Société

La maison individuelle, un rêve français menacé ?

Par Judikael Hirel. Synthèse n°2135, Publiée le 07/03/2024 - Visuel d'illustration : Pixabay

Le rêve d'une France de propriétaires d'une maison individuelle, d'un pavillon, existe-t-il encore ? Ces derniers temps, les nuages se sont accumulés autour de la maison individuelle, accusée par certains de tous les maux. L'avenir serait à la verticalisation des villes, aux appartements de plus en plus hauts, dont le balcon tiendra lieu de jardin. Une vision aux antipodes de celle révélée par les confinements des temps du Covid et l'essor du télétravail, qui auront amené bien des urbains à se ruer pour acquérir à tout prix un lopin de terre et une maison.

Mais désormais, haro sur la maison individuelle ! En son temps, l'ex-ministre du logement Emmanuelle Wargon ne l'avait-elle pas qualifiée d' « impasse » ? Selon elle, « ce rêve construit pour les Français dans les années 70 », « ce modèle d'urbanisation qui dépend de la voiture pour les relier », était un « non-sens écologique, économique et social », mettant en lumière une opinion largement partagée dans les milieux militants écologiques. Deux ans avant déjà, son prédécesseur Julien Denormandie « assumait » de « décourager la construction de maisons » au profit de la relance des centres-villes : « Ce n'est pas la société qu'on souhaite », estimait-il alors. Pourtant, « la maison individuelle offre un potentiel de captage d'énergie, du soleil ou du sol, bien supérieur à celui des immeubles collectifs », rappelle Dominique Bidou, ex-délégué à la qualité de la vie au ministère de l'Environnement (un poste supprimé, au demeurant). « Elle permet de recycler une bonne partie des déchets organiques, de se nourrir de sa production. Pourquoi ne pas donner envie aux habitants de ces maisons individuelles d'utiliser toutes ces potentialités ? »

Cette vision négative de la maison individuelle est sous-jacente dans la loi Zéro artificialisation nette (ZAN), visant à interdire toute nouvelle « bétonnisation » des sols — au grand dam des villages en plein essor. Ceux-ci ne sont plus en mesure d'agrandir leurs zones artisanales ou industrielles, ni de créer de nouveaux lotissements pour accueillir des familles désireuses de mieux vivre hors des villes. Autant de familles qui ne mettront pas leurs enfants dans les écoles de ces villages mais aussi autant de constructeurs de maisons individuelles en train de disparaître. Entre loi ZAN et arrêt du prêt à taux zéro depuis le 1er janvier 2024, la construction de maisons individuelles a vu son activité s'écrouler. « Alors qu'en moyenne entre 2007 et 2022, environ 122 065 maisons étaient construites chaque année dans le pays, ce nombre est tombé à 66 800 en 2023, soit une baisse vertigineuse de 45,3 %. » « C'est tout de même assez incompréhensible que ce gouvernement fasse tout pour compliquer le rêve de huit Français sur dix », a ainsi estimé Grégory Monod, patron du pôle habitat à la Fédération française du bâtiment (FFB). En 2024, il devrait à peine se construire 50 000 maisons. Déjà 650 constructeurs ont mis la clé sous la porte en 2023, soit 60 % de plus qu'en 2022. La Fédération française du bâtiment parle de 300 000 emplois détruits d'ici 2025.

Dernier clou du cercueil de la maison individuelle : l'explosion du coût des matériaux de construction en ces temps d'inflation. Les augmentations dantesques rendent les chantiers hors de prix : +41,1 % pour les ossatures et charpentes métalliques, +31 % pour les fermetures de baies en aluminium, +25,6 % pour la vitrerie-miroiterie entre décembre 2020 et janvier 2023, selon les chiffres de la FFB. N'oublions pas non plus la hausse des taux d'intérêt des prêts immobiliers. Sans prêt, pas de projet… « La maison individuelle va devenir un produit de luxe, constate Philippe Maltete, dirigeant associé de "Maison Adélie". Il faut un couple qui a deux emplois type cadre supérieur. Nos jeunes, nos enfants, la génération future, vont avoir un vrai problème pour se loger. » Dans ces conditions, la France n'est pas (n'est plus) en mesure de répondre au besoin de logement de la classe moyenne.

Gabriel Attal sera-t-il le chevalier blanc de la maison individuelle, lui qui vient d'affirmer qu'elle faisait « partie du rêve français » ? « On va considérablement simplifier les procédures pour ceux qui le souhaitent, pour qu'ils puissent faire construire un logement supplémentaire sur leur terrain », a notamment déclaré le nouveau locataire de Matignon. Un vrai volte-face pour la gauche, ennemie historique de la maison individuelle. Un désamour et une erreur analysés récemment par le journaliste du Point, Clément Pétreault, dans son essai Une maison sinon rien (Stock). Si selon les élites parisiennes, « il faudrait renoncer au modèle pavillonnaire, tout indique pourtant que ce modèle reste un eldorado pour la majorité des Français. Face à un monde mouvant, les atouts de la maison sont immenses : calme, intimité, sécurité, liberté de mouvement, proximité de la nature. Le vrai luxe de demain, c'est bien le pavillon et la maison individuelle. »

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L'avenir est-il aux pavillons ?
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2 commentaires
Le 09/03/2024 à 17:35
Il est évident que la maison de nos parents où vivaient aussi leurs grands parents, leurs enfants et leurs petits enfant, était une réussite familiale, sociale et très écologique avec un jardin potager et fruitier : l'anti MacDo. Et quelle catastrophe la copropriété d'appartements, sans chambre d'amis, alors qu'à Londres, toutes les maisons ont un guest room. C'est celà le luxe !
Serge
Le 08/03/2024 à 13:53
Quoi dire tous les intelligents l'ont faient!je répète la forfaiture cela se plaide et la démonstration e manque pas de motifs à l'évidence ne serait-ce que la cérémonie d'aujourd'hui dont les dettes de ce pays , le Nôtre s'écroule par une souveraine incompétence dans l'entourage dirigeants. Si c'est réel qu'ils en souffrent autant que le peuple qu'ils insupportent !!!!!!!!!!!
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