Écologie
Où les « méga-feux » de l’Amazonie servent de contre-feux
Les gigantesques incendies de forêt qui ravagent actuellement plusieurs zones de l’Amazonie, la plus vaste forêt tropicale de la planète (mais non son « poumon » comme on le répète en boucle au grand dam des spécialistes), sont devenus l’actualité n°1 du G7, avant même son ouverture à Biarritz, ce 24 août. Emmanuel Macron s’est servi de l’inaction du Brésil comme prétexte pour dénoncer l’accord de libre-échange du Mercosur (entre l'Union européenne d’une part et le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay), lequel était de toute façon loin d’être ratifié, contrairement au Ceta (avec le Canada) que les écologistes et les éleveurs reprochent au président français et à sa majorité d’avoir avalisé. La prise de position de Macron n’empêchera sûrement pas le G7 de rester fracturé sur l’écologie, à laquelle on ne voit pas Donald Trump se convertir à Biarritz alors qu’il avait récusé l’accord de Paris quelques heures après l’avoir signé, en 2015. Néanmoins, bien qu’Angela Merkel ait fait connaître son désaccord avec Macron sur son rejet opportuniste du Mercosur, le porte-parole de la chancelière allemande a déclaré que les feux en Amazonie constituent une « situation d'urgence aiguë » qui doit être discutée lors du sommet du G7, ajoutant que «la chancelière soutient complètement le président français » sur ce point. Quant à Trump, il a proposé l’aide des Etats-Unis au président brésilien Jair Bolsonaro pour combattre ces « méga-feux » après que ce dernier, soumis à la pression internationale, a finalement mobilisé l’armée pour les contenir.
Dans cette affaire, Bolsonaro, « méchant de droite » idéal, sert de bouc émissaire : « Il suit en réalité la même politique d’exploitation de l’Amazonie que la plupart de ses prédécesseurs », remarque dans un entretien au Nouvel Obs la géographe Martine Droulers, chercheuse émérite au CNRS (en lien ci-dessous). La situation était même bien pire il y a 20 ans, alors que commençait l’exploitation agricole de l’Amazonie, sans aucune législation protectrice de l’environnement. Aujourd’hui, près de la moitié de la forêt amazonienne est placée sous un statut de protection nationale efficace en raison des pénalités dissuasives qu’encourent les contrevenants et de la vigilance d’ONG appuyées par l’opinion publique tant brésilienne qu’internationale. En outre, ajoute-t-elle, beaucoup des incendies actuels « sont des opérations de nettoyage de zones déjà déboisées. » Enfin, face à la redoutable récession qu’il connaît depuis cinq ans, peut-on interdire au Brésil d’exploiter les ressources de l’Amazonie pour produire sucre, soja et viande, construire des routes, des barrages hydroélectriques et ouvrir des mines ?
Toutefois le nouvel essor d’une agriculture industrielle extensive ressemble à une fuite en avant, en total décalage avec les aspirations à une agriculture maîtrisée, saine, respectueuse de la nature, et à une concurrence loyale avec des agriculteurs français ou européens soumis à des règles sanitaires et écologiques de plus en plus restrictives. En s’imposant au menu du G7, les « méga-feux » tombent donc à un bon moment pour contrecarrer les appétits de l’agrobusiness et les ardeurs productivistes du nouveau président brésilien.
Dans cette affaire, Bolsonaro, « méchant de droite » idéal, sert de bouc émissaire : « Il suit en réalité la même politique d’exploitation de l’Amazonie que la plupart de ses prédécesseurs », remarque dans un entretien au Nouvel Obs la géographe Martine Droulers, chercheuse émérite au CNRS (en lien ci-dessous). La situation était même bien pire il y a 20 ans, alors que commençait l’exploitation agricole de l’Amazonie, sans aucune législation protectrice de l’environnement. Aujourd’hui, près de la moitié de la forêt amazonienne est placée sous un statut de protection nationale efficace en raison des pénalités dissuasives qu’encourent les contrevenants et de la vigilance d’ONG appuyées par l’opinion publique tant brésilienne qu’internationale. En outre, ajoute-t-elle, beaucoup des incendies actuels « sont des opérations de nettoyage de zones déjà déboisées. » Enfin, face à la redoutable récession qu’il connaît depuis cinq ans, peut-on interdire au Brésil d’exploiter les ressources de l’Amazonie pour produire sucre, soja et viande, construire des routes, des barrages hydroélectriques et ouvrir des mines ?
Toutefois le nouvel essor d’une agriculture industrielle extensive ressemble à une fuite en avant, en total décalage avec les aspirations à une agriculture maîtrisée, saine, respectueuse de la nature, et à une concurrence loyale avec des agriculteurs français ou européens soumis à des règles sanitaires et écologiques de plus en plus restrictives. En s’imposant au menu du G7, les « méga-feux » tombent donc à un bon moment pour contrecarrer les appétits de l’agrobusiness et les ardeurs productivistes du nouveau président brésilien.