International
Le sort de Hongkong est un message pour l’Occident
Sombre Noël pour le « territoire semi-autonome » de Hongkong ! Anciennement autonome, devrait-on dire, puisque Pékin a piétiné le traité passé avec le Royaume Uni en 1997 qui garantissait l’autonomie politique – « un pays, deux systèmes » – de Hongkong pendant cinquante ans (cf. LSDJ n°997). Dans un silence international quasi général (y compris celui du Vatican, qui semble vouloir préserver à tout prix son accord provisoire avec la Chine), la répression pilotée par Xi Jinping depuis Pékin au nom de la nouvelle « loi de sécurité nationale » (entrée en vigueur le 1er juillet), se donne libre cours. On compte à ce jour plus de 10 000 arrestations de défenseurs de la liberté. Il n’y a plus un seul député pro-démocratie au Parlement de Hongkong : après la révocation de quatre d’entre eux, début novembre, tous les représentants de l’opposition démocratique ont démissionné.
Symbole de cette mise au pas totalitaire : l’inculpation, le 11 décembre, de l’intrépide patron de presse pro-démocratie Jimmy Lai, sous la double accusation de « fraudes » et de « collusion avec des forces étrangères ». Avant lui, fin novembre, trois jeunes figures de proue du mouvement pro-démocratie (à l’origine des manifestations géantes « des parapluies » de 2019) ont été condamnés à de la prison ferme pour avoir organisé une manifestation devant le quartier général de la police de Hong Kong en juin 2019 : 13 mois et demi pour Joshua Wong, 24 ans ; 10 mois pour Agnès Chow, 24 ans ; 7 mois pour Ivan Lam, 26 ans. Des incarcérations perpétrées « en violation de leurs droits d’expression et de réunion pacifique », a dénoncé Amnesty International. Comme eux, douze jeunes démocrates, âgés de 16 à 30 ans, des « boat people » cherchant refuge à Taïwan, ont été capturés en mer et incarcérés cet été, sans que leurs familles puissent leur rendre visite. Ils font l’objet de poursuites judiciaires, a-t-on appris cette semaine.
Mais l’inculpation la plus retentissante est celle de Jimmy Lai. Lui aussi avait été un « boat people ». Aujourd’hui âgé de 73 ans, il avait fui la Chine communiste à l’âge de 12 ans pour se réfugier à Hongkong, alors colonie britannique. Arrivé avec rien, il est devenu milliardaire dans le prêt-à-porter, puis patron de presse très influent, via le groupe Next Media dont Apple Daily, premier quotidien d’opposition de l’île. Face à Pékin, Jimmy Lai est une figure emblématique du combat des démocrates hongkongais, refusant notamment que ses médias respectent le silence imposé par Pékin sur le massacre de la place Tien An men. C’est sur l’ordre de Pékin qu’il a été emprisonné en attente d’un procès annoncé pour le printemps 2021. Sur une photo théâtralement mise en scène par le pouvoir alors qu’il était conduit au tribunal, on voit ce géant tête haute alors qu’il est non seulement menotté mais enchaîné aux gardiens qui l’encadrent. Mais pour ce catholique fervent (il s’est converti et a reçu le baptême à Hongkong) cette humiliation est un honneur parce qu’elle le configure au Christ enchaîné. « Je suis prêt pour la prison », a-t-il lancé aux juges qui lui signifiaient son incarcération jusqu’à son procès.
Immense fortune et liberté, Jimmy Lai a tout à perdre : il risque la prison à perpétuité. Mais c’est un choix qu’il assume crânement. « Hongkong est ma maison, je ne peux pas la laisser tomber au niveau où en est la Chine. Je suis arrivé ici avec rien. Il était temps que je renvoie l’ascenseur » avait-il annoncé dans un entretien au Figaro. Il aurait pu fuir mais il a jugé que son incarcération était l’arme la plus efficace contre le Parti communiste chinois, ce « monopole offrant un service minable au prix fort » selon une de ses formules percutantes (ibidem). Un autre défenseur intraitable de la liberté, le vieux cardinal Joseph Zen (88 ans), lui a rendu visite en prison. Pour l’ancien gouverneur britannique de Hongkong, Chris Patten, Jimmy Lai est « l’homme de l’année » (en lien ci-dessous).
