Mgr Aupetit, Nicolas Hulot, Éric Zemmour : trois cibles « cartonnées » par les media
Médias

Mgr Aupetit, Nicolas Hulot, Éric Zemmour : trois cibles « cartonnées » par les media

Par Louis Daufresne. Synthèse n°1442, Publiée le 27/11/2021
On savait que les media peuvent tuer. Du moins ceux dont la parole compte : Le Canard, Le Monde, Mediapart, Libération. La toile facilite leur tâche, outre qu’elle diffuse leur marque : comme rien n’est hiérarchisé sur le net, le consommateur s’en remet à ces professionnels de l’information. Cela ne signifie pas que la toile ne tue pas, bien au contraire, comme le montre l’enquête de David Doucet sur la Haine en ligne – enquête sur la mort sociale (Albin Michel, 2020). Le web démocratise la délation, quand certains journaux choisissent leurs cibles. Du cousu main pour cols blancs.

De nos jours, on tue par papier ou image interposés. Indolore, imparable. Et surtout, on le fait au nom du bien. La volonté de nuire se love dans le droit d’informer. Le meurtre devient moral, ce qui le rend inattaquable. François Fillon fut la première grosse quille à valdinguer sur le bowling des réputations assassinées. Si ce sport était aux Jeux olympiques, trois media seraient montés sur le podium cette semaine : Le Point, France 2 et Closer. Trois media que l’on voit peu défaire les réputations des puissants. Le Point s’offre un archevêque, France 2 un ex-ministre écolo et Closer un polémiste rêvant de l’Élysée.

Commençons par le premier, Mgr Michel Aupetit. Mercredi sur son site internet, Le Point affirmait que le prêtre avait eu en 2012 une relation intime et consentie avec une femme. L’hebdomadaire faisait référence à un courriel envoyé par erreur qui laissait peu de doute sur « un comportement ambigu avec une personne très présente vis-à-vis de lui », selon le diocèse de Paris. Il ne s'agissait « pas d'une relation amoureuse » ni d'une « relation sexuelle », ajoute l’institution. Deux jours plus tard, on apprenait que Mgr Aupetit avait remis sa charge au pape. Le même jour, dans le communiqué envoyé à ses curés, l’archevêque nuançait sa démarche : « Je suis toujours à la manœuvre pour le bien du diocèse. Les journaux parlent de ma démission, elle n’est pas à l’ordre du jour ». C’est le pape qui décidera et il peut la refuser, comme il l’avait fait pour Mgr Barbarin. La demande de démission « n'est pas un aveu de culpabilité mais un geste d'humilité, une mise à disposition », souligne le diocèse de Paris. Le Point s’étonna de l’intérêt suscité par son papier : « Nous avons constaté qu’il y avait eu deux fois plus d’abonnements numériques que pour un article politique du même style. Et pour cette raison, nous allons continuer », confia Étienne Gernelle, directeur de l’hebdomadaire. Voilà une bonne nouvelle : l’Église intéresse ! En bien ou en mal, ce qui compte, c’est de polariser.

Passons à France 2. Rien à voir avec Mgr Aupetit, sauf la coïncidence de dates. Si on parla plus de Nicolas Hulot que de l’archevêque de Paris, la sortie du papier du Point, prévue après la séquence Ciase, se heurta à la révélation d’autres affaires qui n'ont rien à voir. L'opinion risquait d'amalgamer des histoires totalement différentes. Pour l'ex-animateur d’Ushuaïa, la Justice ouvre une enquête sur des accusations de viol et d'agressions sexuelles. C'est du lourd. Jeudi soir, Envoyé spécial donnait la parole à au moins six femmes, dont l'une mineure au moment des faits. La veille de la diffusion du reportage, l'ancien ministre d'État niait farouchement ce qu'on lui reprochait avant d’annoncer sur BFMTV qu’il quittait « définitivement » la vie publique, pour protéger ses proches et sa Fondation des retombées d'un « lynchage ». Cette posture aggrava son cas : « J'ai honte qu’il ait préempté l'espace médiatique pour renverser les perspectives et prendre le rôle de victime », écrivait la militante écologiste Claire Nouvian dans une tribune publiée hier dans Le Monde. Au même moment était relancée une autre affaire, visant aussi une ex-star de TF1 : l’affaire PPDA. L'écrivain Florence Porcel, 38 ans, portait plainte avec constitution de partie civile pour viol afin d'obtenir la saisine d'un juge d'instruction.

Troisième cas, encore un mâle blanc de plus de 50 ans : Éric Zemmour. Hier, le magazine people Closer publiait les photos de sa liaison avec sa conseillère Sarah Knafo – qui attend un enfant de lui pour mai prochain. L’homme est marié, père de trois enfants déjà grands. Sa maîtresse en a 28, lui 63. Comment cette histoire sera-t-elle perçue par un public conservateur ? Le polémiste avait essayé d’empêcher cette parution, ce qui, là aussi, aggravait son cas. « La vie publique, oui. Le voyeurisme, non. Désolé pour les pervers », indiquait Zemmour dans un tweet. Peine perdue. La vérité, comme le bonheur, est dans le pré. Le pré carré des vies privées.

Le point commun de ces trois personnages est d’être pris au piège de la vertu que leurs discours exigent d’eux-mêmes : morale et stoïcisme chrétiens, éthique et pureté écologique, restauration et ordre politique. Ces affaires témoignent d’une influence croissante des mœurs américaines. La vie privée doit répondre de la vie publique.

Malgré tous les discours sur la société libérée de tout, l'épine dans la chair est un pieu sur lequel les media empalent les têtes, du moins celles qui ne leur reviennent pas.
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Eric Zemmour va être papa en 2022
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