Bioéthique
Offensive de rentrée pour la « PMA pour toutes »
« Faut-il mettre fin à l'hypocrisie de la PMA à l'étranger? » demandait candidement RTL dans sa matinale de ce 20 septembre, en annonçant un débat. Qui ne voudrait mettre fin à une « hypocrisie » ? Alors que les auditions ont repris à l’Assemblée nationale dans le cadre de « la mission d’information sur la révision de la loi relative à la bioéthique », l’offensive en faveur de l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes se poursuit devant l’opinion publique. Au cœur de l’été (27 juillet), la ministre de la santé, Agnès Buzyn s’était dite favorable au remboursement de la « PMA pour toutes ». Depuis la rentrée, membres du gouvernement et responsables de LREM se succèdent pour faire passer le message. Lors de la conférence de rentrée de la majorité, Christophe Castaner, délégué général de La République En Marche, a réaffirmé que son mouvement soutenait « l'ouverture de la PMA à toutes les femmes et son remboursement intégral » conformément aux engagements du président de la République. « Nous nous montrerons également favorable à l'ouverture de l'autoconservation des ovocytes », a-t-il ajouté le 16 septembre au grand Jury de RTL. Le 19 septembre, les responsables du Conseil national de l'Ordre des médecins auditionnés par l'Assemblée nationale, ont assuré que l’Ordre ne s’opposerait pas à l’extension de la PMA, afin de « prendre en compte les désirs de la société ».
A l’Assemblée nationale, tout se passe comme si l’affaire était pliée. Il n’y avait qu’une dizaine de députés, le 6 septembre, pour entendre les objections du philosophe Pierre Le Coz, et du biologiste Jacques Testart. Le philosophe a mis en garde les parlementaires sur les conséquences de la « PMA pour toutes » pour les enfants privés de père : « Ces PMA ne susciteraient-elles pas des risques excessifs pour l’équilibre psychique des enfants ? » Leur légalisation ne réintroduirait-elle pas un fort clivage entre les hommes et les femmes ? La « PMA pour toutes » étant plutôt « l’exception que la règle » dans le monde, ne faudrait-il pas faire preuve de prudence ?
C’est aussi un appel au principe de précaution qu’a adressé aux députés le « père » du premier bébé éprouvette, Jacques Testart. Le biologiste a pointé l’eugénisme à l’œuvre à travers l’usage des technologies biologiques dans la procréation humaine. Le don de gamètes, a souligné le Pr. Testart, implique le choix du père biologique par les praticiens. Un véritable tri s’effectue pour « apparier » les donneurs, selon des critères « opaques ». Et de déplorer, en tant que président de l’association Sciences citoyennes, une « offensive organisée des défenseurs d’une science mythifiée ». Pour Jacques Testart, « la question de la bioéthique est celle de la limite » : nous devons ériger « des bornes infranchissables » plutôt que de laisser place à une « permissivité progressive et indéfinie par l’addition de nouvelles exceptions à ce qui était auparavant présenté comme la règle ». Les propos du Pr. Testart sur l’eugénisme ont été confirmés devant la mission d’information parlementaire, ce 20 septembre, par le Pr. Israël Nisand, gynécologue obstétricien au CHU de Strasbourg. Tout en étant, quant à lui, favorable non seulement à l’extension la PMA mais à sa suite logique, la GPA (gestation pour autrui), Israël Nisand a reconnu que la France « fait de l'eugénisme à un point qu'aucun autre pays libéral ne fait ».
Comment, dans ces conditions, protéger la vie et la dignité humaine ? C’est l’interpellation qu’a adressée aux parlementaires Antoine Mellado, président de World Youth Alliance, en fin de séance, ce 20 septembre. « Il me semble que l’on évite de se les poser car la réponse a des conséquences que l’on ne veut pas regarder en face. »
Mais que pèsent ces interventions et les débats parlementaires qui suivront en janvier, si le dernier mot appartient à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) ? Celle-ci intervient dans ces débats bioéthiques en se saisissant de plusieurs affaires introduites contre la France par des artisans de la GPA et des victimes de la PMA-anonyme. Juridiquement, toutes ces affaires ramènent à cette question essentielle, souligne Grégor Puppinck, directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), dans cette tribune au Figaro : « Mentir aux enfants sur leur propre identité est-il un droit des adultes?» Une question fondamentale d’éthique dont il est à craindre qu’elle soit livrée au pouvoir des juges internationaux, majoritairement acquis aux idées libérales libertaires : « Ce sont eux à présent, bien plus que les peuples, qui ont le dernier mot en la matière. »
A l’Assemblée nationale, tout se passe comme si l’affaire était pliée. Il n’y avait qu’une dizaine de députés, le 6 septembre, pour entendre les objections du philosophe Pierre Le Coz, et du biologiste Jacques Testart. Le philosophe a mis en garde les parlementaires sur les conséquences de la « PMA pour toutes » pour les enfants privés de père : « Ces PMA ne susciteraient-elles pas des risques excessifs pour l’équilibre psychique des enfants ? » Leur légalisation ne réintroduirait-elle pas un fort clivage entre les hommes et les femmes ? La « PMA pour toutes » étant plutôt « l’exception que la règle » dans le monde, ne faudrait-il pas faire preuve de prudence ?
C’est aussi un appel au principe de précaution qu’a adressé aux députés le « père » du premier bébé éprouvette, Jacques Testart. Le biologiste a pointé l’eugénisme à l’œuvre à travers l’usage des technologies biologiques dans la procréation humaine. Le don de gamètes, a souligné le Pr. Testart, implique le choix du père biologique par les praticiens. Un véritable tri s’effectue pour « apparier » les donneurs, selon des critères « opaques ». Et de déplorer, en tant que président de l’association Sciences citoyennes, une « offensive organisée des défenseurs d’une science mythifiée ». Pour Jacques Testart, « la question de la bioéthique est celle de la limite » : nous devons ériger « des bornes infranchissables » plutôt que de laisser place à une « permissivité progressive et indéfinie par l’addition de nouvelles exceptions à ce qui était auparavant présenté comme la règle ». Les propos du Pr. Testart sur l’eugénisme ont été confirmés devant la mission d’information parlementaire, ce 20 septembre, par le Pr. Israël Nisand, gynécologue obstétricien au CHU de Strasbourg. Tout en étant, quant à lui, favorable non seulement à l’extension la PMA mais à sa suite logique, la GPA (gestation pour autrui), Israël Nisand a reconnu que la France « fait de l'eugénisme à un point qu'aucun autre pays libéral ne fait ».
Comment, dans ces conditions, protéger la vie et la dignité humaine ? C’est l’interpellation qu’a adressée aux parlementaires Antoine Mellado, président de World Youth Alliance, en fin de séance, ce 20 septembre. « Il me semble que l’on évite de se les poser car la réponse a des conséquences que l’on ne veut pas regarder en face. »
Mais que pèsent ces interventions et les débats parlementaires qui suivront en janvier, si le dernier mot appartient à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) ? Celle-ci intervient dans ces débats bioéthiques en se saisissant de plusieurs affaires introduites contre la France par des artisans de la GPA et des victimes de la PMA-anonyme. Juridiquement, toutes ces affaires ramènent à cette question essentielle, souligne Grégor Puppinck, directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), dans cette tribune au Figaro : « Mentir aux enfants sur leur propre identité est-il un droit des adultes?» Une question fondamentale d’éthique dont il est à craindre qu’elle soit livrée au pouvoir des juges internationaux, majoritairement acquis aux idées libérales libertaires : « Ce sont eux à présent, bien plus que les peuples, qui ont le dernier mot en la matière. »
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Le Figaro