Les propos d'Emmanuel Macron disposé à « emmerder » les non-vaccinés et, plus encore, leur quasi-exclusion de la citoyenneté (« Un irresponsable n'est plus un citoyen »), ont créé trois jours de beaux tumultes à l’Assemblée nationale. Mais ce théâtre ne change rien au résultat : le passe vaccinal a été adopté en première lecture à 214 voix contre 93 (et 27 abstentions) le matin du 6 janvier… La principale perdante est Valérie Pécresse qui avait appelé les députés LR, de concert avec le président du groupe, à faire preuve de « responsabilité ». Mais à l'Assemblée nationale ce jeudi matin, seulement 28 LR se sont prononcés pour le texte quand 24 ont voté contre et 22 se sont abstenus (le groupe compte 103 membres).

Dans les rangs de LaREM, on n’a pas manqué d’ironiser : « Je ne sais pas comment ça se passera si elle devenait présidente, mais là c'est clairement la chienlit » a attaqué le chef des députés LaREM Christophe Castaner. Ces derniers jours la candidate LR avait répété que les députés de son camp « ne s'opposer(aient) pas » au projet de loi instaurant le passe vaccinal.

Force est de reconnaître que Macron a réussi son coup dans cet entretien au Parisien (4 janvier) qui a créé le scandale. Il en a remis une couche en affirmant ne rien regretter de ses propos lors de la conférence de presse du vendredi 7 janvier, donnée à l’Élysée, aux côtés d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Il « assume » ses propos dans Le Parisien comme le déploiement du drapeau européen, seul sous l’Arc de triomphe, pour lancer la présidence française de l’Union européenne.

Les Français sont certes une majorité à désapprouver la trivialité du ton présidentiel, mais sur le fond, ils approuvent ! Et tant pis pour les boucs émissaires ainsi livrés à la vindicte populaire comme s’ils étaient responsables de l’épidémie et de l’état de l’hôpital public ! Quels boucs émissaires, au fait ? Les non vaccinés, mais aussi ceux qui n’ont pas pu l’être totalement, en attendant ceux qui devront recevoir une 4ème dose, une 5ème et plus, si le coronavirus poursuit ses mutations mutines ? À moins que la variant Omicron, après avoir fait grimper en flèche les contaminations, sonne la fin de la partie en désengorgeant les hôpitaux ?

En attendant, Macron clive sans vergogne en ralliant les proeuropéens contre les eurosceptiques, les progressistes contre les conservateurs, les mondialistes contre les nationalistes, les vaccinés contre les non-vaccinés. Reste à savoir qui sont vraiment ses partisans : des européistes ? des progressistes ? des mondialistes ?... ou un peuple apeuré et exténué par la Covid, prêt à suivre aveuglément ce capitaine d’un navire hôpital juste par ce qu’il leur promet la survie… ? Efficace, sans doute, tant que sévit l’épidémie, mais un peu court, comme programme !

Il reste qu’Emmanuel Macron caracole toujours en tête dans les sondages à bientôt trois mois du premier tour. Il accroît même son avance (27%) sur Marine Le Pen et Valérie Pécresse (à égalité à 16% – en recul d’un point chacune) dans le dernier sondage Ifop-Fiducial pour Le Figaro et LCI. Face à ce trio, Éric Zemmour se stabilise (13,5%, +0,5 point) sans enclencher une nouvelle dynamique. Quant à la gauche, éparpillée façon puzzle, inutile d’en parler : on ne tire pas sur une ambulance… (son meilleur leader, Jean-Luc Mélenchon, plafonne à 8-9% dans les sondages).