
Municipales : quand Paris fait ses courses chez Dati
La séquence sécuritaire profite à la droite, ce qui est logique, et, comme l’a montré le débat mercredi soir sur LCI, Rachida Dati oblige ses deux concurrentes à se positionner : « Je ne me résous pas à quatre ans des JO ne pas avoir de police municipale armée », a-t-elle lancé en plaidant pour « une antenne municipale dans chaque arrondissement, avec une ligne directe pour tous les habitants, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ». Et de vouloir en plus « un centre de supervision qui coordonnera les caméras dans chaque arrondissement ». Dati propose une sorte d’évolution à l’américaine pour répondre à une situation catastrophique. Car toutes les formes de violence ont fortement augmenté l’an dernier par rapport à 2018, et ce dans tous les quartiers (jusqu’à + 68 % des vols à la tire dans le métro !). En guise de réponse, Anne Hidalgo a proposé de porter « à 5000 » le nombre d'agents de la police municipale mais, tenue par ses reports de voix à gauche, elle a estimé qu’elle ne doit « pas être armée », pour « ne pas remplacer la police nationale ». L’argument est apparu un peu faible aux yeux d’Agnès Buzyn qui a dit ne pas imaginer un policier « se promener dans les rues avec le bandeau police et ne pas être armé » car « il serait la cible immédiatement d'agressions ».
Ce couplet sécuritaire suffira-t-il à propulser Rachida Dati à l’hôtel de ville ? C’est peu probable en raison de ses faibles réserves de voix. Mais l’essentiel n’est pas là. Paris, ville indépassable, voit son image, son économie, son art de vivre dégradés. Si ces services publics étaient normalement assurés, propreté et sécurité ne devraient pas être le programme d’une capitale de cette envergure. Mais nécessité fait loi et les prophéties du vivre ensemble, qui loue le divertissement et prône le diversitaire, se heurtent à des barrières de plus en plus nombreuses : barrières anti-migrants, barrières anti-virus et même barrières anti-SDF. La même semaine que ce premier débat télévisé, la Fondation Abbé Pierre remettait ironiquement des « pics d’or », ces dispositifs urbains plus ou moins sournois contre les personnes sans-abri. Et Paris a remporté le prix du « dispositif le plus agressif », des poteaux en métal plantés dans l'entrée d'un immeuble du Xe arrondissement baptisés « les champignons de Paris ». Savoureux et … violent.