International
Ottawa : et maintenant ?
Avec l’intervention de la police d’Ottawa le week-end dernier pour mettre fin au Convoi de la Liberté, suite à l’invocation par Justin Trudeau de la Loi sur les mesures d’urgence, les routiers sont partis de la capitale canadienne après 3 semaines de manifestations contre les obligations vaccinales. La suite a été assez confuse : la Loi sur les mesures d'urgences, qui permet l'interdiction des rassemblements et le gel des comptes bancaires sans passer par les cours de justice, a d'abord été maintenue lundi par le parlement lors d'une vote houleuse, puis retirée mercredi par Trudeau lui-même, dont la gestion de la crise a été vivement critiquée. Le premier ministre de l’État d’Alberta, Jason Kenney, a notamment dit que son recours à une loi aussi draconienne « violait la justice naturelle » et « créait un dangereux précédent », tandis que l’ancien premier ministre de Terre-Neuve Brian Peckford parlait de « tuer une mouche avec une massue ». L’action policière contre les manifestants et leurs sympathisants est par contre loin d’être terminée, le chef intérimaire de la police d’Ottawa Steve Bell promettant une enquête qui « va se poursuivre pendant des mois », avec « des sanctions financières et des accusations criminelles ».
La situation au Nord a également chauffé les esprits aux États-Unis, où plusieurs actions calquées sur celles des routiers canadiens s’organisent, dont le Freedom Convoy USA 2022, soutenu à l’heure actuelle par 38 000 personnes, mené par Kyle Sefcik (candidat indépendant au poste du gouverneur de l’État de Maryland), ou un « People’s Convoy », déjà parti le 23 février, auquel participent entre autres les médecins du Frontline Critical Covid Care Alliance de Pierre Kory, un des principaux partisans des traitements précoces contre le covid-19.
Les réactions aux USA face aux mesures de Trudeau ont été très polarisées : au premier regard, on pourrait penser à un clivage entre républicains et démocrates, mais vu en détail, la situation paraît plus complexe. Selon un sondage du groupe Trafalgar, les électeurs démocrates approuvent en effet (65,7%) l’action du gouvernement canadien, tandis que les républicains y sont massivement opposés (87,3%). Par contre, il est frappant de constater non seulement la forte désapprobation (74,4%) des participants non-alignés, faisant pencher la balance générale, mais aussi le fait que ces derniers forment 25,1% de l’échantillon du sondage. L’idée qu’un quart de l’électorat américain ne s’identifie pas (ou plus) aux formations politiques classiques semble cohérente avec des données publiées par The Wrap sur les commentateurs politiques favoris des Américains, données qui suggèrent que la frontière traditionnelle entre progressistes et conservateurs serait en train de devenir plus perméable. Il paraîtrait par exemple que les jeunes électeurs démocrates préfèrent écouter l’éditorialiste conservateur Tucker Carlson (FoxNews), très hostile envers Trudeau ainsi que la politique vaccinale américaine, plutôt que ses paires sur CNN ou MSNBC, pourtant plus proches du camp de Biden.
Quant aux réactions aux événements canadiens exprimées par des figures marquantes de la vie publique aux USA, on peut déceler le même phénomène du replacement du clivage progressistes/conservateurs par une fracture croissante entre étatistes et libertariens. Il est vrai que des républicains n’ont pas tardé à fustiger les mesures de Trudeau, dont Rand Paul, Ron Johnson, le gouverneur de la Floride Ron de Santis ou Yvette Herrell au Nouveau-Mexique (qui a même proposé d’offrir l’asile politique aux routiers canadiens). Cependant, leurs mises en garde par rapport à l’érosion des libertés civiles ont aussi été partagées par des personnalités historiquement démocrates, dont la célèbre féministe Naomi Wolf ou Marianne Williamson, ancienne candidate à la nomination présidentielle du parti. On pourrait aussi citer parmi les démocrates désabusés l’inventeur de la technologie ARN Robert Malone ou l’entrepreneur scientifique Steve Kirsch, choqués notamment par ce qu’ils perçoivent comme l’intimidation par les autorités canadiennes de l’épidémiologiste Paul Alexander (ancien conseiller de l’administration américaine sous Donald Trump concernant la pandémie) en raison de son soutien ouvert des routiers canadiens.
