Société
Les Français ont la chasse dans le sang
« Un gentleman anglais à la chasse à courre, c’est l’infréquentable à la poursuite de l’immangeable » aurait dit Oscar Wilde. La Manche sépare décidément deux mondes, et la chasse montre combien sont différents les sujets de sa Majesté et les citoyens de la République française… La chasse reste un domaine réservé à l’aristocratie britannique alors que les chasseurs de l’Hexagone ne montent pas, littéralement, sur de grands chevaux. Ce sont principalement des fantassins qui font vivre un droit acquis lors de la Révolution de 1789.
La saison de la chasse bat son plein en France et elle va durer jusqu’en mars. C’est le sport le plus populaire ici après le rugby et le football. John Lewis-Stempel, gentleman-farmer anglais et écrivain naturaliste, est fasciné par cette exception française. Pour Unherd (voir l’article en lien ci-dessous), il décrit ce phénomène social. La chasse est, selon lui, révélatrice de l’identité d’un pays dont l’âme est restée profondément rurale, rebelle et anti-mondialiste. Les Français restent viscéralement attachés au « patrimoine », y compris quand il s’agit de soutenir Maurice, le coq de l’Ile d’Oléron jugé bien trop matinal par quelques propriétaires de résidences secondaires. En 2019, le tribunal a tranché : Maurice garderait sa tête et les plaignants paieraient 1000 euros de dommages et intérêts à la fière propriétaire du « gallus domesticus ». Voilà une histoire gauloise qui ravit nos voisins d’outre-Manche…
L’attachement au patrimoine culturel s’impose à la classe politique française. Le France compte 1,2 million de chasseurs : il ne s’agit pas d’oublier cet électorat présent sur l’ensemble du territoire et très impliqué dans la vie des communes rurales. Le Président Macron, avant de se découvrir une passion pour Tik-Tok et les roulades filmées sur la pelouse de l’Elysée, a envoyé des messages forts aux chasseurs. Il a par exemple divisé par deux le coût du permis de chasse. La France est décidément un pays de contrastes, explique John Lewis-Stempel à ses compatriotes. C’est le berceau des trois plus grandes marques de luxe au monde (Louis Vuitton, Chanel et Hermès). Et c’est aussi le deuxième pays le plus rural d’Europe (après la Pologne). Un tiers des Français vivent dans les campagnes (contre 17% en Grande-Bretagne). L’espace rural français s’étend sur 551 500 km2, ce qui donne une densité de seulement 11 personnes par km2 – trois fois inférieure à celle de l’Angleterre.
Néanmoins, cela reste un « hobby » qui présente des risques et qui suscite de plus en plus d’opposition. L’ancien ONCFS (« Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage ») s’appelle depuis 2019 « Office français de la biodiversité », un nom qui fleure bon la technocratie à la sauce verte. Les chiffres des accidents sont choquants pour les Britanniques : depuis 1999, plus de 3000 « incidents de tir » ont été recensés en France, causant plus de 420 morts. Outre le nombre de chasseurs, c’est aussi la pratique de la chasse au gros gibier qui rend ce hobby bien plus dangereux qu’au Royaume-Uni. On utilise des fusils à longue portée (1 kilomètre) pour abattre les sangliers ou les chevreuils alors que seul le « shotgun » (fusil de chasse qui n’est efficace qu’à très courte portée et pour le petit gibier) est utilisé chez nos voisins.
Les mouvements « animalistes » et anti-chasse sont puissants dans le monde anglo-saxon et s’inscrivent dans la tendance progressiste en vogue. La pression s’accentue en France. Le RAC (« Rassemblement pour une France sans Chasse »), a priori apolitique, cherche à prendre appui sur ce mouvement de fond. Une pétition, envoyée à l’Elysée et rassemblant 200 000 signatures, propose d’interdire la chasse le dimanche. Après tout, les chasseurs sont essentiellement des hommes blancs de plus de 45 ans ! Les jeunes générations devraient accélérer la disparition de cette « pratique barbare » …
Pas si vite ! objecte notre observateur anglais. Les adhérents de la puissante FNC (« Fédération Nationale des Chasseurs »), à l’image des célèbres « irréductibles Gaulois », ont su s’adapter. Tout d’abord, la FNC s’est engagée pour combattre « l’érosion de la biodiversité » en mettant en avant les bienfaits de la chasse pour maintenir l’équilibre de la faune sauvage. Des « Dianes » sont arrivées en force sur les réseaux sociaux grâce aux photogéniques Jessica Héraud et Johanna Clermont, cassant l’image stéréotypée du chasseur moustachu. Enfin, un parlementaire sur 5 est membre du groupe « Chasse et Territoires » …
Le « en même temps » macronien a ses limites. Toute atteinte au droit de chasse est vécue comme une attaque contre la France rurale et son identité profonde. Pas moins de 20 000 manifestants ont parcouru les rues de Mont-de-Marsan le 18 septembre. Beaucoup portaient le gilet orange du chasseur. Le gouvernement français devrait se méfier : nombre de gilets orange ont porté le jaune … Et le thème de l’identité s’annonce capital pour la prochaine campagne présidentielle.
