Culture
Notre-Dame, un an après : l'infini confiné
Après l’embrasement, le confinement. Qui eût imaginé, un an après l’incendie du lundi saint (15 avril 2019), que la cathédrale Notre-Dame trônerait aujourd’hui au cœur d’une ville fantôme ? Comme si l’une et l’autre se répondaient en silence. Depuis que « nous sommes en guerre », la dame de pierre se retrouve seule, abandonnée par ses ouvriers. Le journaliste Didier Rykner eut le privilège de pénétrer dans le monument juste avant que le chantier fût interrompu. Disons-le tout de suite : nul ne sait quand celui-ci pourra reprendre. Si le confinement dure au moins jusqu’à la fin du mois, ce serait au plus tôt courant mai, « ce qui amènerait jusqu’au mois de septembre pour que l’échafaudage en partie fondu soit, une fois pour toutes, enlevé », estime le directeur de la rédaction de La Tribune de l’Art.
Ce point est capital. La phase de consolidation ne sera pas terminée tant que l’on n’aura pas délivré la cathédrale de ce chapeau métallique. Celui-ci constitue la principale menace qui pèse sur l’édifice. Le verbe « peser » est mal choisi car l’échafaudage est autoportant. Mais s’il ne repose pas sur la voûte, le molosse de métal dégradé peut toujours s’écrouler dessus… Un peu comme le sarcophage de Tchernobyl (toutes choses égales par ailleurs…), les efforts déployés jusqu’à présent ont surtout visé à le contenir en le cerclant. Lui aussi a finalement été confiné. Quand l’échafaudage sera démonté, les diagnostics pourront commencer ainsi que les travaux qui, par un système de rappels, iront de haut en bas. Avant le confinement, les ouvriers en étaient à enlever les débris qui se sont accumulés au faîte de l’édifice. Toutes les pièces sont conservées et classées dans les barnums installés sur le parvis. Celles-ci recèlent d’informations utiles sur la construction du toit.
Le reportage de Didier Rykner vaut également par les photos qu’il a prises. Les plus impressionnantes nous font lever les yeux. Il y a trois trous dans la voûte. Celui de la croisée du transept, avec la vue sur l’échafaudage, donne l’impression qu’on a posé le centre Beaubourg sur le dos de la belle dame. Quant aux filets suspendus dans la nef, ils font penser à un immense linceul de tristesse. Leurs mailles serrées abaissent le plafond sans parvenir à voiler la béance du sommet.
Il y a deux bonnes nouvelles depuis un an. La première vient des capteurs placés en altitude. Ceux-ci montrent que rien n’a bougé malgré le vent qui a soufflé très fort, notamment en février. La seconde concerne les hauts murs soutenant la voûte. La chaleur risquait d’en avoir fragilisé l’efficacité « musculaire ». Il semble qu’il n’y ait pas d’inquiétude à leur sujet, et que seules quelques pierres devront être changées. Évidemment, tout cela doit encore être confirmé par les diagnostics. Quant au pilier en partie calciné situé avant le transept, il a bien été consolidé par de grands étais.
Autre bonne nouvelle : même si on le savait déjà, les magnifiques stalles du chœur sont intactes, tout comme sont toujours présentes les œuvres des chapelles latérales comme le tableau du Magnificat de Jean Jouvenet ou le Mausolée du comte d’Harcourt de Jean-Baptiste Pigalle. La Vierge du Pilier a élu domicile à Saint-Germain-l’Auxerrois qui fait office de cathédrale de Paris. « Vu du déambulatoire, on dirait qu’il ne s’est rien passé », se réjouit Didier Rykner. Le diocèse de Paris réfléchit à un nouveau parcours du visiteur – qui permette de mieux apprécier ces trésors.
Quant à la flèche de Viollet-le-Duc, objet de controverse (LSDJ n°636 & 807), aucune communication n’est faite à ce sujet. Le général Jean-Louis Georgelin, à la tête de l’établissement public, prendra une décision le moment venu. Néanmoins, après les grèves, les Gilets jaunes et les polémiques sur la gestion de crise du Covid-19, Didier Rykner voit mal l’exécutif « ouvrir un nouveau front qui diviserait les Français ». D’autant que la volonté des donateurs, ainsi que les classements internationaux, invitent à modérer toute ardeur créatrice.
