Santé
L’incroyable histoire des vaccins à ARN … et leurs zones d’ombres
Il est trop tôt pour dire si Katalin Kariko aura le Prix Nobel, mais son parcours est déjà légendaire dans l’histoire des sciences. Née dans un petit village de Hongrie, elle se passionne très tôt pour la biologie et vu le peu de moyens disponibles dans son pays natal émigre aux États-Unis. Elle se spécialise très vite dans l’ARN, cette molécule qui joue les messagers en allant de l’ADN vers les protéines dont elle permet la fabrication.
Les vaccins classiques contiennent une partie d’un virus, qui est présenté à l’organisme pour déclencher une réaction immunitaire, le préparant pour la confrontation avec le véritable virus. Mais imaginons un instant que l’on fournisse à l’organisme non pas le virus, mais son ARN ? Dans ce cas-là, l’organisme serait susceptible de fabriquer lui-même le virus en interne ! Or, dans un tel cas, la fabrication des anticorps pourrait être beaucoup plus efficace, puisqu’un même organisme a fabriqué à la fois l’agresseur et son remède.
C’est ce qui explique que l’efficacité des vaccins de BioNTech et de Moderna semble bien supérieure à celle d’un vaccin classique comme celui contre la grippe (même si cette efficacité n’est pas encore connue avec certitude).
Cette idée, cela fait près de 30 ans que Katalin Kariko en est porteuse. Et ses confrères l’ont traitée de folle, car les obstacles paraissent insurmontables.
Tout d’abord, l’ARN d’un virus sera considéré comme un corps étranger par l’organisme, le système immunitaire luttera contre lui, et cela peut déclencher de graves inflammations. Ensuite, il faut protéger cet ARN, sinon il sera détruit par l’organisme avant de pouvoir arriver dans une cellule pour déclencher la production par celle-ci du virus lui correspondant. Cette voie de recherche semble tellement sans espoir qu’en 1995 la titularisation de Katalin Kariko, chercheuse dans la prestigieuse Université de Pennsylvanie est refusée, elle doit continuer ses recherches dans une cave...
Mais elle s’acharne, et en 2005, avec un collègue, c’est enfin un premier succès, elle brevète une technologie pour rendre l’ARN d’un virus en partie inoffensif quand il rentre dans un corps humain (le vaccin actuel n’en déclenche pas moins près de 10 fois plus d’allergies graves que celui contre la grippe). Il faudra encore 10 ans de plus pour résoudre le second problème : protéger l’ARN dans une nanoparticule de lipides (une boule de graisse pour faire simple) qui se dissoudra d’elle-même quand l’ARN rentrera enfin dans les cellules où il pourra commencer son travail.
L’Université de Pennsylvanie s’était débarrassée pour 300 000 $ du brevet réalisé par Katalin Kariko en 2005. Aujourd’hui, BioNTech et Moderna ont dû racheter une simple licence non-exclusive 75 M$ chacun pour fabriquer le vaccin ! Ce qui montre que ce brevet vaut désormais des centaines de M$.
Katalin Kariko n’a rien touché de cet argent, elle a toujours sa vieille voiture et vit dans la banlieue de Philadelphie. Elle a néanmoins accepté la vice-présidence de BioNTech pour surveiller ce que deviennent ses découvertes.
Mais l’histoire de Katalin Kariko va croiser celle d’un autre émigré de l’Est : le serbe Mirko Beljanski. Lui aussi passionné de biologie obtient une place de chercheur à l’Institut Pasteur dans les années 1960. C’est l’époque du règne de Jacques Monod et de son « dogme fondamental » de la génétique selon lequel l’information ne peut aller que dans un seul sens, de l’ADN vers l’ARN puis vers les protéines. Or Mirko Beljanski découvre une enzyme, la transcriptase inverse, qui, dans un organisme, est capable de transformer l'ARN en ADN ! C’est un crime de lèse-majesté, et comme le serbe est une forte tête, le clash est inévitable. Il est licencié de l’Institut Pasteur et doit continuer ses recherches... dans un garage.