« Des cages ne peuvent pas enfermer des âmes », avait proclamé Joshua Wong avant d’être placé en isolement. « Les Occidentaux ne se battent plus pour leurs valeurs », avait confié Jimmy Lai au Figaro. Ce double message mérite d’être médité en Occident. La France, par exemple, ne fait-elle pas preuve d’une naïveté proche de l’aveuglement en laissant le chinois Huawei implanter une usine dédiée aux solutions technologiques de réseaux mobiles dans le Bas-Rhin, qui plus est non loin d’installations militaires sensibles ? Une affaire à suivre !
Symbole de cette mise au pas totalitaire : l’inculpation, le 11 décembre, de l’intrépide patron de presse pro-démocratie Jimmy Lai, sous la double accusation de « fraudes » et de « collusion avec des forces étrangères ». Avant lui, fin novembre, trois jeunes figures de proue du mouvement pro-démocratie (à l’origine des manifestations géantes « des parapluies » de 2019) ont été condamnés à de la prison ferme pour avoir organisé une manifestation devant le quartier général de la police de Hong Kong en juin 2019 : 13 mois et demi pour Joshua Wong, 24 ans ; 10 mois pour Agnès Chow, 24 ans ; 7 mois pour Ivan Lam, 26 ans. Des incarcérations perpétrées « en violation de leurs droits d’expression et de réunion pacifique », a dénoncé Amnesty International. Comme eux, douze jeunes démocrates, âgés de 16 à 30 ans, des « boat people » cherchant refuge à Taïwan, ont été capturés en mer et incarcérés cet été, sans que leurs familles puissent leur rendre visite. Ils font l’objet de poursuites judiciaires, a-t-on appris cette semaine.
Mais l’inculpation la plus retentissante est celle de Jimmy Lai. Lui aussi avait été un « boat people ». Aujourd’hui âgé de 73 ans, il avait fui la Chine communiste à l’âge de 12 ans pour se réfugier à Hongkong, alors colonie britannique. Arrivé avec rien, il est devenu milliardaire dans le prêt-à-porter, puis patron de presse très influent, via le groupe Next Media dont Apple Daily, premier quotidien d’opposition de l’île. Face à Pékin, Jimmy Lai est une figure emblématique du combat des démocrates hongkongais, refusant notamment que ses médias respectent le silence imposé par Pékin sur le massacre de la place Tien An men. C’est sur l’ordre de Pékin qu’il a été emprisonné en attente d’un procès annoncé pour le printemps 2021. Sur une photo théâtralement mise en scène par le pouvoir alors qu’il était conduit au tribunal, on voit ce géant tête haute alors qu’il est non seulement menotté mais enchaîné aux gardiens qui l’encadrent. Mais pour ce catholique fervent (il s’est converti et a reçu le baptême à Hongkong) cette humiliation est un honneur parce qu’elle le configure au Christ enchaîné. « Je suis prêt pour la prison », a-t-il lancé aux juges qui lui signifiaient son incarcération jusqu’à son procès.
Immense fortune et liberté, Jimmy Lai a tout à perdre : il risque la prison à perpétuité. Mais c’est un choix qu’il assume crânement. « Hongkong est ma maison, je ne peux pas la laisser tomber au niveau où en est la Chine. Je suis arrivé ici avec rien. Il était temps que je renvoie l’ascenseur » avait-il annoncé dans un entretien au Figaro. Il aurait pu fuir mais il a jugé que son incarcération était l’arme la plus efficace contre le Parti communiste chinois, ce « monopole offrant un service minable au prix fort » selon une de ses formules percutantes (ibidem). Un autre défenseur intraitable de la liberté, le vieux cardinal Joseph Zen (88 ans), lui a rendu visite en prison. Pour l’ancien gouverneur britannique de Hongkong, Chris Patten, Jimmy Lai est « l’homme de l’année » (en lien ci-dessous).
« Des cages ne peuvent pas enfermer des âmes », avait proclamé Joshua Wong avant d’être placé en isolement. « Les Occidentaux ne se battent plus pour leurs valeurs », avait confié Jimmy Lai au Figaro. Ce double message mérite d’être médité en Occident. La France, par exemple, ne fait-elle pas preuve d’une naïveté proche de l’aveuglement en laissant le chinois Huawei implanter une usine dédiée aux solutions technologiques de réseaux mobiles dans le Bas-Rhin, qui plus est non loin d’installations militaires sensibles ? Une affaire à suivre !