
L’UNEF, symbole de l’éclatement de la Gauche
Fondée en 1907, l'Union nationale des étudiants de France a connu son apogée en mai 68, époque où l’UNEF revendiquait l’adhésion d’un étudiant sur deux. L’organisation était alors tombée aux mains des Trotskistes qui en firent une pouponnière pour les futurs cadres du Parti socialiste (Jean-Christophe Cambadélis, ancien premier secrétaire du PS ; Manuel Valls, Lionel Jospin, Jack Lang, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, la députée LFI Clémentine Autain, le fondateur de SOS Racisme Harlem Désir, la militante féministe Caroline de Haas…). Mais voilà, la majorité des anciennes figures de la Gauche se sont « embourgeoisées », et ne se retrouvent pas dans l’engagement de leurs lointains successeurs dans les « réunions non mixtes racisées » ou dans la défense du port du voile islamique. Ils y voient une « dérive ». Il y a pourtant une certaine logique à passer de l'anticolonialisme de la guerre d'Algérie – qui a assis la politisation marxisante de l’UNEF dans les années soixante – à l'idéologie portée aujourd’hui par les « décoloniaux » sous l’inspiration des universités américaines. En revanche, le principe de non-contradiction vole en éclat quand des féministes font l’apologie du voile et quand des anti-racistes prônent l’exclusion des Blancs à certaines réunions.
Mieux vaudrait frapper l’UNEF au portefeuille : elle reçoit chaque année quelque 600 000 euros de subventions de l’État, proportionnellement aux sièges obtenus lors des élections étudiantes du CNOUS (Centre national des œuvres universitaires et scolaires) et du CNESER (Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche), sommes qui devraient normalement être utilisées à la formation des étudiants élus. Ces subventions sont aujourd’hui dans le collimateur de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale : « Quand on reçoit des subventions publiques, il est inacceptable qu’on se mette dans ce genre de comportements ». Va-t-il donner l’ordre à son administration de contrôler les dépenses de l’UNEF, quitte à mobiliser la Cour des comptes et à saisir l’Inspection générale des finances ? Des paroles aux actes… on sait qu’il y a souvent aujourd’hui un pas de géant à franchir.