Histoire
« L’Eglise n’a pas peur de l’histoire » du pontificat de Pie XII
56 ans après que la pièce « Le Vicaire » du dramaturge communiste allemand Rolf Hochhuth a dénoncé la prétendue inaction du pape Pie XII face à la Shoa pendant la Seconde Guerre mondiale, le pape François a annoncé le 4 mars qu’il allait rendre publiques les archives du Vatican sur son lointain prédécesseur. L’ouverture de ces archives, prévue pour le 2 mars 2020, jour du 81e anniversaire de l'élection d'Eugenio Pacelli à la papauté, devrait permettre aux historiens de juger sur pièces. « L'Église n'a pas peur de l'Histoire » a déclaré le pape François : « Les choix d'Eugenio Pacelli pourront paraître à certains comme une réticence et furent en fait des tentatives (...) de maintenir, dans les périodes de ténèbres les plus profondes et de cruauté, la petite flamme des initiatives humanitaires, de la diplomatie cachée mais active. » Les premières réactions de la communauté juive et des autorités israéliennes à cette annonce sont positives.
Périodiquement réanimées par des articles, des émissions ou des films (« Amen », du réalisateur grec Costa Gavras, en 2002), les critiques contre un pape qui aurait été timoré ou, pire, complice des nazis ont balayé les louanges adressées à la mémoire de Pie XII à l’occasion de son décès (1958) par des juifs, notamment romains, pour le rôle protecteur de ce pontife pendant l’occupation allemande (qu’évoque toutefois la série « La Pourpre et le Noir » téléfilm américano-italo-britannique réalisé en 1983 d'après le roman de J.P. Gallagher). Les polémiques ont repris de la vigueur lors de l’annonce de la relance du procès en béatification de Pie XII par Benoît XVI en 2009.
Avant même que les « archives secrètes » (c’est leur nom officiel ) en disent plus (leur inventaire, commencé en 2006, a pris du retard à cause de l’ampleur de la documentation : 16 millions de feuillets !), il est pourtant clairement établi que Pie XII, excellent connaisseur de l’Allemagne où il avait été nonce apostolique de 1917 à 1929, était farouchement opposé aux nazis (l’historien David Dalin, rabbin de New-York, a relevé que, sur 44 discours que Mgr Pacelli a prononcés en Allemagne entre 1917 et 1929, 40 dénoncent les dangers imminents de l’idéologie nazie). Devenu secrétaire d’Etat du pape Pie XI, le cardinal Pacelli fut le principal inspirateur de l’encyclique du Mit Brennender Sorge (1937) condamnant le nazisme. Il tenait en particulier Hitler pour un suppôt de Satan « prêt à enjamber des monceaux de cadavres » à une époque où beaucoup de dirigeants européens croyaient encore possible de composer avec lui.
Pie XII s’abstint pendant la guerre d’une condamnation solennelle des persécutions contre les juifs qui aurait déchaîné Hitler, mais il ordonna à toutes les maisons religieuses de Rome d’ouvrir leurs portes aux Juifs fuyant la déportation, notamment lors de la grande rafle du ghetto, en octobre 1943. Ces faits sont connus de longue date. Plus que des révélations, ce sont des approfondissements qu’il faut attendre de la publication intégrale des archives de cette époque.
Périodiquement réanimées par des articles, des émissions ou des films (« Amen », du réalisateur grec Costa Gavras, en 2002), les critiques contre un pape qui aurait été timoré ou, pire, complice des nazis ont balayé les louanges adressées à la mémoire de Pie XII à l’occasion de son décès (1958) par des juifs, notamment romains, pour le rôle protecteur de ce pontife pendant l’occupation allemande (qu’évoque toutefois la série « La Pourpre et le Noir » téléfilm américano-italo-britannique réalisé en 1983 d'après le roman de J.P. Gallagher). Les polémiques ont repris de la vigueur lors de l’annonce de la relance du procès en béatification de Pie XII par Benoît XVI en 2009.
Avant même que les « archives secrètes » (c’est leur nom officiel ) en disent plus (leur inventaire, commencé en 2006, a pris du retard à cause de l’ampleur de la documentation : 16 millions de feuillets !), il est pourtant clairement établi que Pie XII, excellent connaisseur de l’Allemagne où il avait été nonce apostolique de 1917 à 1929, était farouchement opposé aux nazis (l’historien David Dalin, rabbin de New-York, a relevé que, sur 44 discours que Mgr Pacelli a prononcés en Allemagne entre 1917 et 1929, 40 dénoncent les dangers imminents de l’idéologie nazie). Devenu secrétaire d’Etat du pape Pie XI, le cardinal Pacelli fut le principal inspirateur de l’encyclique du Mit Brennender Sorge (1937) condamnant le nazisme. Il tenait en particulier Hitler pour un suppôt de Satan « prêt à enjamber des monceaux de cadavres » à une époque où beaucoup de dirigeants européens croyaient encore possible de composer avec lui.
Pie XII s’abstint pendant la guerre d’une condamnation solennelle des persécutions contre les juifs qui aurait déchaîné Hitler, mais il ordonna à toutes les maisons religieuses de Rome d’ouvrir leurs portes aux Juifs fuyant la déportation, notamment lors de la grande rafle du ghetto, en octobre 1943. Ces faits sont connus de longue date. Plus que des révélations, ce sont des approfondissements qu’il faut attendre de la publication intégrale des archives de cette époque.