
Maintien du « pass sanitaire » : vers un état d’urgence permanent ?
Il semble impossible de jauger l’efficacité sanitaire du « pass ». Le fait est que médecins et politiques ne se bousculent pas sur les plateaux de télévision pour la démontrer. En revanche, on voit bien que cette contrainte inédite (présenter un document de santé pour prendre un train, entrer dans un magasin, assister à un spectacle… ou même travailler !) s’est montrée efficace pour obliger les Français à se faire massivement vacciner, tout en permettant de mesurer leur docilité, largement dictée par la peur (peur du virus, peur de perdre emploi et loisirs). D’où la tentation du pouvoir d’ériger en norme cette juridiction d’exception au nom d’un état d’urgence permanent… S’il était maintenu ou reconduit jusqu’à l’imprévisible disparition du Covid, le « pass » deviendrait non seulement un sésame mais un brevet de citoyenneté pas si éloigné, dans son principe, de ce qui se pratique à très grande échelle en Chine. Le « virus chinois » n’aura pas seulement affecté les corps…
Dans une tribune publiée fin août (en lien ci-dessous), Cyrille Dalmont, chercheur à l'Institut Thomas More, énumérait les libertés fondamentales mises à mal pour la première fois en temps de paix par cette loi d’exception : liberté d'aller et venir, liberté de se réunir, liberté du travail, liberté du commerce et de l'industrie, liberté de conscience… Avec le double aval du Conseil Constitutionnel et du Conseil d’État invoquant des « circonstances exceptionnelles » pour « justifier des mesures qui seraient, dans des circonstances normales, considérées comme inconstitutionnelles » selon les propres termes du Conseil d’État. Mais après ce fâcheux précédent, reverra-t-on le retour de « circonstances normales » ? En aura-t-on jamais fini avec les épidémies, l’insécurité, le piratage, le terrorisme ? En définitive, le Covid aura servi de révélateur de l’état d’une société prompte à larguer une à une ses libertés fondamentales pour une sécurité des plus hypothétiques. « La liberté ou la mort ! » : face aux Turcs, la Grèce a adopté ce cri comme devise nationale. Mais ce cri ne paraît-il pas à présent extravagant pour l’Occident qu’elle a engendré ?
