International
Le retour des violences en Irlande du Nord, conséquence du Brexit
Les scènes de violences urbaines de la semaine dernière à Belfast et Derry-Londonderry ont rappelé à beaucoup de sombres souvenirs. De jeunes émeutiers vêtus de noir ont lancé des briques sur des véhicules de police. Un bus vide mais en feu a dévalé une rue de Belfast après avoir été truffé de cocktails molotov… Le bilan connu de sept nuits de violences est de 74 policiers blessés (on ignore le nombre de blessés dans les rangs des émeutiers). Ce regain des affrontements a inquiété la Maison Blanche, traditionnellement attentive à ce qui se passe dans l’île qui a fourni beaucoup d’immigrés aux Etats-Unis. La porte-parole américaine a déclaré : « Le Président Biden appelle de ses vœux une Irlande du Nord prospère et pacifique où toutes les communautés peuvent faire entendre leurs voix et bénéficier des avantages d’une paix durement gagnée ».
Pour l’Irlande, le Brexit est lourd de conséquences car il crée une nouvelle frontière sur une île déjà partagée. L’Irlande du Nord est divisée entre « Unionistes » principalement protestants qui veulent le maintien dans le Royaume-Uni, et les « Nationalistes » pour la plupart catholiques qui souhaitent le rattachement avec la République d’Irlande. Aujourd’hui, plus de deux décennies après la signature de « l’accord du Vendredi Saint » de 1998 et la fin des « troubles » qui avaient ensanglanté ce petit territoire (3 500 morts en trois décennies), de nouvelles tensions montent. Le crime organisé, les rivalités politiques et les conséquences du Brexit ont ravivé de vieilles haines. Les observateurs s’accordent à attribuer la responsabilité des dernières violences aux groupes unionistes. La peur de ne plus être aussi britanniques que les sujets de sa Majesté vivant en Grande-Bretagne suscite frustration et colère.
Le devenir de la frontière terrestre entre la République d’Irlande et le Royaume-Uni a été un point majeur des interminables négociations du Brexit. Longtemps lourdement militarisée, elle est un symbole des décennies de violence qui ont déchiré la région. Or, « l’accord du Vendredi Saint » de 1998 a rendu cette frontière symbolique. Avec le Brexit, la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande est devenue la seule frontière terrestre entre le Royaume-Uni et l’U.E. Pour maintenir néanmoins le libre passage entre les deux parties de l’Irlande, les négociateurs britanniques et de l’UE, au terme d’âpres négociations, ont trouvé un compromis : afin d’éviter le retour d’une frontière physique sur l'île, on déplacerait les contrôles dans les ports nord-irlandais. Ce compromis a été présenté comme un grand succès. Mais les loyalistes en Irlande du Nord se sentent aujourd’hui abandonnés, comme des laissés pour compte d’un royaume qui leur a tourné le dos, affairé par les conséquences de l’épidémie du Covid-19 et les velléités d’indépendance en Ecosse et au Pays-de-Galles.
Il ne manquait plus qu’une petite étincelle, causée par le virus… Le parquet d’Irlande du Nord a décidé de ne pas poursuivre 24 cadres du Sinn Fein (le parti nationaliste) pour avoir violé les règles sanitaires en vigueur dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 en assistant aux funérailles de Bobby Storey, membre éminent de l’IRA. Dans les quartiers unionistes, la réaction a été immédiate. Ainsi donc, des règles strictes imposées à tous étaient levées pour un petit groupe (ennemi)… La violence s’est concentrée principalement aux bordures des quartiers protestants de Belfast près de la ligne de démarcation avec les quartiers catholiques. Des deux côtés, on parle de classes populaires souffrant durement des conséquences économiques de l’épidémie.
Le Brexit, dans ce climat, a un impact concret pour les habitants d’Irlande du Nord. Ceux qui font du commerce avec le Royaume-Uni sont soumis à de nouvelles règles qui les rendent étrangers à leurs propres passeports. Paradoxalement, les échanges commerciaux passant par la Mer d’Irlande se sont accrus fortement ces derniers mois. Mais les grands groupes multinationaux, qui ont les ressources administratives, sont ceux qui ont profité de cette embellie au contraire des PME de Belfast et des coopératives agricoles d’Irlande du Nord.
