L’euro coûte très cher aux Français
Économie

L’euro coûte très cher aux Français

Par Philippe Oswald. Synthèse n°589, Publiée le 28/02/2019
Cher euro ! Les Français y semblent attachés au point que même le Rassemblement national ne parle plus d’un retour au franc. Mais voilà : c’est un produit de luxe, il faut avoir les moyens de se le payer. Justement, c’est d’Allemagne, un pays dont l’euro dope la prospérité, que vient une étude plutôt dépitante pour les Français. Intitulée « 20 ans d’euro : perdants et gagnants, une enquête empirique », cette étude réalisée par un think tank allemand d’inspiration libérale, le Centre de politique européenne de Fribourg, leur apprend qu’après les Italiens, ils sont les grands perdants de la monnaie unique depuis son adoption, il y a vingt ans : chaque Français aurait perdu -56 000 € de pouvoir d’achat sur la période 1999-2017 (soit -260 euros par mois) …et les Italiens -73 605 € ! Les Allemands, eux, on s’en serait douté même si eux-mêmes n’en étaient pas forcément convaincus, sont les grands gagnants avec +23 116 €, suivis de près par les Néerlandais (+21 003 euros). Même les Grecs -et là, c’est une surprise- obtiendraient un modeste profit (+190 euros) grâce à un gain de prospérité dans les premières années, quasiment annihilé ensuite par la crise économique.

Cette évaluation a été obtenue en projetant, via des algorithmes eux-mêmes basés sur les données de pays hors zone euro, ce que serait le PIB par habitant d’un pays donné s’il n’avait pas adopté l’euro, et en tentant compte de la crise financière de 2009. La France (-3591 milliards d'euros sur 20 ans) et l’Italie (-4325 milliards) ont souffert de ne plus pouvoir dévaluer leurs monnaies, ce qu’elles faisaient régulièrement avant l’adoption de l’euro pour soutenir leur compétitivité quand elles n'arrivaient pas à exporter suffisamment leurs produits. Tandis que l’Allemagne (+2.000 milliards) s’appuyait sur la stabilité de l’euro, dans la continuité du deutsche mark, pour exporter ses produits de haute valeur ajoutée comme ses voitures et ses machines-outils.

Ce n’est donc pas l’euro comme tel qui serait la source du problème mais la faiblesse de notre industrie et les pesanteurs de nos dépenses publiques. Le recours à la dévaluation n’est qu’un pis-aller qu’on ne peut utiliser à répétition sauf à ruiner la monnaie. C’est bien le dynamisme de nos entreprises et la voracité d’un Etat lourdement endetté qui sont en cause (à cause, par exemple, du coût du travail et de la fiscalité sur la transmission des entreprises). De là à en conclure, comme le fait cette étude, que « pour profiter de l'euro, la France doit suivre avec rigueur la voie de la réforme du président Macron », il y a un pas…qu’on ne franchira pas, faute d’avoir vu l’exécution de la réforme annoncée de l’Etat.
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