International
Neither free nor fair ?
Joe Biden sera probablement le 46e président des États-Unis. Le candidat démocrate devance son rival de plus de 5 millions voix et une majorité de grands électeurs lui est acquise. Les media relaient ce fait accompli. La Chine lui adressait ce matin ses félicitations, après le Vatican hier. Néanmoins, comme Donald Trump ne reconnaît pas sa défaite, on a toujours le sentiment que l’issue du scrutin n’est pas jouée. De fait, le candidat républicain exerce un droit légitime que nul ne lui conteste : vérifier des résultats dans une élection où les deux prétendants se retrouvent au coude-à-coude dans quelques États cruciaux.
Jusqu'à présent, l’agence chargée du transfert du pouvoir bloque la transition. Il s'agit des services généraux (General Services Administration, GSA). Sa directrice Emily Murphy était inconnue du grand public. La voici en première ligne. Le rôle de cette femme avocat « est primordial dans le passage de témoin qui doit avoir lieu entre le président sortant et le futur locataire de la Maison-Blanche », relève L’Express. Or Emily Murphy juge qu’elle ne peut pas signer la lettre certifiant la victoire de Joe Biden. Il n’y a donc pas encore de vainqueur. L’équipe démocrate n’a pas accès aux cash and keys. Les informations classées et les contacts dans les différents ministères lui sont interdits. Ce refus est une rupture inédite dans les usages de la politique américaine. Mais un fonctionnaire peut-il bloquer la première puissance du monde ? Dans une lettre dévoilée par Politico, 150 ex-hauts responsables US pointent « un risque grave pour la sécurité nationale ». Parmi les signataires figurent l'ancien chef du Pentagone Chuck Hagel (républicain) ou Michael Hayden, ex-patron de l'Agence nationale de sécurité (NSA) puis de la CIA sous des présidents démocrates et républicains.
Obstacle réel ou de pure forme ? Rendez-vous le 14 décembre. C’est la date-butoir : les grands électeurs de chaque État, réunis en Collège électoral, voteront formellement pour l'un ou l'autre des candidats. Ce vote sera en principe dicté par la majorité du vote populaire obtenue dans chaque État. Après cette date, aucune contestation ne sera plus possible. Constitutionnellement, Joe Biden sera alors président.
La situation est sans précédent : en 2000, le contentieux Bush/Gore était limité à la Floride et ne portait que sur le décompte. Aujourd’hui, le conflit inclut le processus électoral et plusieurs États sont litigieux. Sont ou seraient ? La charge de la preuve revient au plaignant. Hier, Donald Trump relayait sur Twitter que le système électoral, appelé Dominion, aurait « effacé » 2,7 millions de votes en sa faveur à travers le pays pour en réattribuer des centaines de milliers à son rival en Pennsylvanie et dans d'autres États. Mais plusieurs autorités électorales locales et nationales rejetèrent cette accusation. Dans un communiqué commun, elles affirmèrent que « l'élection du 3 novembre a été la plus sûre de l'histoire des États-Unis ». Chris Krebs dirige l'agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (CISA) qui dépend du ministère de la Sécurité intérieure. À ses yeux, « il n'existe aucune preuve d'un système de vote ayant effacé, perdu ou changé des bulletins, ou ayant été piraté de quelque façon que ce soit ».
Au bout du compte, on a deux agences qui ne disent pas la même chose. Si l’élection est nickel, pourquoi le passage de relais tarde-t-il ? Bien sûr, le blocage d’Emily Murphy ne signifie pas qu’il y a fraude. Il dit simplement que, compte tenu de la contestation, la transition ne peut pas s’opérer dans les conditions habituelles.
Pour l'instant, le comptage se poursuit dans quelques États-clé, dont la Pennsylvanie, et un recomptage manuel vient d'être annoncé en Géorgie. Mais chaque État a une date limite pour valider ses résultats : la Géorgie a jusqu'au 20 novembre, la Pennsylvanie jusqu'au 23, l'Arizona jusqu'au 30. Qui vivra verra.
Sur son blog, le journaliste franco-américain Gérald Olivier (qui vote en Californie) offre une recension équilibrée : « Dans le meilleur des cas, écrit-il, Biden peut obtenir 306 voix au Collège électoral. Mais sans la Pennsylvanie, le Michigan, et la Géorgie, il retombe à 252 voix, en deçà de la barre des 270. De son côté, ajoute-t-il, Donald Trump totalise 214 voix. Avec la Caroline du Nord et l’Alaska, il en aura 232. Il lui en manquera 38 pour parvenir à 270. Il faut donc qu’il parvienne à inverser le résultat dans au moins trois États ou des recours ont été déposés. C’est une gageure sans précédent, qui a peu de chance d’être couronnée de succès, sauf si les cours de justice venaient à invalider les résultats de certains contés au sein de ces États. »
Ce que pourrait au mieux espérer Donald Trump, ce serait qu’aucun des deux candidats n’aient la majorité des grands électeurs. Il reviendrait à la Chambre des représentants d’élire le président. Chaque État y dispose d’une seule voix et il y a 26 gouverneurs républicains sur 50.