Peu de temps après, les américains Temin et Baltimore auront le prix Nobel de Médecine pour la même découverte qu’ils ont refaite indépendamment.
Parallèlement, Mirko Beljanski prétend avoir mis au point des médicaments contre le cancer dont il est de notoriété publique qu’ils ont servi à François Mitterrand… alors qu’ils étaient interdits de diffusion en France et que Beljanski fut condamné pour exercice illégale de la pharmacie.
Mais la grande question est : qu’arriverait-il si, dans notre corps, le vaccin issu des travaux de Katalin Kariko rencontrait l’enzyme découverte par Mirko Beljanski ?
Celle-ci inscrirait-elle dans notre ADN le virus du COVID-19 ? C’est exactement ce qu’elle fait déjà pour le virus du SIDA (ou pour le spumavirus par exemple), car justement, si un organisme n’arrive pas à se débarrasser de ce virus, c’est parce qu’il est accompagné de sa propre transcriptase inverse qui lui permet de s’insérer dans l’ADN de son hôte ! Curieusement, alors que l’on nous abreuve d’informations sur cette nouvelle technologie objectivement extraordinaire des vaccins à ARN, aucun grand média n’a jamais abordé ce sujet (même s’il y a eu des lanceurs d’alerte comme le Professeur Perronne). C’est pourtant une question tout à fait fondamentale.
Serait-il plus raisonnable d’attendre l’arrivée de vaccins classiques mais moins efficaces comme celui de Sanofi Pasteur qui sera en fonction d’ici à fin 2021 ? Il semble que nous n’en aurons même pas la possibilité, puisqu’Olivier Véran vient d’expliquer que les français n’auront pas le droit de choisir leur vaccin ! Autant cela paraît normal pour un vaccin contre la grippe, autant dans le cas où il existera deux technologies aussi différentes, avec une réelle incertitude sur les effets à long terme pour la première au vu de son caractère novateur (voir cette vidéo de Didier Raoult à 5'00, entre autres), cela peut paraître comme un pur scandale.
Le grand combat de demain ne sera peut-être pas « pour » ou « contre » la vaccination (il est urgent de sortir de cette crise sanitaire pour ne pas tomber dans une crise économique plus grave, et on ne voit pas comment on le ferait hors vaccination), mais dans la lutte pour le droit de choisir son vaccin.
Les vaccins classiques contiennent une partie d’un virus, qui est présenté à l’organisme pour déclencher une réaction immunitaire, le préparant pour la confrontation avec le véritable virus. Mais imaginons un instant que l’on fournisse à l’organisme non pas le virus, mais son ARN ? Dans ce cas-là, l’organisme serait susceptible de fabriquer lui-même le virus en interne ! Or, dans un tel cas, la fabrication des anticorps pourrait être beaucoup plus efficace, puisqu’un même organisme a fabriqué à la fois l’agresseur et son remède.
C’est ce qui explique que l’efficacité des vaccins de BioNTech et de Moderna semble bien supérieure à celle d’un vaccin classique comme celui contre la grippe (même si cette efficacité n’est pas encore connue avec certitude).
Cette idée, cela fait près de 30 ans que Katalin Kariko en est porteuse. Et ses confrères l’ont traitée de folle, car les obstacles paraissent insurmontables.
Tout d’abord, l’ARN d’un virus sera considéré comme un corps étranger par l’organisme, le système immunitaire luttera contre lui, et cela peut déclencher de graves inflammations. Ensuite, il faut protéger cet ARN, sinon il sera détruit par l’organisme avant de pouvoir arriver dans une cellule pour déclencher la production par celle-ci du virus lui correspondant. Cette voie de recherche semble tellement sans espoir qu’en 1995 la titularisation de Katalin Kariko, chercheuse dans la prestigieuse Université de Pennsylvanie est refusée, elle doit continuer ses recherches dans une cave...
