
Où les « méga-feux » de l’Amazonie servent de contre-feux
Dans cette affaire, Bolsonaro, « méchant de droite » idéal, sert de bouc émissaire : « Il suit en réalité la même politique d’exploitation de l’Amazonie que la plupart de ses prédécesseurs », remarque dans un entretien au Nouvel Obs la géographe Martine Droulers, chercheuse émérite au CNRS (en lien ci-dessous). La situation était même bien pire il y a 20 ans, alors que commençait l’exploitation agricole de l’Amazonie, sans aucune législation protectrice de l’environnement. Aujourd’hui, près de la moitié de la forêt amazonienne est placée sous un statut de protection nationale efficace en raison des pénalités dissuasives qu’encourent les contrevenants et de la vigilance d’ONG appuyées par l’opinion publique tant brésilienne qu’internationale. En outre, ajoute-t-elle, beaucoup des incendies actuels « sont des opérations de nettoyage de zones déjà déboisées. » Enfin, face à la redoutable récession qu’il connaît depuis cinq ans, peut-on interdire au Brésil d’exploiter les ressources de l’Amazonie pour produire sucre, soja et viande, construire des routes, des barrages hydroélectriques et ouvrir des mines ?
Toutefois le nouvel essor d’une agriculture industrielle extensive ressemble à une fuite en avant, en total décalage avec les aspirations à une agriculture maîtrisée, saine, respectueuse de la nature, et à une concurrence loyale avec des agriculteurs français ou européens soumis à des règles sanitaires et écologiques de plus en plus restrictives. En s’imposant au menu du G7, les « méga-feux » tombent donc à un bon moment pour contrecarrer les appétits de l’agrobusiness et les ardeurs productivistes du nouveau président brésilien.