Des millions de musulmans se convertissent au christianisme malgré les risques de persécution
Pourtant, malgré les risques encourus, le nombre de conversions au christianisme (tous courants confondus) explose. Une étude universitaire datant de 2015, menée par des chercheurs du Texas et de Singapour, estime qu'elles sont passées de 200 000 dans les années 1950 à 10 millions dans les années 2010. Si des statistiques fiables restent difficiles à déterminer — entre chiffres possiblement gonflés par l'enthousiasme des communautés chrétiennes et convertis qui préfèrent rester cachés — ce rapport offre un aperçu intéressant sur une dynamique en expansion partout dans le monde. D'après les estimations qu'on y découvre, les principaux pays concernés sont l'Indonésie (6,5 millions de convertis), suivent le Nigéria (600 000), les États-Unis (450 000), l'Éthiopie (400 000), l'Algérie (380 000), le Burkina Faso (200 000), la Tanzanie (180 000), le Bangladesh (130 000), l'Iran (100 000), le Cameroun (90 000), le Kenya (70 000) et l'Arabie Saoudite (60 000). Il faudrait rajouter le cas de la Géorgie où une province entière (l'Adjarie), peuplée de 400 000 personnes, s'est tournée vers la religion orthodoxe.
En France, depuis 10 ans, environ 5 % des baptêmes catholiques d'adultes concernent des ex-musulmans. Ils étaient 350 sur 7135 baptêmes en 2024 et presque deux fois plus si l'on intégrait dans ce groupe ceux dont l'un des deux parents est musulman. Cela sans prendre en compte les conversions chez les évangélistes, qui sont souvent les plus zélés missionnaires. Dans plusieurs cas, les ex-musulmans rejoignent d'abord le protestantisme pour se tourner ensuite vers la foi catholique. En 2021, un rapport du think tank ECLJ (European Center for Law and Justice) proposait une fenêtre situant entre 4000 et 30 000 personnes en France, le nombre de musulmans ayant rejoint le christianisme.
David Garrison, titulaire d'un doctorat à l'Université de Chicago, est auteur d'un livre intitulé Un souffle dans la maison de l'islam (2014). Il y propose une synthèse de trois années de voyages à travers le monde pour constater l'ampleur du phénomène et soutient qu'il y a aujourd'hui plus de conversions de l'islam au christianisme que jamais dans l'histoire. Selon une méthodologie simple, l'auteur compte les « mouvements vers le Christ » dans Dar al'Islam, « la maison de l'islam », le lieu de la soumission à Dieu qui s'étend sur les 49 pays dans lesquels l'islam est majoritaire. La méthodologie de Garrison s'applique à considérer un mouvement vers le Christ comme tel qu'à partir du recensement de 100 églises construites ou 1000 baptêmes. Il en ressort que, pendant près de 1300 ans, les tentatives d'évangélisation du monde musulman se sont révélées infructueuses sur le plan comptable. Ce ne serait qu'à partir du XIXe siècle que l'on pourrait trouver trace de deux « mouvements » selon les critères de Garrison. Ceux-ci ont été initiés par deux autochtones : l'un en Éthiopie grâce au cheik Zekaryas, un musulman converti, et l'autre en Indonésie grâce à un évangéliste local : Radin Abas Sadrach, « l'apôtre de Java ». Les mouvements se sont multipliés par la suite : 11 au cours du XXe siècle et 69 au XXIe pour un total de 82 mouvements vers le Christ dans toute l'histoire.
Comment l'expliquer ? Il y a évidemment la mondialisation et l'essor des moyens de communication modernes : surtout internet qui s'est imposé comme un terrain fertile d'activité missionnaire. En Iran, l'un des pays musulmans les plus touchés par cet essor, près de 95 % de la population l'utilise. On peut citer également la chute de l'Union soviétique et la fin de la Guerre froide qui ont offert soudain une ouverture sans précédent à des territoires restés à l'écart des chrétiens pendant près d'un siècle. Et plus intrigant, les phénomènes extraordinaires : plusieurs témoignages de convertis concordent pour affirmer que Jésus ou la Vierge Marie leur sont apparus en songe.
D'autres statistiques, plus récentes, confirment cette tendance et évoquent des chiffres encore plus impressionnants :
Bien qu'en Indonésie la religion chrétienne soit actuellement tolérée, des États aussi verrouillés que l'Iran sont tout autant bousculés par ce souffle chrétien : selon Todd Nettleton, du magazine The voice of the martyrs, dans « un pays avec un des taux de toxicomanie les plus élevés [...], gangréné par la corruption [...], où plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté », près d'un million de personnes auraient tourné le dos à l'islam pour rejoindre le christianisme, alors même que la répression peut être extrêmement sévère. Chiffre confirmé par GAAMAN, une ONG hollandaise laïque, auteur d'une enquête approfondie sur les pratiques religieuses en Iran selon laquelle on y dénombrait 1,3 million de chrétiens en 2020. Près de la moitié d'entre eux seraient des convertis, au point que Mahmoud Alavi, ancien ministre du Renseignement iranien s'alarmait de cette tendance qui se déroule « sous les yeux du gouvernement ».