International
L'invasion de l'Ukraine un an après : perspectives diplomatiques
Un an après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le 24 février 2022, les médias internationaux ont tenté de résumer les événements de l'année et de prédire l'évolution du conflit. Malgré une grande diversité d'opinions à l'égard des origines de la guerre et des stratégies éventuelles pour retrouver la paix, on constate un consensus général concernant la nature incertaine de la situation actuelle et le risque d’une conflagration plus large. Ce qui ressort des débats autour de l'Ukraine, c'est avant tout une série de questions sans réponses mais qui marqueront certainement les mois à venir. Une offensive russe ou une contre-attaque ukrainienne changeront-elles la donne sur le terrain ? Quel sera l'impact de l'arrivée des chars occidentaux ? Va-t-on vers une escalade inéluctable, voire nucléaire ? Les alliés de l'Ukraine pourront-ils obliger Kiev à négocier ? Est-ce que les menaces russes envers d'autres pays (Moldavie, Pologne) donneront lieu à des actions concrètes ?
En ce qui concerne le volet historique, le débat continue sur la responsabilité partielle de l'Occident par rapport à la guerre en Ukraine. Pour certains, le récit reste celui d'une réponse russe inexcusable mais inévitable face au supposé expansionnisme de l'OTAN depuis l'effondrement de l'URSS en 1991. Pour d'autres, comme l’opposant russe et ex-champion d’échecs Garry Kasparov, les évènements de février 2022 n'ont fait que confirmer la justesse des avertissements donnés dans son livre Winter is coming (L'hiver approche, 2015), tout comme celle des mises en garde d'anciens pays du Pacte de Varsovie au sujet des ambitions néo-impérialistes de Vladimir Poutine. Pour Kasparov, il faudrait en finir avec cet « algorithme impérial » pour que la Russie ait un avenir dans la communauté internationale autre que celui d'une province chinoise. Parmi les spécialistes des affaires russes, l'ancienne conseillère de la Maison Blanche Fiona Hill a offert des propos nuancés pour UnHerd. Tout en affirmant que Poutine était déjà opposé à l'indépendance de l'Ukraine dans les années 1990, Hill met également l'accent sur la défaillance généralisée de la diplomatie par rapport à l'architecture de sécurité internationale au cours des dernières années. Elle estime notamment que l'OTAN a commis une erreur majeure lors du sommet de Bucarest en avril 2008, lorsque l'alliance a promis une « porte ouverte » à long terme pour l'Ukraine et la Géorgie, sans calendrier précis pour leur adhésion. Hill et l'actuel directeur de la CIA William Burns (ambassadeur américain en Russie entre 2005 et 2008) étaient tous deux opposés à cette démarche, préconisée par Angela Merkel, que Hill décrit comme « le pire des mondes », irritant la Russie sans offrir à l'Ukraine ni à la Géorgie la moindre garantie de sécurité. Quelques mois plus tard, les forces russes ont attaqué la Géorgie lors d’un conflit dont le déroulement a préfiguré celui de février 2022.
Quant à l'évolution de la guerre, de nombreux commentateurs s'interrogent sur le rôle potentiel de la Chine, tant sur le plan militaire que diplomatique. Si certains comme Jean-Pierre Raffarin estiment que les Chinois seraient les seuls à pouvoir réellement persuader Poutine de négocier sans perdre la face, la position actuelle de Pékin envers la Russie reste assez difficile à cerner. D'une part, la Chine a présenté un « plan de paix » en 12 points qui a suscité l'intérêt de Wolodymyr Zelensky, probablement en raison de sa défense du principe de l'intégrité territoriale. En revanche, le plan chinois ne nomme pas la Russie comme agresseur et appelle à la fin des sanctions contre Moscou. La Chine et la Russie sont généralement considérées comme des alliées, ayant récemment organisé des exercices navals conjoints controversés sous l'égide de l'Afrique du Sud. Il est toutefois plus difficile de déterminer si, comme le prétend Washington, la Chine envisage effectivement de fournir une aide létale (drones, artillerie) au Kremlin – un scénario dont les ramifications pourraient être considérables. Si la fourniture d'armes chinoises pourrait bien apporter un avantage décisif aux Russes sur le champ de bataille, les États-Unis ont déjà clairement fait savoir qu'ils réagiraient par des sanctions contre la Chine, ce qui mènerait de facto la guerre en Ukraine vers un conflit mondial. Dans ce contexte, beaucoup d'analystes se penchent sur l’attitude de plusieurs nations du « Sud global » qui, comme la Chine, se sont abstenues de condamner l'agression russe lors des votes de l'ONU. Si pour certaines comme l'Afrique du Sud, cette abstention a des racines historiques (gratitude pour le soutien de l'ANC par l'URSS à l'époque de l'apartheid), on parle aussi de l’essor d'un bloc anti-occidental d'alliés circonstanciels, désireux d'affirmer leur indépendance en matière de politique étrangère. Il est impossible de juger à l'heure actuelle si ces pays s’aligneraient sur la Chine et/ou la Russie en cas d'une confrontation militaire ouverte avec l'Occident, mais il est fort probable que la question se posera avec une urgence croissante dans un avenir proche.
