Le scoutisme est bénéfique pour la société, c'est chiffré !
C'est la première fois qu'une telle enquête paraît : l'objectif, montrer l'impact du scoutisme sur la société. L'étude a été commandée par le RASSO (Association des aînés et anciens Guides et Scouts d'Europe) et a été menée auprès des trois principaux mouvements scouts français : les Guides et Scouts d'Europe, les Scouts et Guides Unitaires de France, ainsi que les Scouts et Guides de France. Ces mouvements scouts d'inspiration catholique reposent sur des valeurs fortes comme l'engagement, la vie en communauté et le don de soi. Le scoutisme vise aussi à responsabiliser les jeunes : les plus grands prennent soin des plus petits, qui, plus tard, deviennent responsables d'autres jeunes. Les activités se déroulent tout au long de l'année scolaire, en moyenne une fois toutes les trois semaines, pendant le week-end. L'année se clôt par un camp d'été en pleine nature, dont la durée varie selon l'âge des participants.
Le résultat de l'étude de l'Ifop fait état de trois constats. D'abord, les anciens scouts sont plus engagés dans la société : 87 % d'entre eux donnent bénévolement de leur temps, contre 33 % de l'ensemble de la population française. Leur contribution financière est trois fois plus élevée que celle du grand public, avec un don annuel moyen de 901 €, bien au-delà des 266 € de la moyenne des Français. Delphine Brosseaud, directrice déléguée du RASSO, explique ce résultat : « Dès 8 ans et jusqu'à la fin des années scouts, on apprend toujours à faire attention aux autres, à se mettre à leur service. » Cette attention aux autres, qui s'exprime à tous les âges, entraîne le jeune dans un cercle vertueux : « On les forme au don de soi, et ça finit par être un automatisme. En plus, ils en retirent de la joie », ajoute-t-elle. D'ailleurs, le salut scout est lui-même pédagogique car il symbolise la protection du plus faible par le plus fort (le pouce positionné sur le petit doigt). Un aspect présent dans l'ADN même du scoutisme car le fondateur, Baden Powell, exhortait ainsi ses jeunes : « Essayez de quitter la terre en la laissant un peu meilleure que vous l'avez trouvée. »
Deuxième constat, les anciens scouts présentent un meilleur bien-être et une santé mentale plus solide que la moyenne : 93 % d'entre eux disent se sentir bien et 33 % d'entre eux se sentent très bien, comparé à 72 % et 10 % pour le reste de la population. Ils montrent aussi une plus grande résilience face à la dépression : 39 % ont traversé des épisodes dépressifs, contre 49 % du grand public. Pour la directrice déléguée du RASSO, ces chiffres sont la conséquence de leur mode de vie : « Comme les anciens scouts sont très engagés, ils ont une vie sociale riche. C'est source d'équilibre et de bien-être. » D'autant que 92 % d'entre eux ont gardé des amis de leur passage chez les guides et scouts, un rempart non négligeable contre la solitude : « Ils se savent soutenus face aux épreuves de la vie », ajoute encore Delphine. Sur le plan physique, les scouts sont sportifs et actifs : 64 % pratiquent un sport régulièrement, contre seulement 38 % pour l'ensemble des Français. Là encore, ce résultat est cohérent avec l'engagement scout : « L'activité sportive est très importante dans la pédagogie scoute. L'un des cinq buts du scoutisme, c'est la santé : un esprit sain dans un corps sain », explique-t-elle. D'ailleurs, ce temps passé dans la nature est du temps en moins passé derrière les écrans. Pour preuve, seuls 43 % des anciens scouts regardent régulièrement la télévision, contre 81 % du grand public, et ils sont moins adeptes des jeux vidéo (11 % contre 30 %).
Troisième constat : le scoutisme est un atout dans la vie professionnelle. Les anciens scouts connaissent moins le chômage que le grand public, avec un taux de 40 % contre 61 %. Des résultats satisfaisants pour ces jeunes qui ont fait l'expérience des responsabilités dès le plus jeune âge. La responsable déléguée du RASSO explique que ces jeunes ont acquis « un sens de la débrouillardise et de l'esprit pratique ». Par exemple, le fait d'éduquer les scouts à dépasser l'inconfort et la difficulté les prépare à affronter la vie professionnelle. Des atouts que les recruteurs semblent apprécier, car 93 % des anciens scouts affirment que leur expérience scoute leur est utile professionnellement, et 73 % estiment que cela a été un atout lors d'entretiens d'embauche. Selon Delphine Brosseaud, les chefs d'entreprises rapportent que les anciens scouts qu'ils recrutent sont des « vecteurs de culture d'entreprise positive et constructive ».
Le scoutisme apparaît peut-être comme le modèle social qui fait défaut à notre société en crise, de plus en plus déconnectée de la nature et du réel. Qui mieux qu'un doyen du scoutisme pour partager son expérience ? En 2023, cet ancien scout de 99 ans confiait au Parisien : « Le scoutisme nous a appris le respect, la maîtrise de soi et l'entraide. C'est une véritable école de caractère, dans la nature et par la nature. » Alors que tout semble nous entraîner vers l'individualisme, il nous invite à sortir de notre zone de confort en favorisant le lien avec les autres et en cultivant le dépassement de soi. Surtout, il nous prouve que bâtir une société est possible, à condition que chacun s'engage au service du bien commun.