La saison de la chasse bat son plein en France et elle va durer jusqu’en mars. C’est le sport le plus populaire ici après le rugby et le football. John Lewis-Stempel, gentleman-farmer anglais et écrivain naturaliste, est fasciné par cette exception française. Pour Unherd (voir l’article en lien ci-dessous), il décrit ce phénomène social. La chasse est, selon lui, révélatrice de l’identité d’un pays dont l’âme est restée profondément rurale, rebelle et anti-mondialiste. Les Français restent viscéralement attachés au « patrimoine », y compris quand il s’agit de soutenir Maurice, le coq de l’Ile d’Oléron jugé bien trop matinal par quelques propriétaires de résidences secondaires. En 2019, le tribunal a tranché : Maurice garderait sa tête et les plaignants paieraient 1000 euros de dommages et intérêts à la fière propriétaire du « gallus domesticus ». Voilà une histoire gauloise qui ravit nos voisins d’outre-Manche…
L’attachement au patrimoine culturel s’impose à la classe politique française. Le France compte 1,2 million de chasseurs : il ne s’agit pas d’oublier cet électorat présent sur l’ensemble du territoire et très impliqué dans la vie des communes rurales. Le Président Macron, avant de se découvrir une passion pour Tik-Tok et les roulades filmées sur la pelouse de l’Elysée, a envoyé des messages forts aux chasseurs. Il a par exemple divisé par deux le coût du permis de chasse. La France est décidément un pays de contrastes, explique John Lewis-Stempel à ses compatriotes. C’est le berceau des trois plus grandes marques de luxe au monde (Louis Vuitton, Chanel et Hermès). Et c’est aussi le deuxième pays le plus rural d’Europe (après la Pologne). Un tiers des Français vivent dans les campagnes (contre 17% en Grande-Bretagne). L’espace rural français s’étend sur 551 500 km2, ce qui donne une densité de seulement 11 personnes par km2 – trois fois inférieure à celle de l’Angleterre.
Néanmoins, cela reste un « hobby » qui présente des risques et qui suscite de plus en plus d’opposition. L’ancien ONCFS (« Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage ») s’appelle depuis 2019 « Office français de la biodiversité », un nom qui fleure bon la technocratie à la sauce verte. Les chiffres des accidents sont choquants pour les Britanniques : depuis 1999, plus de 3000 « incidents de tir » ont été recensés en France, causant plus de 420 morts. Outre le nombre de chasseurs, c’est aussi la pratique de la chasse au gros gibier qui rend ce hobby bien plus dangereux qu’au Royaume-Uni. On utilise des fusils à longue portée (1 kilomètre) pour abattre les sangliers ou les chevreuils alors que seul le « shotgun » (fusil de chasse qui n’est efficace qu’à très courte portée et pour le petit gibier) est utilisé chez nos voisins.
Les mouvements « animalistes » et anti-chasse sont puissants dans le monde anglo-saxon et s’inscrivent dans la tendance progressiste en vogue. La pression s’accentue en France. Le RAC (« Rassemblement pour une France sans Chasse »), a priori apolitique, cherche à prendre appui sur ce mouvement de fond. Une pétition, envoyée à l’Elysée et rassemblant 200 000 signatures, propose d’interdire la chasse le dimanche. Après tout, les chasseurs sont essentiellement des hommes blancs de plus de 45 ans ! Les jeunes générations devraient accélérer la disparition de cette « pratique barbare » …
Pas si vite ! objecte notre observateur anglais. Les adhérents de la puissante FNC (« Fédération Nationale des Chasseurs »), à l’image des célèbres « irréductibles Gaulois », ont su s’adapter. Tout d’abord, la FNC s’est engagée pour combattre « l’érosion de la biodiversité » en mettant en avant les bienfaits de la chasse pour maintenir l’équilibre de la faune sauvage. Des « Dianes » sont arrivées en force sur les réseaux sociaux grâce aux photogéniques Jessica Héraud et Johanna Clermont, cassant l’image stéréotypée du chasseur moustachu. Enfin, un parlementaire sur 5 est membre du groupe « Chasse et Territoires » …
Le « en même temps » macronien a ses limites. Toute atteinte au droit de chasse est vécue comme une attaque contre la France rurale et son identité profonde. Pas moins de 20 000 manifestants ont parcouru les rues de Mont-de-Marsan le 18 septembre. Beaucoup portaient le gilet orange du chasseur. Le gouvernement français devrait se méfier : nombre de gilets orange ont porté le jaune … Et le thème de l’identité s’annonce capital pour la prochaine campagne présidentielle.
La sélection
The French are dying to hunt
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