Culture
Le passé simple, chef-d’œuvre en péril
« Ariane, ma sœur, de quel amour blessée / Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ! » (Phèdre - Acte I, scène 3). Cette réplique culte de la plus célèbre tragédie de Jean Racine a-t-elle encore un sens pour les moins de trente ans ? Chassé des manuels scolaires et des romans, le passé simple est en passe de rejoindre l’imparfait du subjonctif (« Lola n'avait plus qu'à goûter les beignets avant qu'on les expédiât… », Céline, Voyage au bout de la nuit) dans les oubliettes des temps et des modes décrétés obsolètes, « bourgeois » voire « aristocratiques », par les Trissotins de l’Education nationale. « La grammaire est négociable » avait déclaré Nadia Vallaud-Belkacem, du temps où elle était ministre. Sur cette pente -que tente courageusement d’infléchir son successeur Jean-Michel Blanquer-, on est assuré de « casser le logiciel même de la langue française en deux générations » alerte l'essayiste Alain Borer, juré dans cinq prix littéraires, dans un entretien au Point.
Il y souligne cette spécificité et cette subtile richesse du français qui ne se contente pas de trois temps -passé, présent, futur- comme la plupart des langues du monde, mais s'attache à situer le sujet « dans des situations temporelles de haute précision » : ce que font à merveille le futur antérieur, le plus-que-parfait, ou le passé simple « qui permet de fournir, même dans un récit au présent, un imparfait à l'intérieur du passé ». Mille ans de civilisation, de culture romane, sont contenus dans ces trésors de notre langue qui étaient encore fort bien connus et pratiqués par les gens du peuple au XXe siècle …tant que l’école primaire les leur avait transmis. Préserver ces temps de l’oubli, c’est maintenir en vie notre patrimoine culturel, assurer le lien entre les générations et conforter la capacité d’ajuster sa propre pensée.
Il y souligne cette spécificité et cette subtile richesse du français qui ne se contente pas de trois temps -passé, présent, futur- comme la plupart des langues du monde, mais s'attache à situer le sujet « dans des situations temporelles de haute précision » : ce que font à merveille le futur antérieur, le plus-que-parfait, ou le passé simple « qui permet de fournir, même dans un récit au présent, un imparfait à l'intérieur du passé ». Mille ans de civilisation, de culture romane, sont contenus dans ces trésors de notre langue qui étaient encore fort bien connus et pratiqués par les gens du peuple au XXe siècle …tant que l’école primaire les leur avait transmis. Préserver ces temps de l’oubli, c’est maintenir en vie notre patrimoine culturel, assurer le lien entre les générations et conforter la capacité d’ajuster sa propre pensée.