Enfin, la Bonne Nouvelle : en ce lundi saint, des jeunes du diocèse de Paris et du pèlerinage M de Marie ont organisé une prière en ligne « afin de confier à Saint Joseph la restauration de Notre-Dame et, à travers elle, celle de l'Église toute entière » ([en ligne] : https://www.youtube.com/watch?v=O4x9q25QaRQ). Le 12 juillet, une marche prévue sur l’itinéraire du M de Marie doit rallier le sanctuaire de la rue du bac au parvis de la cathédrale. La couronne de la Vierge aura-t-elle raison du coronamalus ?
Ce point est capital. La phase de consolidation ne sera pas terminée tant que l’on n’aura pas délivré la cathédrale de ce chapeau métallique. Celui-ci constitue la principale menace qui pèse sur l’édifice. Le verbe « peser » est mal choisi car l’échafaudage est autoportant. Mais s’il ne repose pas sur la voûte, le molosse de métal dégradé peut toujours s’écrouler dessus… Un peu comme le sarcophage de Tchernobyl (toutes choses égales par ailleurs…), les efforts déployés jusqu’à présent ont surtout visé à le contenir en le cerclant. Lui aussi a finalement été confiné. Quand l’échafaudage sera démonté, les diagnostics pourront commencer ainsi que les travaux qui, par un système de rappels, iront de haut en bas. Avant le confinement, les ouvriers en étaient à enlever les débris qui se sont accumulés au faîte de l’édifice. Toutes les pièces sont conservées et classées dans les barnums installés sur le parvis. Celles-ci recèlent d’informations utiles sur la construction du toit.
Le reportage de Didier Rykner vaut également par les photos qu’il a prises. Les plus impressionnantes nous font lever les yeux. Il y a trois trous dans la voûte. Celui de la croisée du transept, avec la vue sur l’échafaudage, donne l’impression qu’on a posé le centre Beaubourg sur le dos de la belle dame. Quant aux filets suspendus dans la nef, ils font penser à un immense linceul de tristesse. Leurs mailles serrées abaissent le plafond sans parvenir à voiler la béance du sommet.
Il y a deux bonnes nouvelles depuis un an. La première vient des capteurs placés en altitude. Ceux-ci montrent que rien n’a bougé malgré le vent qui a soufflé très fort, notamment en février. La seconde concerne les hauts murs soutenant la voûte. La chaleur risquait d’en avoir fragilisé l’efficacité « musculaire ». Il semble qu’il n’y ait pas d’inquiétude à leur sujet, et que seules quelques pierres devront être changées. Évidemment, tout cela doit encore être confirmé par les diagnostics. Quant au pilier en partie calciné situé avant le transept, il a bien été consolidé par de grands étais.
Autre bonne nouvelle : même si on le savait déjà, les magnifiques stalles du chœur sont intactes, tout comme sont toujours présentes les œuvres des chapelles latérales comme le tableau du Magnificat de Jean Jouvenet ou le Mausolée du comte d’Harcourt de Jean-Baptiste Pigalle. La Vierge du Pilier a élu domicile à Saint-Germain-l’Auxerrois qui fait office de cathédrale de Paris. « Vu du déambulatoire, on dirait qu’il ne s’est rien passé », se réjouit Didier Rykner. Le diocèse de Paris réfléchit à un nouveau parcours du visiteur – qui permette de mieux apprécier ces trésors.
Quant à la flèche de Viollet-le-Duc, objet de controverse (LSDJ n°636 & 807), aucune communication n’est faite à ce sujet. Le général Jean-Louis Georgelin, à la tête de l’établissement public, prendra une décision le moment venu. Néanmoins, après les grèves, les Gilets jaunes et les polémiques sur la gestion de crise du Covid-19, Didier Rykner voit mal l’exécutif « ouvrir un nouveau front qui diviserait les Français ». D’autant que la volonté des donateurs, ainsi que les classements internationaux, invitent à modérer toute ardeur créatrice.
Enfin, la Bonne Nouvelle : en ce lundi saint, des jeunes du diocèse de Paris et du pèlerinage M de Marie ont organisé une prière en ligne « afin de confier à Saint Joseph la restauration de Notre-Dame et, à travers elle, celle de l'Église toute entière » ([en ligne] : https://www.youtube.com/watch?v=O4x9q25QaRQ). Le 12 juillet, une marche prévue sur l’itinéraire du M de Marie doit rallier le sanctuaire de la rue du bac au parvis de la cathédrale. La couronne de la Vierge aura-t-elle raison du coronamalus ?
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