
Offensive de rentrée pour la « PMA pour toutes »
A l’Assemblée nationale, tout se passe comme si l’affaire était pliée. Il n’y avait qu’une dizaine de députés, le 6 septembre, pour entendre les objections du philosophe Pierre Le Coz, et du biologiste Jacques Testart. Le philosophe a mis en garde les parlementaires sur les conséquences de la « PMA pour toutes » pour les enfants privés de père : « Ces PMA ne susciteraient-elles pas des risques excessifs pour l’équilibre psychique des enfants ? » Leur légalisation ne réintroduirait-elle pas un fort clivage entre les hommes et les femmes ? La « PMA pour toutes » étant plutôt « l’exception que la règle » dans le monde, ne faudrait-il pas faire preuve de prudence ?
C’est aussi un appel au principe de précaution qu’a adressé aux députés le « père » du premier bébé éprouvette, Jacques Testart. Le biologiste a pointé l’eugénisme à l’œuvre à travers l’usage des technologies biologiques dans la procréation humaine. Le don de gamètes, a souligné le Pr. Testart, implique le choix du père biologique par les praticiens. Un véritable tri s’effectue pour « apparier » les donneurs, selon des critères « opaques ». Et de déplorer, en tant que président de l’association Sciences citoyennes, une « offensive organisée des défenseurs d’une science mythifiée ». Pour Jacques Testart, « la question de la bioéthique est celle de la limite » : nous devons ériger « des bornes infranchissables » plutôt que de laisser place à une « permissivité progressive et indéfinie par l’addition de nouvelles exceptions à ce qui était auparavant présenté comme la règle ». Les propos du Pr. Testart sur l’eugénisme ont été confirmés devant la mission d’information parlementaire, ce 20 septembre, par le Pr. Israël Nisand, gynécologue obstétricien au CHU de Strasbourg. Tout en étant, quant à lui, favorable non seulement à l’extension la PMA mais à sa suite logique, la GPA (gestation pour autrui), Israël Nisand a reconnu que la France « fait de l'eugénisme à un point qu'aucun autre pays libéral ne fait ».
Comment, dans ces conditions, protéger la vie et la dignité humaine ? C’est l’interpellation qu’a adressée aux parlementaires Antoine Mellado, président de World Youth Alliance, en fin de séance, ce 20 septembre. « Il me semble que l’on évite de se les poser car la réponse a des conséquences que l’on ne veut pas regarder en face. »
Mais que pèsent ces interventions et les débats parlementaires qui suivront en janvier, si le dernier mot appartient à la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) ? Celle-ci intervient dans ces débats bioéthiques en se saisissant de plusieurs affaires introduites contre la France par des artisans de la GPA et des victimes de la PMA-anonyme. Juridiquement, toutes ces affaires ramènent à cette question essentielle, souligne Grégor Puppinck, directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), dans cette tribune au Figaro : « Mentir aux enfants sur leur propre identité est-il un droit des adultes?» Une question fondamentale d’éthique dont il est à craindre qu’elle soit livrée au pouvoir des juges internationaux, majoritairement acquis aux idées libérales libertaires : « Ce sont eux à présent, bien plus que les peuples, qui ont le dernier mot en la matière. »
