Politique

Ils ont crié « Allah akbar ! » place de la République...

Par Philippe Oswald. Synthèse n°2017, Publiée le 24/10/2023 - Photo : Dimitar Dilkoff/AFP. Les manifestants se rassemblent autour du Monument à la République lors d'une manifestation en faveur des Palestiniens sur la place de la République à Paris, le 19 octobre 2023.


C'est un événement qui ne devrait pas passer inaperçu, bien que plus grand-chose n'étonne les Français. Jeudi dernier, 19 octobre, des manifestants ont crié « Allah akbar ! » au cœur de Paris, place de la République, tout près du Bataclan. Le même jour, à Arras, avaient lieu les obsèques du professeur Dominique Bernard, égorgé le 13 octobre dans la cour de son collège et lycée par un ancien élève, un Tchétchène, qui avait crié lui aussi « Allah akbar ! » (cf. LSDJ n°2012).

Les quelque 4000 manifestants de la place de la République s'y étaient rassemblés pour soutenir les Palestiniens à l'appel de l'association Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient (CAPJO) et du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) dont Le Figaro signale qu'il est visé par une enquête pour « apologie du terrorisme » suite à son communiqué en réaction à l'attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre dernier. Outre les « Allah akbar ! », des manifestants ont crié : « Israël assassin ! Macron complice ! », ou encore : « Nous sommes tous des Palestiniens ! » On a même lu sur une pancarte brandie par des militants du NPA : « Gaza = Auschwitz ».

A la demande du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, le préfet avait interdit cette manifestation pro-palestinienne pour prévenir des troubles à l'ordre public, ce qui n'avait nullement dissuadé les manifestants de se rassembler. La manifestation avait commencé quand a été annoncée la décision du Tribunal administratif de Paris de suspendre l'interdiction préfectorale…Du coup, les forces de police qui contenaient la foule se sont retirées… « C'est la première fois sur 65 interdictions de manifestations que la préfecture est désavouée par le tribunal administratif », relève Europe 1 (20 octobre). S'il fallait encore un symbole de l'impuissance du gouvernement à lutter contre l'emprise islamique sur la France, celui-ci mérite de rester dans les annales.

Réagissant à une instruction adressée par le ministre de l'Intérieur aux préfets pour interdire les rassemblements en soutien au peuple palestinien, le Conseil d'État venait de rappeler au gouvernement que les manifestations ne pouvaient être interdites systématiquement, et qu'il revenait aux préfets d'apprécier « au cas par cas » le risque partout en France – en province, certaines ont été interdites, d'autres autorisées. A Lyon, un millier de manifestants rassemblés place des Terreaux, samedi 21 octobre, ont déployé devant l'hôtel de ville une banderole exigeant « la levée du siège criminel de Gaza », tandis que la foule scandait : « Macron complice, Israël assassin ». Là encore, le Tribunal administratif avait annoncé, une heure avant le début de la manifestation, la suspension de l'arrêté d'interdiction de la préfète du Rhône après un recours déposé par le collectif 69 Palestine, organisateur du rassemblement.

A Paris, l'exécutif, échaudé par son fiasco du 19 octobre, a ordonné à la Préfecture de police d'autoriser une nouvelle manifestation de soutien aux Palestiniens place de la République le dimanche suivant, 22 octobre, à l'appel du « Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens » qui agrège une quarantaine d'organisations de gauche (ATTAC, Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples, Collectif des musulmans de France etc.), de partis politiques (LFI, NPA, Parti communiste des ouvriers de France) et d'organisations syndicales (CGT, Union syndicale Solidaires, UNEF, FSU). On a de nouveau entendu place de la République le slogan : « Israël, assassin ! Macron complice ! », et lu des affiches du type : « Gaza = camp de concentration », tandis qu'une organisatrice scandait : « Le problème, ce n'est pas le Hamas ! ». Cette fois, les « Allah akbar ! » avaient été mis en sourdine, mais, comme l'a confié un des 15 000 manifestants au Figaro : « On ne dit pas Allah Akbar, mais on le pense fort ».

A l'instar de la députée de La France Insoumise Danièle Obono, « toute une partie de l'extrême gauche française ne veut pas voir du terrorisme dans les actions du Hamas, mais un groupe armé résistant à une occupation » constate Causeur (23 octobre, en lien ci-dessous).


La sélection
Au cœur des réseaux « anti-impérialistes » français : qui couvre le Hamas ?
Lire l'article sur : Causeur.
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