International
L'exception portugaise
Si l’Espagne fait figure de grand malade de l’Europe, le Portugal affiche une forme déconcertante qui étonne les observateurs. Avec 762 morts et 21 000 contaminés, ce pays peut s’enorgueillir de statistiques exceptionnelles et surtout, le nombre de victimes augmente très peu depuis le début de la pandémie. Il suffit de le comparer à la Belgique. Les deux pays comptent à peu près le même nombre d'habitants, même si le Portugal est trois fois plus étendu. La Belgique déplore 6000 morts pour deux fois plus de personnes infectées ! Pourtant, à rebours du modèle allemand souvent cité en exemple, le Portugal est un pays très centralisé disposant de très peu d’infrastructures hospitalières. « Si nous avions eu une avalanche de cas comme on en a vu ailleurs, le pays n’aurait pas eu les moyens d’y répondre », concède Joao Ribeiro, directeur du service de médecine intensive de l’hôpital Santa Maria à Lisbonne, interrogé par Ouest-France. Le Portugal est le pays d’Europe qui a le moins de lits de soins intensifs par habitant.
Dès lors, à quoi attribuer cette performance sanitaire ?
Essentiellement à la réaction rapide des autorités portugaises. Les deux premiers cas surviennent le 2 mars. L’un vient d’Espagne, l’autre d’Italie. Le 13 mars, le Portugal ferme les 1200 kilomètres de sa frontière unique avec l’Espagne.« Au même moment, celles de la France avec l’Espagne et l’Italie demeurent grandes ouvertes », relève Yves Léonard, spécialiste de l’histoire contemporaine du Portugal à Science Po. Le Premier ministre socialiste Antonio Costa décrète l'état d'alerte pour mobiliser la protection civile et les forces de l'ordre. Ce déploiement s’appuie sur une l’expérience opérationnelle acquise notamment dans la lutte contre les incendies de forêts. Le Portugal ne compte encore que quelques cas, lorsque le pays ferme les écoles. Prise à ce stade, cette mesure joue un rôle décisif. Et le gouvernement y tient. Même si le confinement va avoir lieu dès le 2 mai, les écoles maternelles et primaires ne rouvriront pas avant septembre. Quant aux collèges et lycées, ils ne reprendront que partiellement. D’autres observateurs soulignent aussi l'élimination du Benfica Lisbonne et du FC Porto dès les huitièmes de finale de la Ligue des champions.
Il y a la géographie. Contrairement à la Belgique, le Portugal n’est ni un carrefour ni un lieu de passage. Situé « dans un coin » de la péninsule ibérique, il regarde vers l’Atlantique. À la différence de l’Espagne, il conserve une culture maritime qui l’éloigne des flux continentaux. Cette ambiance est très perceptible à Lisbonne, porte ouverte sur le grand large.
Enfin, il y a la mentalité, comme le relève José Dos Santos, journaliste, présentateur de journal télévisé, confiné au nord de la capitale : « Le Portugais est individualiste, timide, aime vivre chez lui et respecte les instructions qu’on lui donne », ce dernier point expliquant que la diaspora lusitanienne soit appréciée des patrons français. « L’Espagnol, précise José Dos Santos, vit dehors, aime faire la fête dans la rue et se mélange volontiers aux autres. » En fait, il y a autant de différences entre les deux voisins qu’entre un Italien et un Autrichien.
