
L’Europe plongée dans le brouillard du Brexit
Alors, soft ou hard Brexit ? Sortie de l’UE avec ou sans accord ? Le suspense est relancé. Tenace, Theresa May espère revenir au sommet européen de Bruxelles, jeudi 21 mars prochain, avec un accord de sortie approuvé par les députés britanniques. Si ceux-ci recalaient à nouveau l'accord, un nouveau report pourrait durer deux ans et devrait logiquement impliquer l'organisation au Royaume Uni des élections du mois de mai pour le parlement européen : c’est du moins la menace que Theresa May agite pour effrayer les « hard brexiters ». Mais si le Parlement britannique approuvait l’accord sur le Brexit au début de la semaine prochaine, il faudrait de toute façon une prolongation jusqu’à fin juin pour adopter la législation nécessaire…. Un délai technique auquel consentiraient sans doute les Européens dans ce cas de figure d’un vote favorable des députés. En revanche, faute d’accord aux Communes sur un soft Brexit, l’unanimité requise entre les vingt-sept pays membres de l’UE pour consentir aux Britanniques un nouveau report, a fortiori de longue durée, est loin d’être acquise. « J'inviterai les Vingt-Sept à accorder une longue prolongation si le Royaume-Uni accepte de repenser sa stratégie pour le Brexit et parvient à dégager un consensus autour de celle-ci », a averti le 14 mars le président du Conseil européen, Donald Tusk, venu en renfort de Theresa May.
Mais au fait, pour quoi faire, ce « backstop », ce nouveau délai ? Mettre en place un vrai-faux Brexit ? Organiser une élection ou un nouveau référendum au Royaume-Uni ? Difficile à imaginer, alors que les députés britanniques, ce même 14 mars, juste avant de voter pour le report, ont rejeté par 334 voix contre 85, l’amendement appelant le gouvernement à organiser un second référendum … Seule quasi-certitude : la sortie britannique de l'UE n'aura pas lieu le 29 mars comme cela était acté depuis près de trois ans. « En résumé, ils ne veulent ni sortir, ni ne pas sortir, ni rester, et pas non plus ne pas rester. Ils ont fermé toutes les portes de la pièce (…) Cette affaire est le plus grand fiasco politique mondial depuis au moins un quart de siècle » estime François Lenglet, dans son éditorial de RTL (15 mars).