Écologie
Le réchauffement des océans pourrait provoquer une nouvelle ère glaciaire en Europe
C’est contre-intuitif : comment un réchauffement climatique à la fois rapide et prolongé pourrait-il rouvrir une ère glaciaire sur notre continent ? Certaines zones terrestres aujourd’hui désertiques devraient au contraire reverdir. Mais les océans jouent un rôle prépondérant pour tempérer le climat. Leur réchauffement a un premier corollaire : l’appauvrissement de leurs ressources. La vie marine se situe surtout dans les eaux sombres et froides éloignées de l’équateur. On peut s’extasier devant la beauté des eaux tropicales mais – à quelques encablures des côtes et récifs – ce sont des déserts. Les eaux arctiques, en revanche, sont naturellement riches en chlorophylle. Donc riches en plantes aquatiques, en commençant par le phytoplancton. Ces algues microscopiques constituent la base de la chaîne alimentaire maritime. Le zooplancton se nourrit de ces algues : ces animaux minuscules sont portés par les courants. Le krill (des crevettes miniatures) – qui s’en repaît – est par conséquent dense dans ces mers. Les petits poissons mangent le krill avant de devenir des proies à leur tour…
Les nutriments sont des éléments essentiels sans lesquels les déserts se forment, voire se développent. Ils coulent naturellement dans les profondeurs obscures et ils ont besoin de courants pour remonter à la surface. C’est justement ce qui manque dans les eaux proches de l’équateur. La raison est la chaleur du Soleil qui rend l’eau de la surface plus légère. Dans les océans tropicaux, l’eau chaude reste à la surface et ne se mélange pas avec les eaux froides des profondeurs… Les nutriments restent au fond, sous un désert d’eau chaude. Les mers éloignées de l’équateur sont bien plus riches en nutriments, donc en phytoplancton. La raison en est simple : les eaux étant plus froides, la différence en densité entre la surface et le fond est bien moindre. Elles se mélangent plus facilement, les nutriments circulent et remontent, déclenchant un cycle alimentaire dynamique.
Le continent européen est particulièrement concerné par ce phénomène. Alors qu’il est très au nord, par rapport aux autres zones fortement habitées sur notre planète, il échappe aux rigueurs que sa latitude devrait imposer. Le développement des civilisations européennes a été permis par un courant providentiel : le Gulf Stream. Ce courant chaud venu des Caraïbes permet tout à la fois de maintenir un climat idéalement tempéré (malgré la haute latitude) tout en rendant les côtes atlantiques et les mers entourant le continent riches en poissons. L’eau chaude pauvre en nutriments traverse l’Atlantique vers le Nord-Est. Ce faisant, elle refroidit – jusqu’à atteindre une température analogue au reste de l’eau. La différence en densité s’estompe et l’eau de surface descend et permet aux nutriments piégés dans les fonds de remonter. La densité seule ne permettrait pas cette circulation. Le Gulf Stream est aussi plus salé donc plus lourd. Près de l’équateur, le Soleil fait son travail d’évaporation sur la surface de l’océan. À l’inverse, plus près du pôle, le froid réduit fortement cette évaporation. De plus, les pluies abondantes, les nombreux fleuves, les fontes de glace apportent de grandes quantités d’eau douce qui diluent le sel. La particularité du Gulf Stream est qu’il est au départ chaud et salé. Il reste plus léger que l’eau en profondeur mais quand les températures baissent, sa teneur en sel l’alourdit et le fait glisser vers le fond.
