L’hymne des Bleus pour l’Euro donne des bleus à la France
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L’hymne des Bleus pour l’Euro donne des bleus à la France

Par Philippe Oswald. Synthèse n°1282, Publiée le 22/05/2021
La Fédération française de football (FFF) a annoncé le 19 mai avoir choisi le clip « Ecris mon nom en bleu » du rappeur Youssoupha comme hymne officiel des Bleus pour le Championnat d’Europe de football (11 juin-11 juillet). Ce choix a soulevé une tempête. Ce ne sont pas les paroles du clip qui sont pointées du doigt mais le rappeur lui-même. Il lui est reproché d’avoir tenu des propos haineux à l’encontre de la police, de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour. « Comme dans c’rêve où ma semence de nègre fout en cloque cette chienne de Marine Le Pen », a-t-il chanté en 2006 (dans «Éternel Recommencement») : un appel au viol. En 2009, les chroniques de Zemmour lui avaient inspiré ces paroles : « A force de juger nos gueules, les gens le savent qu’à la télé souvent les chroniqueurs diabolisent les banlieusards, chaque fois que ça pète on dit que c’est nous, je mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d’Éric Zemmour » (« A force de le dire »). Zemmour avait porté plainte pour « menaces de crime et injure publique ». La 17ème chambre du tribunal correctionnel de Paris avait condamné Youssoupha à une amende avec sursis et à des dommages et intérêts en 2011, mais la Cour d’appel de Paris avait annulé ce jugement un an plus tard en évoquant « un style artistique permettant un recours possible à une certaine dose d’exagération ».

Youssoupha Mabiki Zola (né à Kinshasa -RDC- en 1979, et arrivé en France à l'âge de 10 ans mais qui est retourné vivre en Afrique avec sa famille) a été défendu par la ministre déléguée aux Sports, Roxana Maracineanu, au micro de BFMTV : « Youssoupha est un chanteur militant qui dénonce le racisme et qui est pour la diversité. Cela tombe bien car le sport partage ces valeurs-là, et plus spécifiquement la Fédération Française de Football. La chanson de Youssoupha met le maillot de l’équipe de France et le drapeau de la France comme un trait d’union entre tous ces joueurs qui participeront à l’Euro. De mon point de vue, c’est un bon choix. » Mais sa défense a un peu molli alors que la polémique gagnait en intensité : « Bien sûr, quand on parle d’une femme de cette manière-là, je ne peux qu’être pas d’accord » a-t-elle concédé sur le plateau de France info le 21 mai, tout en persistant à défendre « le bon choix » de la Fédération française de football pour « rassembler les individus, quelles que soient leurs croyances, leurs origines, leurs opinions ou leur couleur de peau. »

Sans surprise, les critiques ont fusé du côté du Rassemblement National et de ses alliés : « Benzema avait un jour dit que Didier Deschamps cédait à une partie raciste de la France. Je pense qu’aujourd’hui, on a cédé une partie racaille de la France en choisissant ce type de propos », a réagi Jordan Bardella, vice-président du RN. Les propos de Youssoupha à l’encontre de Marine Le Pen sont « une insulte faite à toutes les femmes » a jugé le député européen RN Gilbert Collard sur BFMTV, le 21 mai. Il a rappelé que le rappeur avait aussi visé la police : « Nique sa mère le commissaire et son salaire de misère » (« Paname Boss »). Pour sa part, Jean Messiha, président de l’Institut Apollon, a qualifié Youssoupha de « rappeur anti-France» dans Morandini Live sur CNews, jeudi 20 mai. Même indignation du maire de Béziers, Robert Ménard, sur le plateau des Grandes Gueules de RMC jeudi 20 mai.

Mais les critiques sur le choix de Youssoupha ne sont pas seulement venues de droite. L’ancien député PS et maire de Sarcelles François Pupponi, député du Val-d'Oise et aujourd’hui membre du MoDEM, a déclaré sur Cnews le 21 mai : « Celui qui a décidé ça a décidé que Marine Le Pen devait être présidente en 2022, mettez-vous à la place d'un certain nombre de Français qui vont dire 'ce n'est plus possible' » Quant à Eric Naulleau, l’essayiste « frère ennemi » de Zemmour sur la chaîne Paris Première, il a tweeté le 20 mai : « Non content d’avoir tenu des propos inqualifiables sur Marine Le Pen et Éric Zemmour, Youssoupha a composé une chanson toute pourrie en guise d’hymne officiel des Bleus. Nouveau signe d’un dérèglement général du système des valeurs. » De fait, ce sont tous les Français que provoque le rappeur dans l’album « A chaque frère » : «J'fais plus confiance à la France/Elle nous accuse d'être dissipés mais ses dés/Étaient pipés d'avance. /Et j'm'en tape de tous ces rappels à l'ordre,/ Bientôt j'me taille au bled dépenser l'argent de tes allocs» (« Les apparences nous mentent»).

A la FFF, après s'être réjoui du retour de Karim Benzema, on soutient à présent que ce clip n’est « en aucun cas » un hymne officiel pour l’Euro. Selon Le Figaro (21 mai), « ni les joueurs, ni Didier Deschamps ou son staff, n’ont été mis au courant de cette opération marketing de la FFF » et pas davantage « le président de la Fédération française de football, Noël Le Graët » avant que la polémique flambe dans les médias et sur les réseaux sociaux.
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L’hymne des Bleus pour l’Euro donne des bleus à la France
Hymne des Bleus : qui est Youssoupha, le rappeur fustigé par le RN ?
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