En ce qui concerne le volet historique, le débat continue sur la responsabilité partielle de l'Occident par rapport à la guerre en Ukraine. Pour certains, le récit reste celui d'une réponse russe inexcusable mais inévitable face au supposé expansionnisme de l'OTAN depuis l'effondrement de l'URSS en 1991. Pour d'autres, comme l’opposant russe et ex-champion d’échecs Garry Kasparov, les évènements de février 2022 n'ont fait que confirmer la justesse des avertissements donnés dans son livre Winter is coming (L'hiver approche, 2015), tout comme celle des mises en garde d'anciens pays du Pacte de Varsovie au sujet des ambitions néo-impérialistes de Vladimir Poutine. Pour Kasparov, il faudrait en finir avec cet « algorithme impérial » pour que la Russie ait un avenir dans la communauté internationale autre que celui d'une province chinoise. Parmi les spécialistes des affaires russes, l'ancienne conseillère de la Maison Blanche Fiona Hill a offert des propos nuancés pour UnHerd. Tout en affirmant que Poutine était déjà opposé à l'indépendance de l'Ukraine dans les années 1990, Hill met également l'accent sur la défaillance généralisée de la diplomatie par rapport à l'architecture de sécurité internationale au cours des dernières années. Elle estime notamment que l'OTAN a commis une erreur majeure lors du sommet de Bucarest en avril 2008, lorsque l'alliance a promis une « porte ouverte » à long terme pour l'Ukraine et la Géorgie, sans calendrier précis pour leur adhésion. Hill et l'actuel directeur de la CIA William Burns (ambassadeur américain en Russie entre 2005 et 2008) étaient tous deux opposés à cette démarche, préconisée par Angela Merkel, que Hill décrit comme « le pire des mondes », irritant la Russie sans offrir à l'Ukraine ni à la Géorgie la moindre garantie de sécurité. Quelques mois plus tard, les forces russes ont attaqué la Géorgie lors d’un conflit dont le déroulement a préfiguré celui de février 2022.
Quant à l'évolution de la guerre, de nombreux commentateurs s'interrogent sur le rôle potentiel de la Chine, tant sur le plan militaire que diplomatique. Si certains comme Jean-Pierre Raffarin estiment que les Chinois seraient les seuls à pouvoir réellement persuader Poutine de négocier sans perdre la face, la position actuelle de Pékin envers la Russie reste assez difficile à cerner. D'une part, la Chine a présenté un « plan de paix » en 12 points qui a suscité l'intérêt de Wolodymyr Zelensky, probablement en raison de sa défense du principe de l'intégrité territoriale. En revanche, le plan chinois ne nomme pas la Russie comme agresseur et appelle à la fin des sanctions contre Moscou. La Chine et la Russie sont généralement considérées comme des alliées, ayant récemment organisé des exercices navals conjoints controversés sous l'égide de l'Afrique du Sud. Il est toutefois plus difficile de déterminer si, comme le prétend Washington, la Chine envisage effectivement de fournir une aide létale (drones, artillerie) au Kremlin – un scénario dont les ramifications pourraient être considérables. Si la fourniture d'armes chinoises pourrait bien apporter un avantage décisif aux Russes sur le champ de bataille, les États-Unis ont déjà clairement fait savoir qu'ils réagiraient par des sanctions contre la Chine, ce qui mènerait de facto la guerre en Ukraine vers un conflit mondial. Dans ce contexte, beaucoup d'analystes se penchent sur l’attitude de plusieurs nations du « Sud global » qui, comme la Chine, se sont abstenues de condamner l'agression russe lors des votes de l'ONU. Si pour certaines comme l'Afrique du Sud, cette abstention a des racines historiques (gratitude pour le soutien de l'ANC par l'URSS à l'époque de l'apartheid), on parle aussi de l’essor d'un bloc anti-occidental d'alliés circonstanciels, désireux d'affirmer leur indépendance en matière de politique étrangère. Il est impossible de juger à l'heure actuelle si ces pays s’aligneraient sur la Chine et/ou la Russie en cas d'une confrontation militaire ouverte avec l'Occident, mais il est fort probable que la question se posera avec une urgence croissante dans un avenir proche.