
Le référendum sur le climat, un pari risqué du Président
C’était la surprise du chef, ce référendum ! Le précédent remontait à 15 ans et n’avait pas été un franc succès (sur le projet de traité constitutionnel européen). Les sept ministres présents à cette rencontre avec les « conventionnels », semblaient tomber des nues… « Jusqu’ici, Emmanuel Macron a surtout cherché à gagner du temps », a tempéré Julien Bayou, secrétaire national d’EELV après avoir salué « une victoire culturelle majeure (…) pour les écologistes » (sur France-Info). « Macron c'est le coup de com' permanent », a dénoncé le président des sénateurs LR Bruno Retailleau. « Les Français ne veulent pas d'un référendum sur le climat, ils veulent un référendum sur l'immigration », s’est agacé pour sa part l'eurodéputé RN Nicolas Bay (Le Figaro).
Une réforme constitutionnelle, ce n’est pas une mince affaire. Avant d'être soumise aux suffrages des Français, elle devra d'abord être adoptée par le Parlement c’est-à-dire votée en termes identiques par les deux assemblées… On peut douter que le Sénat, où l'opposition est majoritaire, ait envie de faire cette « fleur » au président de la République. Et les Français ? Ajouteront-ils ensuite leurs propres « fleurs » au bouquet en répondant « oui » à la réforme constitutionnelle pour « sauver la planète » ? Ne préféreront-ils pas exprimer leurs angoisses et leurs frustrations en répondant « non » au questionneur plutôt qu’à la question ? C’est le risque principal de tout référendum.
Evidemment, Emmanuel Macron ne peut l’ignorer. Quel objectif poursuit-il donc avec ce coup de poker ? Evidemment déstabiliser l’opposition qui aura du mal à se défaire de l’accusation d’être « anti-écolo » si elle refuse de graver la transition écologique dans le marbre de la Constitution. Mais si elle l’acceptait, le président aurait marqué un point, sans frais à court terme, en apparaissant comme l’homme d’un consensus quasi miraculeux réalisé au nom de la protection de l’environnement. Mais ensuite, qu’adviendrait-il si les Français répondaient « non » au référendum ? Un départ tête haute du Président de la République dans une posture gaullienne avant l’échéance électorale de 2022 ? Devant l’Histoire, Emmanuel Macron n’aurait pas été chassé à cause de son bilan, mais il serait tombé au champ d’honneur de la défense de la planète. Mais ce pari du Président, en cas d’un double succès, n’est-il pas surtout risqué pour la France ? Quelle que soit l’issue des élections de 2022, on peut se demander ce que deviendrait la liberté d’entreprendre et de travailler dans une France corsetée dans une camisole verte dès l’article 1 de sa Constitution.