Mais elle s’acharne, et en 2005, avec un collègue, c’est enfin un premier succès, elle brevète une technologie pour rendre l’ARN d’un virus en partie inoffensif quand il rentre dans un corps humain (le vaccin actuel n’en déclenche pas moins près de 10 fois plus d’allergies graves que celui contre la grippe). Il faudra encore 10 ans de plus pour résoudre le second problème : protéger l’ARN dans une nanoparticule de lipides (une boule de graisse pour faire simple) qui se dissoudra d’elle-même quand l’ARN rentrera enfin dans les cellules où il pourra commencer son travail.
L’Université de Pennsylvanie s’était débarrassée pour 300 000 $ du brevet réalisé par Katalin Kariko en 2005. Aujourd’hui, BioNTech et Moderna ont dû racheter une simple licence non-exclusive 75 M$ chacun pour fabriquer le vaccin ! Ce qui montre que ce brevet vaut désormais des centaines de M$.
Katalin Kariko n’a rien touché de cet argent, elle a toujours sa vieille voiture et vit dans la banlieue de Philadelphie. Elle a néanmoins accepté la vice-présidence de BioNTech pour surveiller ce que deviennent ses découvertes.
Mais l’histoire de Katalin Kariko va croiser celle d’un autre émigré de l’Est : le serbe Mirko Beljanski. Lui aussi passionné de biologie obtient une place de chercheur à l’Institut Pasteur dans les années 1960. C’est l’époque du règne de Jacques Monod et de son « dogme fondamental » de la génétique selon lequel l’information ne peut aller que dans un seul sens, de l’ADN vers l’ARN puis vers les protéines. Or Mirko Beljanski découvre une enzyme, la transcriptase inverse, qui, dans un organisme, est capable de transformer l'ARN en ADN ! C’est un crime de lèse-majesté, et comme le serbe est une forte tête, le clash est inévitable. Il est licencié de l’Institut Pasteur et doit continuer ses recherches... dans un garage.
Peu de temps après, les américains Temin et Baltimore auront le prix Nobel de Médecine pour la même découverte qu’ils ont refaite indépendamment.
Parallèlement, Mirko Beljanski prétend avoir mis au point des médicaments contre le cancer dont il est de notoriété publique qu’ils ont servi à François Mitterrand… alors qu’ils étaient interdits de diffusion en France et que Beljanski fut condamné pour exercice illégale de la pharmacie.
Mais la grande question est : qu’arriverait-il si, dans notre corps, le vaccin issu des travaux de Katalin Kariko rencontrait l’enzyme découverte par Mirko Beljanski ?
Celle-ci inscrirait-elle dans notre ADN le virus du COVID-19 ? C’est exactement ce qu’elle fait déjà pour le virus du SIDA (ou pour le spumavirus par exemple), car justement, si un organisme n’arrive pas à se débarrasser de ce virus, c’est parce qu’il est accompagné de sa propre transcriptase inverse qui lui permet de s’insérer dans l’ADN de son hôte ! Curieusement, alors que l’on nous abreuve d’informations sur cette nouvelle technologie objectivement extraordinaire des vaccins à ARN, aucun grand média n’a jamais abordé ce sujet (même s’il y a eu des lanceurs d’alerte comme le Professeur Perronne). C’est pourtant une question tout à fait fondamentale.
Serait-il plus raisonnable d’attendre l’arrivée de vaccins classiques mais moins efficaces comme celui de Sanofi Pasteur qui sera en fonction d’ici à fin 2021 ? Il semble que nous n’en aurons même pas la possibilité, puisqu’Olivier Véran vient d’expliquer que les français n’auront pas le droit de choisir leur vaccin ! Autant cela paraît normal pour un vaccin contre la grippe, autant dans le cas où il existera deux technologies aussi différentes, avec une réelle incertitude sur les effets à long terme pour la première au vu de son caractère novateur (voir cette vidéo de Didier Raoult à 5'00, entre autres), cela peut paraître comme un pur scandale.
Le grand combat de demain ne sera peut-être pas « pour » ou « contre » la vaccination (il est urgent de sortir de cette crise sanitaire pour ne pas tomber dans une crise économique plus grave, et on ne voit pas comment on le ferait hors vaccination), mais dans la lutte pour le droit de choisir son vaccin.