Toutefois, ces explications ne sauraient suffire en soi. La frontière n'est pas si hermétique qu'on le dit. Il subsiste six ou sept points de passage avec l’Espagne. Quant aux plages portugaises, elles ne sont pas aussi désertes qu’Omaha Beach. Le Portugais n'est pas toujours discipliné. Contrairement à une idée reçue, le pays n’est plus du tout rural : les trois quarts de la population vivent sur le littoral. Cette densité aurait dû favoriser l’épidémie. Dernier point : le tourisme. Le Portugal n’est pas à la périphérie de l’Europe, comme on se plaît à le dire : c’est une destination courue et pas seulement des retraités français y cherchant l’exil fiscal. Il y a beaucoup d'Anglais. En outre, la diaspora très importante aurait pu répandre le Covid-19 de manière spectaculaire, d'autant que les Portugais restés au pays sont assez âgés et donc plus fragiles. Mais le gouvernement sut anticiper en prévenant très tôt ses ressortissants à l'étranger qu'ils ne pourraient pas venir pour les fêtes de Pâques.
Dès lors, à quoi attribuer cette performance sanitaire ?
Essentiellement à la réaction rapide des autorités portugaises. Les deux premiers cas surviennent le 2 mars. L’un vient d’Espagne, l’autre d’Italie. Le 13 mars, le Portugal ferme les 1200 kilomètres de sa frontière unique avec l’Espagne.« Au même moment, celles de la France avec l’Espagne et l’Italie demeurent grandes ouvertes », relève Yves Léonard, spécialiste de l’histoire contemporaine du Portugal à Science Po. Le Premier ministre socialiste Antonio Costa décrète l'état d'alerte pour mobiliser la protection civile et les forces de l'ordre. Ce déploiement s’appuie sur une l’expérience opérationnelle acquise notamment dans la lutte contre les incendies de forêts. Le Portugal ne compte encore que quelques cas, lorsque le pays ferme les écoles. Prise à ce stade, cette mesure joue un rôle décisif. Et le gouvernement y tient. Même si le confinement va avoir lieu dès le 2 mai, les écoles maternelles et primaires ne rouvriront pas avant septembre. Quant aux collèges et lycées, ils ne reprendront que partiellement. D’autres observateurs soulignent aussi l'élimination du Benfica Lisbonne et du FC Porto dès les huitièmes de finale de la Ligue des champions.
Il y a la géographie. Contrairement à la Belgique, le Portugal n’est ni un carrefour ni un lieu de passage. Situé « dans un coin » de la péninsule ibérique, il regarde vers l’Atlantique. À la différence de l’Espagne, il conserve une culture maritime qui l’éloigne des flux continentaux. Cette ambiance est très perceptible à Lisbonne, porte ouverte sur le grand large.
Enfin, il y a la mentalité, comme le relève José Dos Santos, journaliste, présentateur de journal télévisé, confiné au nord de la capitale : « Le Portugais est individualiste, timide, aime vivre chez lui et respecte les instructions qu’on lui donne », ce dernier point expliquant que la diaspora lusitanienne soit appréciée des patrons français. « L’Espagnol, précise José Dos Santos, vit dehors, aime faire la fête dans la rue et se mélange volontiers aux autres. » En fait, il y a autant de différences entre les deux voisins qu’entre un Italien et un Autrichien.
Toutefois, ces explications ne sauraient suffire en soi. La frontière n'est pas si hermétique qu'on le dit. Il subsiste six ou sept points de passage avec l’Espagne. Quant aux plages portugaises, elles ne sont pas aussi désertes qu’Omaha Beach. Le Portugais n'est pas toujours discipliné. Contrairement à une idée reçue, le pays n’est plus du tout rural : les trois quarts de la population vivent sur le littoral. Cette densité aurait dû favoriser l’épidémie. Dernier point : le tourisme. Le Portugal n’est pas à la périphérie de l’Europe, comme on se plaît à le dire : c’est une destination courue et pas seulement des retraités français y cherchant l’exil fiscal. Il y a beaucoup d'Anglais. En outre, la diaspora très importante aurait pu répandre le Covid-19 de manière spectaculaire, d'autant que les Portugais restés au pays sont assez âgés et donc plus fragiles. Mais le gouvernement sut anticiper en prévenant très tôt ses ressortissants à l'étranger qu'ils ne pourraient pas venir pour les fêtes de Pâques.