Nantes, une ville emblématique de l’ensauvagement de la France
Société

Nantes, une ville emblématique de l’ensauvagement de la France

Par Philippe Oswald. Synthèse n°1837, Publiée le 03/03/2023 - Photo : l'église Sainte-Croix, au cœur de Nantes (Shutterstock)
Archétype de la ville de province où il faisait bon vivre, la préfecture de la région Pays de la Loire fait tristement parler d’elle. Les « faits divers » s’y succèdent, comme depuis longtemps à Marseille ou Grenoble, au point de devenir des faits de société, sur fond d’explosion des trafics de drogue et d’immigration hors de contrôle. Les Nantais avaient notamment exprimé leur ras-le-bol de l’insécurité au cours d’une manifestation qui avait rassemblé près d’un millier de personnes le 1er octobre 2022.

Dernier épisode d’une actualité chargée, deux religieuses de la Fraternité bénédictine apostolique ont annoncé aux paroissiens de l’église Sainte-Croix, le dimanche 26 février 2023, que l’insécurité les contraignait à quitter le centre-ville de Nantes. Sœur Marie-Anne Leroux, 56 ans, et sœur Agathe Dutrey, 44 ans, exerçaient leur apostolat au sein de la paroisse Notre-Dame de Nantes depuis plus de huit ans, animant la liturgie des heures, des temps de prière et donnant des enseignements. C’est devenu impraticable, notamment à cause d’ivrognes, de drogués et des rixes devant l’église, et parfois d’intrusions agressives : « Nous sommes toujours sur le qui-vive, passant du temps à faire des déclarations à la police. Nous sommes à bout » témoigne sœur Marie-Anne dans La Croix (1er Mars). Elle ajoute : « Nous ne sommes pas des franciscains du Bronx et nous ne sommes pas censées être des agents de sécurité, bien que nous ayons pris quelques leçons d’autodéfense. » Aux réactions pas toujours compréhensives qui ont accueilli l’annonce de leur départ, dont celle, rituelle, du risque de « récupération » politique, sœur Marie-Anne répond : « On dit ce que l’on voit. L’insécurité croissante, c’est un fait. » L’accroissement du nombre de policiers et de caméras de surveillance ces derniers mois n’aura pas suffi à rétablir l’ordre. « De plus en plus de caméras ont été installées mais le problème de fond est l’absence de prise en charge de ces personnes ayant des troubles psychiques ou passées aux mains de réseaux qui profitent de leur vulnérabilité » remarquait déjà sœur Marie-Anne dans un précédent article de La Croix (1er octobre 2022).

La manifestation du 1er octobre dernier faisait suite à une semaine noire. Une série de crimes avait fait déborder le vase, contraignant la maire (PS) de Nantes, Johanna Rolland, prise à partie pour son peu de réactivité, à rencontrer Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, le 4 octobre. Quelques jours plus tôt, une femme avait été violentée et violée en réunion par deux jeunes hommes de nationalité soudanaise sur l’esplanade des anciens chantiers navals de l’île de Nantes reconvertis en lieu de loisirs ; un jeune homme de 17 ans avait été blessé par balles ; et un autre, âgé de 18 ans, avait été découvert mort, tué d’une balle dans la tête, dans un parc de la périphérie. Se promener le soir à Nantes, y compris dans le centre-ville, est devenu une aventure périlleuse. Le simple passant risque une agression au couteau pour un prétexte des plus futiles, tel un « mauvais regard » ou une cigarette refusée. Toute sortie non accompagnée est fortement déconseillée aux femmes. Selon le procureur de la République de Nantes, les agressions sexuelles portées à la connaissance de la police ont augmenté de 32% en trois ans.

Nantes n’est malheureusement qu’un exemple de l’explosion de l’insécurité et de la délinquance dans l’ensemble du pays. « En France, la quasi-totalité des indicateurs de la délinquance enregistrée sont en hausse en 2022 par rapport à l’année précédente » vient de reconnaître le ministère de l’Intérieur. Le bilan est éloquent, rapporte Causeur (en lien ci-dessous) : « +15% de victimes de coups et blessures volontaires sur personnes de plus de 15 ans (après une hausse de +12% en 2021), +12% de viols et tentatives de viols, +11% de cambriolages, +2% de vols avec armes, +8% d’escroqueries, et ainsi de suite. » Quant aux causes, il y a certes l’effet du déconfinement : il y avait moins de cambriolages quand on était contraint de rester chez soi et les trafiquants de drogue avaient plus de difficulté à traverser les frontières quand elles étaient fermées pour raison sanitaire... Mais il y a toujours et surtout « les biais idéologiques de l’institution judiciaire » servis par un inextricable maquis législatif, le tout couronné par un tsunami migratoire : d'après Gérald Darmanin lui-même, « 48% des gens interpellés pour des actes de délinquance à Paris, 55% à Marseille et 39% à Lyon sont des étrangers » (cf. LSDJ n°1811). Or la pression migratoire est repartie de plus belle avec la fin de la crise sanitaire : en 2022, la France a délivré 1,7 million de visas contre 733 070 en 2021, soit une hausse de 137,1% selon les chiffres provisoires de la Direction générale des étrangers en France (DGEF) du ministère de l'Intérieur (des statistiques mises à jour seront publiées en juin). Il est douteux qu’on résolve le problème en régularisant massivement les immigrés, selon le projet de loi que présente actuellement le ministre de l’Intérieur.
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Insécurité : chiffres et non-dits
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