Or le Gulf Stream est un courant fragile et susceptible d’être modifié en cas de réchauffement. Une conséquence serait un fort refroidissement du continent européen qui le ferait ressembler au Canada. Ce courant bienfaiteur pourrait être affecté de plusieurs manières. La fonte des glaces dans l’Arctique signifierait un apport d’eau douce et froide qui refroidirait le Gulf Stream plus vite qu’aujourd’hui, au point de l’empêcher d’atteindre les côtes européennes. En coulant sous la surface plus tôt, il pourrait aussi rendre les zones de pêche proches du vieux continent moins fertiles. Un autre risque est que le réchauffement de l’océan, loin de l’équateur, rendrait le mélange des eaux plus difficile. Le Gulf Stream perdrait sa capacité à faire remonter les nutriments des profondeurs. Enfin, la couverture de glace protège l’océan Arctique des vents polaires. Si cette couverture disparait, ces courants d’air glacés frapperaient l’eau directement, créant de nouveaux courants perturbant le Gulf Stream… Les scientifiques ne s’accordent pas sur la prévalence de tel ou tel scénario mais l’article du chercheur franco-espagnol Tomas Pueyo (voir en lien sur son blog) permet de recentrer le débat sur l’importance et la fragilité des équilibres maritimes – qui ont permis le miracle climatique européen dont nous bénéficions…
Les nutriments sont des éléments essentiels sans lesquels les déserts se forment, voire se développent. Ils coulent naturellement dans les profondeurs obscures et ils ont besoin de courants pour remonter à la surface. C’est justement ce qui manque dans les eaux proches de l’équateur. La raison est la chaleur du Soleil qui rend l’eau de la surface plus légère. Dans les océans tropicaux, l’eau chaude reste à la surface et ne se mélange pas avec les eaux froides des profondeurs… Les nutriments restent au fond, sous un désert d’eau chaude. Les mers éloignées de l’équateur sont bien plus riches en nutriments, donc en phytoplancton. La raison en est simple : les eaux étant plus froides, la différence en densité entre la surface et le fond est bien moindre. Elles se mélangent plus facilement, les nutriments circulent et remontent, déclenchant un cycle alimentaire dynamique.
Le continent européen est particulièrement concerné par ce phénomène. Alors qu’il est très au nord, par rapport aux autres zones fortement habitées sur notre planète, il échappe aux rigueurs que sa latitude devrait imposer. Le développement des civilisations européennes a été permis par un courant providentiel : le Gulf Stream. Ce courant chaud venu des Caraïbes permet tout à la fois de maintenir un climat idéalement tempéré (malgré la haute latitude) tout en rendant les côtes atlantiques et les mers entourant le continent riches en poissons. L’eau chaude pauvre en nutriments traverse l’Atlantique vers le Nord-Est. Ce faisant, elle refroidit – jusqu’à atteindre une température analogue au reste de l’eau. La différence en densité s’estompe et l’eau de surface descend et permet aux nutriments piégés dans les fonds de remonter. La densité seule ne permettrait pas cette circulation. Le Gulf Stream est aussi plus salé donc plus lourd. Près de l’équateur, le Soleil fait son travail d’évaporation sur la surface de l’océan. À l’inverse, plus près du pôle, le froid réduit fortement cette évaporation. De plus, les pluies abondantes, les nombreux fleuves, les fontes de glace apportent de grandes quantités d’eau douce qui diluent le sel. La particularité du Gulf Stream est qu’il est au départ chaud et salé. Il reste plus léger que l’eau en profondeur mais quand les températures baissent, sa teneur en sel l’alourdit et le fait glisser vers le fond.
Or le Gulf Stream est un courant fragile et susceptible d’être modifié en cas de réchauffement. Une conséquence serait un fort refroidissement du continent européen qui le ferait ressembler au Canada. Ce courant bienfaiteur pourrait être affecté de plusieurs manières. La fonte des glaces dans l’Arctique signifierait un apport d’eau douce et froide qui refroidirait le Gulf Stream plus vite qu’aujourd’hui, au point de l’empêcher d’atteindre les côtes européennes. En coulant sous la surface plus tôt, il pourrait aussi rendre les zones de pêche proches du vieux continent moins fertiles. Un autre risque est que le réchauffement de l’océan, loin de l’équateur, rendrait le mélange des eaux plus difficile. Le Gulf Stream perdrait sa capacité à faire remonter les nutriments des profondeurs. Enfin, la couverture de glace protège l’océan Arctique des vents polaires. Si cette couverture disparait, ces courants d’air glacés frapperaient l’eau directement, créant de nouveaux courants perturbant le Gulf Stream… Les scientifiques ne s’accordent pas sur la prévalence de tel ou tel scénario mais l’article du chercheur franco-espagnol Tomas Pueyo (voir en lien sur son blog) permet de recentrer le débat sur l’importance et la fragilité des équilibres maritimes – qui ont permis le miracle climatique européen dont nous bénéficions…