwashing. Son lieutenant Pierre Liscia s'en explique dans Le Monde : « Valérie a levé toute ambiguïté (...). Qui peut croire aujourd’hui qu’elle est homophobe ou anti-avortement, alors que la région n’a jamais fait autant pour les associations LGBT ou le Planning familial ? »
Arnaud Le Clere pointe le festival Solidays organisé chaque année à l'hippodrome de Longchamp. La jeunesse de l’ouest-parisien y va en masse, le concert étant toujours subventionné comme du temps de Jean-Paul Huchon (stable à 800 k€). Les messages porno y abondent avec une injonction « Faites de votre corps une machine de plaisirs » (sic !). Le conseiller régional relate aussi son expérience au conseil d'administration du Crips (Centre régional d'information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes, créé en 1988), organisme encore aux 2/3 financé par la Région (budget : 4,4 M€). Le Crips expose des vagins en résine ou des phallus en plastique. Il intervient dans plus de 200 établissements scolaires.
Sur le fond, tout est bon dans le cochon :
- la masturbation ? C’est « une pratique sexuelle qui peut être réalisée seule ou à plusieurs » ;
- la virginité ? C’est « une construction sociale. Elle n’est pas une réalité biologique » ;
- le porno ? « Y’en a pour tout le monde et on peut en regarder qu’on soit célibataire ou en couple ! »
- un rapport sexuel ? « rapports oraux (cunnilingus, fellation), rapports vaginaux (pénis-vagin), rapports anaux (pénis-anus)… ».
Ce discours promeut une doxa hygiéniste safe sex où le récréatif prime sur l'affectivité, sans même parler de la moralité (un ovni). Cette politique publique, à la vérité hyper-consumériste, mériterait pourtant d'être évaluée : En quoi fait-elle reculer le sida ? Pourquoi ne développer qu'un seul discours sur ce sujet si intime ? La Région s'interroge-t-elle sur le porno comme source de comportements violents, notamment à l'égard des femmes ? Les ateliers du Crips commencent dès l'âge de 13 ans…
Bref, tout le monde court dans le sens du vent, et il semble difficile sur ces sujets de voir la moindre différence entre Valérie Pécresse, son prédécesseur socialiste, la gauche ou l'extrême droite…