L'influence grandissante des prédicateurs d'apocalypse
Écologie

L'influence grandissante des prédicateurs d'apocalypse

Par Ludovic Lavaucelle. Synthèse n°1768, Publiée le 13/12/2022 - Illustration : Shutterstock
« The Daily Mirror » – quotidien britannique à large tirage – a publié un article terriblement alarmant le 18 novembre dernier (article du Daily Mirror). Une carte de l’Angleterre montrait qu’une bonne part du territoire serait sous la mer en 2100 si le réchauffement climatique prédit à 3°C n’était pas stoppé. Une carte détaillée montrait les zones promises à cette inondation catastrophique à laquelle ne pourrait pas échapper le nord de la France…

Une telle prédiction mérite quelques vérifications. La montée du niveau de la mer est aujourd’hui estimée à 3,1 mm par an, à l’échelle de la planète (avec une marge d’erreur de 13%). La ville portuaire de Hull sur la côte nord-est de l’Angleterre, 4 mètres au-dessus du niveau de la mer, serait condamnée… Vraiment ? Il faudrait 1290 ans (et non 80) pour la voir rejoindre l’Atlantide au rythme actuel… La projection utilisée par The Daily Mirror s’appuie donc sur une montée des eaux 30 fois supérieure à celle observée actuellement. Une question légitime se pose : comment un scénario aussi extrême peut-il faire le gros titre d’un quotidien ? L’explication, selon Chris Morrison pour le média « The Daily Sceptic » (voir l’article en lien ci-dessous), se trouve dans la tendance à médiatiser des dossiers « prêts à lire » venant d’organisations partisanes ou de lobbies…

Le Daily Mirror s’est contenté de régurgiter une étude prospective de la puissante « Climate Central » basée aux États-Unis dans le New Jersey. Fondée en 2008, Climate Central se présente comme une association à but non lucratif de scientifiques et de « communicants » dont la mission est de mettre en avant les effets du changement climatique auprès du grand public. Pour ce faire, elle prépare des dossiers qui présentent des défis environnementaux locaux pour systématiquement les lier au changement climatique. Les journaux locaux américains (mais l’exemple du Daily Mirror démontre l’expansion internationale de ces méthodes) disposent d’une ressource gratuite, bien présentée et surtout très efficace puisqu’elle relie de manière souvent effrayante un problème localisé à un phénomène global. Et le sceau de « l’expertise » donne une légitimité confortable aux journaux relayant la bonne parole à leurs lecteurs.

L’influence de Climate Central ne s’arrête pas à la presse traditionnelle, loin de là… Le projet « Climate Matters » a permis de fédérer plus de 1900 journalistes et présentateurs météo aux États-Unis ces 10 dernières années, touchant près de 247 communautés à travers les nombreuses chaînes de télévision locales. Le principe reste le même : offrir des dossiers avec force graphiques, courbes et couleurs pour systématiquement relier les phénomènes locaux au changement climatique planétaire. Avec, entre les lignes, le parti-pris que l’activité humaine est responsable du problème. Les téléspectateurs ne savent pas que derrière le sourire télégénique et la bonne humeur de la personne présentant les prévisions météorologiques, un groupe d’activistes cherche à promouvoir un narratif. Et que derrière les cartes qui utilisent des couleurs de plus en plus frappantes (par exemple, un rouge de plus en plus sombre lors d’une forte chaleur), se cache un dossier préparé par un lobby.

L’exemple du Daily Mirror tend à démontrer que certaines de ces projections sont très discutables scientifiquement. Chercher à influencer l’opinion publique a un impact politique majeur puisqu’il pousse les gouvernements à mettre en place des plans de transition énergétique au nom du « bien commun » avec des conséquences catastrophiques sur le plan économique (voire écologique !). On citera le « tout électrique » dans l’automobile, la focalisation sur les énergies « renouvelables » qui a poussé à l’abandon du nucléaire… La restriction enfin de la production agricole qui est un sujet brûlant aux Pays-Bas alors qu’on a pu mesurer l’effet délétère d’une telle politique au Sri Lanka il y a quelques mois.

Climate Central se présente comme « apolitique » mais ses généreux donateurs ne sont pas neutres. Parmi les fondateurs, on trouve la famille Schmidt (Eric Schmidt dirigeait Google jusqu’en 2011). Les grands médias, tout particulièrement la presse écrite qui peine à survivre, sont une cible prioritaire pour les très puissantes ONG américaines. La Gates Foundation de Bill Gates investit massivement : 319 millions de dollars de dons directs cumulés pour de grands médias. La somme totale est donc certainement bien supérieure en incluant les dons indirects. Les attentes sont parfois précisées : 3,6 millions de dollars pour CNN en vue de promouvoir « l’égalité de genre » dans les pays en voie de développement. La presse européenne est concernée : en France, « Le Monde » a reçu directement 4 millions de dollars de la Gates Foundation. On pointe du doigt – à raison – la corruption encouragée par de grands lobbies industriels ou étatiques. On parle moins de l’influence des ONG environnementalistes et progressistes (souvent liées) jusque dans le sourire charmant d’une présentatrice météo…



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Billionaire-funded green "churnalism"
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