Si de nouvelles manifestations sont prévues, on ne s’attend pas à un embrasement plus grave à court-terme. La présence policière a été renforcée et les adolescents vont repartir à l’école après les vacances de Pâques. Quid du plus long-terme ? De fait, « l’accord du Vendredi-Saint » prévoit la possibilité d’organiser un référendum sur le rattachement à l’Eire, prenant en compte la natalité catholique. Le Brexit pourrait accélérer le processus. Même chez les Unionistes, le rattachement à la République d’Irlande n’est plus un tabou absolu. Si Londres traite ainsi les Irlandais du Nord, y compris ses sujets les plus fidèles, le maintien est-il la meilleure option ? L’avenir serait-il meilleur dans une Irlande unie ?
Pour l’Irlande, le Brexit est lourd de conséquences car il crée une nouvelle frontière sur une île déjà partagée. L’Irlande du Nord est divisée entre « Unionistes » principalement protestants qui veulent le maintien dans le Royaume-Uni, et les « Nationalistes » pour la plupart catholiques qui souhaitent le rattachement avec la République d’Irlande. Aujourd’hui, plus de deux décennies après la signature de « l’accord du Vendredi Saint » de 1998 et la fin des « troubles » qui avaient ensanglanté ce petit territoire (3 500 morts en trois décennies), de nouvelles tensions montent. Le crime organisé, les rivalités politiques et les conséquences du Brexit ont ravivé de vieilles haines. Les observateurs s’accordent à attribuer la responsabilité des dernières violences aux groupes unionistes. La peur de ne plus être aussi britanniques que les sujets de sa Majesté vivant en Grande-Bretagne suscite frustration et colère.
Le devenir de la frontière terrestre entre la République d’Irlande et le Royaume-Uni a été un point majeur des interminables négociations du Brexit. Longtemps lourdement militarisée, elle est un symbole des décennies de violence qui ont déchiré la région. Or, « l’accord du Vendredi Saint » de 1998 a rendu cette frontière symbolique. Avec le Brexit, la frontière entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande est devenue la seule frontière terrestre entre le Royaume-Uni et l’U.E. Pour maintenir néanmoins le libre passage entre les deux parties de l’Irlande, les négociateurs britanniques et de l’UE, au terme d’âpres négociations, ont trouvé un compromis : afin d’éviter le retour d’une frontière physique sur l'île, on déplacerait les contrôles dans les ports nord-irlandais. Ce compromis a été présenté comme un grand succès. Mais les loyalistes en Irlande du Nord se sentent aujourd’hui abandonnés, comme des laissés pour compte d’un royaume qui leur a tourné le dos, affairé par les conséquences de l’épidémie du Covid-19 et les velléités d’indépendance en Ecosse et au Pays-de-Galles.
Il ne manquait plus qu’une petite étincelle, causée par le virus… Le parquet d’Irlande du Nord a décidé de ne pas poursuivre 24 cadres du Sinn Fein (le parti nationaliste) pour avoir violé les règles sanitaires en vigueur dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 en assistant aux funérailles de Bobby Storey, membre éminent de l’IRA. Dans les quartiers unionistes, la réaction a été immédiate. Ainsi donc, des règles strictes imposées à tous étaient levées pour un petit groupe (ennemi)… La violence s’est concentrée principalement aux bordures des quartiers protestants de Belfast près de la ligne de démarcation avec les quartiers catholiques. Des deux côtés, on parle de classes populaires souffrant durement des conséquences économiques de l’épidémie.
Le Brexit, dans ce climat, a un impact concret pour les habitants d’Irlande du Nord. Ceux qui font du commerce avec le Royaume-Uni sont soumis à de nouvelles règles qui les rendent étrangers à leurs propres passeports. Paradoxalement, les échanges commerciaux passant par la Mer d’Irlande se sont accrus fortement ces derniers mois. Mais les grands groupes multinationaux, qui ont les ressources administratives, sont ceux qui ont profité de cette embellie au contraire des PME de Belfast et des coopératives agricoles d’Irlande du Nord.
Si de nouvelles manifestations sont prévues, on ne s’attend pas à un embrasement plus grave à court-terme. La présence policière a été renforcée et les adolescents vont repartir à l’école après les vacances de Pâques. Quid du plus long-terme ? De fait, « l’accord du Vendredi-Saint » prévoit la possibilité d’organiser un référendum sur le rattachement à l’Eire, prenant en compte la natalité catholique. Le Brexit pourrait accélérer le processus. Même chez les Unionistes, le rattachement à la République d’Irlande n’est plus un tabou absolu. Si Londres traite ainsi les Irlandais du Nord, y compris ses sujets les plus fidèles, le maintien est-il la meilleure option ? L’avenir serait-il meilleur dans une Irlande unie ?