Jusqu'à présent, l’agence chargée du transfert du pouvoir bloque la transition. Il s'agit des services généraux (General Services Administration, GSA). Sa directrice Emily Murphy était inconnue du grand public. La voici en première ligne. Le rôle de cette femme avocat « est primordial dans le passage de témoin qui doit avoir lieu entre le président sortant et le futur locataire de la Maison-Blanche », relève L’Express. Or Emily Murphy juge qu’elle ne peut pas signer la lettre certifiant la victoire de Joe Biden. Il n’y a donc pas encore de vainqueur. L’équipe démocrate n’a pas accès aux cash and keys. Les informations classées et les contacts dans les différents ministères lui sont interdits. Ce refus est une rupture inédite dans les usages de la politique américaine. Mais un fonctionnaire peut-il bloquer la première puissance du monde ? Dans une lettre dévoilée par Politico, 150 ex-hauts responsables US pointent « un risque grave pour la sécurité nationale ». Parmi les signataires figurent l'ancien chef du Pentagone Chuck Hagel (républicain) ou Michael Hayden, ex-patron de l'Agence nationale de sécurité (NSA) puis de la CIA sous des présidents démocrates et républicains.
Obstacle réel ou de pure forme ? Rendez-vous le 14 décembre. C’est la date-butoir : les grands électeurs de chaque État, réunis en Collège électoral, voteront formellement pour l'un ou l'autre des candidats. Ce vote sera en principe dicté par la majorité du vote populaire obtenue dans chaque État. Après cette date, aucune contestation ne sera plus possible. Constitutionnellement, Joe Biden sera alors président.
La situation est sans précédent : en 2000, le contentieux Bush/Gore était limité à la Floride et ne portait que sur le décompte. Aujourd’hui, le conflit inclut le processus électoral et plusieurs États sont litigieux. Sont ou seraient ? La charge de la preuve revient au plaignant. Hier, Donald Trump relayait sur Twitter que le système électoral, appelé Dominion, aurait « effacé » 2,7 millions de votes en sa faveur à travers le pays pour en réattribuer des centaines de milliers à son rival en Pennsylvanie et dans d'autres États. Mais plusieurs autorités électorales locales et nationales rejetèrent cette accusation. Dans un communiqué commun, elles affirmèrent que « l'élection du 3 novembre a été la plus sûre de l'histoire des États-Unis ». Chris Krebs dirige l'agence de cybersécurité et de sécurité des infrastructures (CISA) qui dépend du ministère de la Sécurité intérieure. À ses yeux, « il n'existe aucune preuve d'un système de vote ayant effacé, perdu ou changé des bulletins, ou ayant été piraté de quelque façon que ce soit ».
Au bout du compte, on a deux agences qui ne disent pas la même chose. Si l’élection est nickel, pourquoi le passage de relais tarde-t-il ? Bien sûr, le blocage d’Emily Murphy ne signifie pas qu’il y a fraude. Il dit simplement que, compte tenu de la contestation, la transition ne peut pas s’opérer dans les conditions habituelles.
Pour l'instant, le comptage se poursuit dans quelques États-clé, dont la Pennsylvanie, et un recomptage manuel vient d'être annoncé en Géorgie. Mais chaque État a une date limite pour valider ses résultats : la Géorgie a jusqu'au 20 novembre, la Pennsylvanie jusqu'au 23, l'Arizona jusqu'au 30. Qui vivra verra.
Sur son blog, le journaliste franco-américain Gérald Olivier (qui vote en Californie) offre une recension équilibrée : « Dans le meilleur des cas, écrit-il, Biden peut obtenir 306 voix au Collège électoral. Mais sans la Pennsylvanie, le Michigan, et la Géorgie, il retombe à 252 voix, en deçà de la barre des 270. De son côté, ajoute-t-il, Donald Trump totalise 214 voix. Avec la Caroline du Nord et l’Alaska, il en aura 232. Il lui en manquera 38 pour parvenir à 270. Il faut donc qu’il parvienne à inverser le résultat dans au moins trois États ou des recours ont été déposés. C’est une gageure sans précédent, qui a peu de chance d’être couronnée de succès, sauf si les cours de justice venaient à invalider les résultats de certains contés au sein de ces États. »
Ce que pourrait au mieux espérer Donald Trump, ce serait qu’aucun des deux candidats n’aient la majorité des grands électeurs. Il reviendrait à la Chambre des représentants d’élire le président. Chaque État y dispose d’une seule voix et il y a 26 gouverneurs républicains sur 50.