Il semble clair que deux récits contradictoires des événements d’Ottawa circulent actuellement en Amérique du Nord et ailleurs. Selon le premier, le Convoi aurait été une action à caractère insurrectionniste, organisée par l’extrême droite et des groupuscules complotistes tels que QAnon. Selon le second, il s’agit d’une protestation de la classe ouvrière contre des mesures coercitives d’un gouvernement activement engagé dans la suppression de toute dissidence. Pour certains, Justin Trudeau a pris les mesures nécessaires pour sauver la démocratie ; pour d’autres, son comportement a révélé son allégeance non pas au peuple canadien, mais au World Economic Forum, la moitié de son cabinet ayant été des Young Global Leaders du WEF, comme l’a noté avec fierté Klaus Schwab en 2017.
La situation au Nord a également chauffé les esprits aux États-Unis, où plusieurs actions calquées sur celles des routiers canadiens s’organisent, dont le Freedom Convoy USA 2022, soutenu à l’heure actuelle par 38 000 personnes, mené par Kyle Sefcik (candidat indépendant au poste du gouverneur de l’État de Maryland), ou un « People’s Convoy », déjà parti le 23 février, auquel participent entre autres les médecins du Frontline Critical Covid Care Alliance de Pierre Kory, un des principaux partisans des traitements précoces contre le covid-19.
Les réactions aux USA face aux mesures de Trudeau ont été très polarisées : au premier regard, on pourrait penser à un clivage entre républicains et démocrates, mais vu en détail, la situation paraît plus complexe. Selon un sondage du groupe Trafalgar, les électeurs démocrates approuvent en effet (65,7%) l’action du gouvernement canadien, tandis que les républicains y sont massivement opposés (87,3%). Par contre, il est frappant de constater non seulement la forte désapprobation (74,4%) des participants non-alignés, faisant pencher la balance générale, mais aussi le fait que ces derniers forment 25,1% de l’échantillon du sondage. L’idée qu’un quart de l’électorat américain ne s’identifie pas (ou plus) aux formations politiques classiques semble cohérente avec des données publiées par The Wrap sur les commentateurs politiques favoris des Américains, données qui suggèrent que la frontière traditionnelle entre progressistes et conservateurs serait en train de devenir plus perméable. Il paraîtrait par exemple que les jeunes électeurs démocrates préfèrent écouter l’éditorialiste conservateur Tucker Carlson (FoxNews), très hostile envers Trudeau ainsi que la politique vaccinale américaine, plutôt que ses paires sur CNN ou MSNBC, pourtant plus proches du camp de Biden.
Quant aux réactions aux événements canadiens exprimées par des figures marquantes de la vie publique aux USA, on peut déceler le même phénomène du replacement du clivage progressistes/conservateurs par une fracture croissante entre étatistes et libertariens. Il est vrai que des républicains n’ont pas tardé à fustiger les mesures de Trudeau, dont Rand Paul, Ron Johnson, le gouverneur de la Floride Ron de Santis ou Yvette Herrell au Nouveau-Mexique (qui a même proposé d’offrir l’asile politique aux routiers canadiens). Cependant, leurs mises en garde par rapport à l’érosion des libertés civiles ont aussi été partagées par des personnalités historiquement démocrates, dont la célèbre féministe Naomi Wolf ou Marianne Williamson, ancienne candidate à la nomination présidentielle du parti. On pourrait aussi citer parmi les démocrates désabusés l’inventeur de la technologie ARN Robert Malone ou l’entrepreneur scientifique Steve Kirsch, choqués notamment par ce qu’ils perçoivent comme l’intimidation par les autorités canadiennes de l’épidémiologiste Paul Alexander (ancien conseiller de l’administration américaine sous Donald Trump concernant la pandémie) en raison de son soutien ouvert des routiers canadiens.
Il semble clair que deux récits contradictoires des événements d’Ottawa circulent actuellement en Amérique du Nord et ailleurs. Selon le premier, le Convoi aurait été une action à caractère insurrectionniste, organisée par l’extrême droite et des groupuscules complotistes tels que QAnon. Selon le second, il s’agit d’une protestation de la classe ouvrière contre des mesures coercitives d’un gouvernement activement engagé dans la suppression de toute dissidence. Pour certains, Justin Trudeau a pris les mesures nécessaires pour sauver la démocratie ; pour d’autres, son comportement a révélé son allégeance non pas au peuple canadien, mais au World Economic Forum, la moitié de son cabinet ayant été des Young Global Leaders du WEF, comme l’a noté avec fierté Klaus Schwab en 2017.