Politique
Municipales : quand Paris fait ses courses chez Dati
Est-ce l’influence du coronavirus ? Il semble que la peur de l’épidémie engendre un besoin de propreté et de sécurité. Suivez mon regard : c’est justement sur ces terrains-là que Rachida Dati (LR) fait campagne pour l’emporter à Paris. Au point que sa rivale (relativisons car ce sont de grandes copines dans la vraie vie) voit le temps jouer contre elle. La liste LR serait passée en tête des intentions de vote au premier tour, avec 25 %, devant celle de la maire PS sortante Anne Hidalgo (24 %), selon un sondage Harris Interactive-Epoka diffusé mardi. Rachida Dati aurait pris deux points en deux semaines. En troisième position, la liste d'Agnès Buzyn (LREM) serait stable avec 17 %, devant celle de l'écologiste David Belliard (EELV) à 11 % (-2). Les autres candidats seraient tous recalés sous la barre des 10 %. Deux autres sondages publiés ces derniers jours donnent l’ex-protégée de Nicolas Sarkozy en tête des intentions de vote, avec là aussi un point d'avance sur Anne Hidalgo. Cette enquête place la propreté en tête des priorités des Parisiens (54 %, +2), devant la sécurité (47 %), en très forte hausse (+7). Viennent ensuite les transports en commun (38 %, +1) et l'environnement (31 %), en recul (-2).
La séquence sécuritaire profite à la droite, ce qui est logique, et, comme l’a montré le débat mercredi soir sur LCI, Rachida Dati oblige ses deux concurrentes à se positionner : « Je ne me résous pas à quatre ans des JO ne pas avoir de police municipale armée », a-t-elle lancé en plaidant pour « une antenne municipale dans chaque arrondissement, avec une ligne directe pour tous les habitants, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ». Et de vouloir en plus « un centre de supervision qui coordonnera les caméras dans chaque arrondissement ». Dati propose une sorte d’évolution à l’américaine pour répondre à une situation catastrophique. Car toutes les formes de violence ont fortement augmenté l’an dernier par rapport à 2018, et ce dans tous les quartiers (jusqu’à + 68 % des vols à la tire dans le métro !). En guise de réponse, Anne Hidalgo a proposé de porter « à 5000 » le nombre d'agents de la police municipale mais, tenue par ses reports de voix à gauche, elle a estimé qu’elle ne doit « pas être armée », pour « ne pas remplacer la police nationale ». L’argument est apparu un peu faible aux yeux d’Agnès Buzyn qui a dit ne pas imaginer un policier « se promener dans les rues avec le bandeau police et ne pas être armé » car « il serait la cible immédiatement d'agressions ».
Ce couplet sécuritaire suffira-t-il à propulser Rachida Dati à l’hôtel de ville ? C’est peu probable en raison de ses faibles réserves de voix. Mais l’essentiel n’est pas là. Paris, ville indépassable, voit son image, son économie, son art de vivre dégradés. Si ces services publics étaient normalement assurés, propreté et sécurité ne devraient pas être le programme d’une capitale de cette envergure. Mais nécessité fait loi et les prophéties du vivre ensemble, qui loue le divertissement et prône le diversitaire, se heurtent à des barrières de plus en plus nombreuses : barrières anti-migrants, barrières anti-virus et même barrières anti-SDF. La même semaine que ce premier débat télévisé, la Fondation Abbé Pierre remettait ironiquement des « pics d’or », ces dispositifs urbains plus ou moins sournois contre les personnes sans-abri. Et Paris a remporté le prix du « dispositif le plus agressif », des poteaux en métal plantés dans l'entrée d'un immeuble du Xe arrondissement baptisés « les champignons de Paris ». Savoureux et … violent.
La séquence sécuritaire profite à la droite, ce qui est logique, et, comme l’a montré le débat mercredi soir sur LCI, Rachida Dati oblige ses deux concurrentes à se positionner : « Je ne me résous pas à quatre ans des JO ne pas avoir de police municipale armée », a-t-elle lancé en plaidant pour « une antenne municipale dans chaque arrondissement, avec une ligne directe pour tous les habitants, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ». Et de vouloir en plus « un centre de supervision qui coordonnera les caméras dans chaque arrondissement ». Dati propose une sorte d’évolution à l’américaine pour répondre à une situation catastrophique. Car toutes les formes de violence ont fortement augmenté l’an dernier par rapport à 2018, et ce dans tous les quartiers (jusqu’à + 68 % des vols à la tire dans le métro !). En guise de réponse, Anne Hidalgo a proposé de porter « à 5000 » le nombre d'agents de la police municipale mais, tenue par ses reports de voix à gauche, elle a estimé qu’elle ne doit « pas être armée », pour « ne pas remplacer la police nationale ». L’argument est apparu un peu faible aux yeux d’Agnès Buzyn qui a dit ne pas imaginer un policier « se promener dans les rues avec le bandeau police et ne pas être armé » car « il serait la cible immédiatement d'agressions ».
Ce couplet sécuritaire suffira-t-il à propulser Rachida Dati à l’hôtel de ville ? C’est peu probable en raison de ses faibles réserves de voix. Mais l’essentiel n’est pas là. Paris, ville indépassable, voit son image, son économie, son art de vivre dégradés. Si ces services publics étaient normalement assurés, propreté et sécurité ne devraient pas être le programme d’une capitale de cette envergure. Mais nécessité fait loi et les prophéties du vivre ensemble, qui loue le divertissement et prône le diversitaire, se heurtent à des barrières de plus en plus nombreuses : barrières anti-migrants, barrières anti-virus et même barrières anti-SDF. La même semaine que ce premier débat télévisé, la Fondation Abbé Pierre remettait ironiquement des « pics d’or », ces dispositifs urbains plus ou moins sournois contre les personnes sans-abri. Et Paris a remporté le prix du « dispositif le plus agressif », des poteaux en métal plantés dans l'entrée d'un immeuble du Xe arrondissement baptisés « les champignons de Paris ». Savoureux et … violent.