International
L’Iran sauvera-t-il le trône du « roi Bibi » en Israël ?
Après les dernières élections législatives du 23 mars en Israël, Benjamin Netanyahu n’a pas encore réuni les soutiens nécessaires à son maintien au pouvoir et il ne lui reste pour cela que 20 jours. Il semble acculé et l’ennemi iranien apparaît comme l’ultime recours… L’explosion survenue dimanche 11 avril, dans le site nucléaire de Natanz, au centre de l’Iran, arrive à point nommé. La satisfaction à peine masquée des autorités israéliennes face aux accusations iraniennes tend à confirmer une motivation politique. Bien entendu, il ne s’agit pas d’exclure le motif de la sécurité nationale tant la tension est grande avec l’Iran et le danger réel. Les Iraniens eux-mêmes vantaient les capacités du site de Natanz où, la veille de « l’accident », on inaugurait de nouvelles centrifugeuses nucléaires capables d’enrichir plus rapidement d’avantage d’uranium, en violation de l’accord conclu en 2015 entre la République islamique et la communauté internationale. Israël, pour qui l’Iran est la menace numéro 1, a réussi durant les dix dernières années à retarder les progrès du programme nucléaire iranien en lançant des cyber-attaques, des bombardements ciblés, ou carrément en assassinant des personnalités. On se souvient de l’opération spectaculaire en novembre 2020 qui a permis d’éliminer Mohsen Fakhrizadeh, le meilleur spécialiste iranien du nucléaire.
Cette attaque de Natanz (dont on connaît mal les détails à part qu’elle a provoqué une coupure totale de l’électricité sur le site) présente des particularités. Tout d’abord, les fuites abondent dans les médias israéliens et Jérusalem ne s’en offusque pas. Au contraire, on se félicite de l’importance des dommages matériels. Ensuite, cet événement intervient à un moment où, d’une part, le gouvernement israélien cherche à sortir d’une impasse politique, d’autre part, l’administration américaine veut renouer le dialogue avec l’Iran. Si les résultats de la quatrième élection en 2 ans sont mauvais pour « Bibi » (surnom de Netanyahu en Israël), l’opposition, très divisée, n’est pas en ordre de bataille. Pour former une coalition, le Premier Ministre sortant a besoin de l’appui des partis ultra-orthodoxes, de l’extrême-droite des « Sionistes religieux », de la Ligue Arabe Unie et du parti de la « Nouvelle Droite » de Naftali Bennett. Pour l’instant, les discussions sont au point mort à cause du refus catégorique des « Sionistes religieux » de s’allier à la Ligue Arabe Unie. Ces négociations politiques chaotiques interviennent alors que Netanyahu est accusé de corruption. Lors de son procès, toujours en cours, les témoins de l’accusation ont peint l’image peu glorieuse d’un dirigeant cherchant à corrompre les grands médias pour obtenir une couverture la plus favorable possible.
Netanyahu espère qu’une nouvelle attaque contre l’Iran, suivant une politique agressive qui bénéficie d’une rare unanimité dans la société israélienne, jouera en sa faveur. Se déroule, en parallèle, l’escalade d’une guerre sur mer entre les deux puissances régionales. Les actions menées depuis 2019 contre des navires iraniens, soupçonnés de transporter du pétrole ou des armes en Syrie, sont restées discrètes. Le raid (informatique ?) sur Natanz cherche à provoquer l’Iran. Des représailles seraient un excellent argument pour obtenir l’assentiment de l’opinion publique et le ralliement des partis.
Alors que l’attaque sur Natanz arrive au bon moment pour « Bibi », Joe Biden est fort mécontent. Le nouveau Président américain a fait de la question iranienne un point de rupture avec son prédécesseur : il s’agit de renouer le dialogue avec Téhéran et remettre le « deal » nucléaire de 2015 à l’ordre du jour. De l’autre côté de l’échiquier, les factions conservatrices iraniennes trouvent dans ce dernier « accident » un argument pour tuer dans l’œuf toute velléité de rapprochement avec le « grand Satan » américain.
