Nutella contre Zemmour : quand les annonceurs font la police de la pensée
Société

Nutella contre Zemmour : quand les annonceurs font la police de la pensée

Par Philippe Oswald. Synthèse n°777, Publiée le 10/10/2019
Éric Zemmour va-t-il contribuer involontairement à lutter contre la déforestation ? La célèbre pâte à tartiner Nutella est en effet l’un des produits mis à l’index par des associations de défense de l’environnement, telle Greenpeace, pour sa composition en huile de palme dont la production massive est la première cause de déforestation, notamment en Indonésie. Quel rapport avec Zemmour ? Eh bien Zemmour est lui aussi mis à l’index, mais par le groupe Ferrero, propriétaire de Nutella, de concert avec d’autres groupes (MAIF, Groupama, Monabanq…) : toutes ces enseignes ont proclamé qu’elles priveraient de leurs annonces publicitaires les chaînes ou du moins les émissions auxquelles collabore l’éditorialiste. En cause, le discours d’Éric Zemmour comparant le totalitarisme islamique au nazisme lors de la « Convention de la Droite », le 28 septembre 2019, propos qui ont conduit le parquet de Paris à ouvrir une enquête pour « injures publiques » et « provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence ». C’est d’abord l'émission hebdomadaire de Paris Première, « Zemmour et Naulleau », qui en fera les frais, bien que Naulleau y donne la réplique, souvent contradictoire, à Zemmour.

L’initiative de ce qu’il faut bien appeler une censure ne vient pas de ces groupes industriels, avant tout intéressés par leur business, mais du groupe de pression Sleeping Giants, un collectif qui s’est donné pour mission de « lutter contre le financement du discours de haine ». Contre Zemmour, ce lobby a ratissé large, en interpellant après Ferrero, les marques Lipton, la MAIF, le Club Med, Groupama, Amazon, Mazda ou encore Monabanq , annonceurs sur Paris Première et sur la chaîne info CNEWS (laquelle, après avoir proposé à Zemmour d’animer un débat quotidien, a fait savoir qu'elle « se donnait du temps » en reportant la signature du contrat avec le polémiste). Ne voulant pas être en reste, le « Mouvement », un autre collectif militant « anti-raciste, féministe, écologiste et social » s’est joint à la curée.

Quels que soient les propos de Zemmour, encore faut-il pouvoir les entendre pour en juger ! Comment le faire, si on lui coupe le micro ? En France, le gouvernement n’a déjà que trop tendance à exercer la police de la pensée. Or voici que, depuis quelques mois, débarquent chez nous des collectifs anglo-saxons - Sleeping Giants, Ripost ou encore Stop Hate Money- à l’affût sur internet pour traquer la pensée déviante et pratiquer leur « cyber justice » en asséchant financièrement les sites et médias qu'ils accusent de véhiculer des discours de haine. Comment résister à cette nouvelle forme de mise sous tutelle de l’opinion publique ? Si des firmes, qui ont pourtant les reins solides, plient l’échine devant ces nouveaux suppôts de Big Brother, aidons-les à retrouver leur liberté. Par exemple, faisons un geste pour la planète et pour la santé en nous passant de Nutella (56% de sucre et 15% d’huile de palme) !
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