Attaquer des cibles militaires ou nucléaires fait partie de la stratégie sécuritaire israélienne. Ce n’est pas nouveau. Déchirer le rideau qui dissimule d’ordinaire les batailles d’une guerre secrète pose le risque d’une escalade venant d’un pays lui-même sous forte pression sociale et économique. Cela renforce l’accord « de coopération » de 25 ans conclu fin mars entre la République islamique et la Chine, bien contente d’avancer ses pions sur ses marches occidentales. L’attaque réussie contre Natanz fragilise le lien avec le parrain américain tout en satisfaisant les nouveaux alliés arabes d’Israël, Arabie Saoudite en tête. Cette alliance, nouée sous l’égide de l’administration Trump, permet au Mossad d’accéder aux réseaux d’opposition sunnites (dont Al Qaeda s’est servi pour des attentats) en Iran, donc d’augmenter ses capacités d’action. Il y a, par conséquent, un risque de tension accrue dans la région. On voit mal l’Iran faciliter une résolution pacifique au Yémen déjà martyrisé depuis des années. Le « Roi Bibi » est prêt à tout pour conserver le pouvoir…
Cette attaque de Natanz (dont on connaît mal les détails à part qu’elle a provoqué une coupure totale de l’électricité sur le site) présente des particularités. Tout d’abord, les fuites abondent dans les médias israéliens et Jérusalem ne s’en offusque pas. Au contraire, on se félicite de l’importance des dommages matériels. Ensuite, cet événement intervient à un moment où, d’une part, le gouvernement israélien cherche à sortir d’une impasse politique, d’autre part, l’administration américaine veut renouer le dialogue avec l’Iran. Si les résultats de la quatrième élection en 2 ans sont mauvais pour « Bibi » (surnom de Netanyahu en Israël), l’opposition, très divisée, n’est pas en ordre de bataille. Pour former une coalition, le Premier Ministre sortant a besoin de l’appui des partis ultra-orthodoxes, de l’extrême-droite des « Sionistes religieux », de la Ligue Arabe Unie et du parti de la « Nouvelle Droite » de Naftali Bennett. Pour l’instant, les discussions sont au point mort à cause du refus catégorique des « Sionistes religieux » de s’allier à la Ligue Arabe Unie. Ces négociations politiques chaotiques interviennent alors que Netanyahu est accusé de corruption. Lors de son procès, toujours en cours, les témoins de l’accusation ont peint l’image peu glorieuse d’un dirigeant cherchant à corrompre les grands médias pour obtenir une couverture la plus favorable possible.
Netanyahu espère qu’une nouvelle attaque contre l’Iran, suivant une politique agressive qui bénéficie d’une rare unanimité dans la société israélienne, jouera en sa faveur. Se déroule, en parallèle, l’escalade d’une guerre sur mer entre les deux puissances régionales. Les actions menées depuis 2019 contre des navires iraniens, soupçonnés de transporter du pétrole ou des armes en Syrie, sont restées discrètes. Le raid (informatique ?) sur Natanz cherche à provoquer l’Iran. Des représailles seraient un excellent argument pour obtenir l’assentiment de l’opinion publique et le ralliement des partis.
Alors que l’attaque sur Natanz arrive au bon moment pour « Bibi », Joe Biden est fort mécontent. Le nouveau Président américain a fait de la question iranienne un point de rupture avec son prédécesseur : il s’agit de renouer le dialogue avec Téhéran et remettre le « deal » nucléaire de 2015 à l’ordre du jour. De l’autre côté de l’échiquier, les factions conservatrices iraniennes trouvent dans ce dernier « accident » un argument pour tuer dans l’œuf toute velléité de rapprochement avec le « grand Satan » américain.
Attaquer des cibles militaires ou nucléaires fait partie de la stratégie sécuritaire israélienne. Ce n’est pas nouveau. Déchirer le rideau qui dissimule d’ordinaire les batailles d’une guerre secrète pose le risque d’une escalade venant d’un pays lui-même sous forte pression sociale et économique. Cela renforce l’accord « de coopération » de 25 ans conclu fin mars entre la République islamique et la Chine, bien contente d’avancer ses pions sur ses marches occidentales. L’attaque réussie contre Natanz fragilise le lien avec le parrain américain tout en satisfaisant les nouveaux alliés arabes d’Israël, Arabie Saoudite en tête. Cette alliance, nouée sous l’égide de l’administration Trump, permet au Mossad d’accéder aux réseaux d’opposition sunnites (dont Al Qaeda s’est servi pour des attentats) en Iran, donc d’augmenter ses capacités d’action. Il y a, par conséquent, un risque de tension accrue dans la région. On voit mal l’Iran faciliter une résolution pacifique au Yémen déjà martyrisé depuis des années. Le « Roi Bibi » est prêt à tout pour conserver le pouvoir…