International
Le Parti Communiste Chinois face à une grande muraille de problèmes
Jamais Xi Jinping n’a paru aussi fragilisé… Il avait pourtant réaffirmé son contrôle sur le Parti (PCC) lors du 20ème congrès en octobre dernier. Le 17 janvier, le PCC a admis que la population chinoise avait déjà commencé à diminuer – bien plus tôt que prévu y compris par l’ONU. C’est la première fois qu’un déclin démographique est constaté depuis 1961, année d’une famine épouvantable qui avait causé la mort de dizaines de millions de Chinois. Cette fois, c’est juste l’implacable loi de la nature, 43 ans après l’instauration de la politique de « l’enfant unique ».
L’outil totalitaire du contrôle social semble cassé. C’est un signe d’une fracture profonde entre le PCC et le pays réel, explique Aaron Sarin pour Quillette (voir son article en lien). La catastrophique politique du « zéro Covid » n’a fait qu’accélérer cette rupture et la crise démographique. De nombreuses histoires épouvantables ont circulé – comme cette femme enceinte ayant perdu son enfant à la porte d’une clinique faute d’un test Covid valable. Les Chinois se rendent compte que l’obsession de Xi Jinping pour l’ordre mène au chaos. Quel jeune couple aurait envie de donner naissance dans un tel monde ?
Le taux de natalité a donc atteint un record de faiblesse : 6,77 naissances pour 1000 personnes. Le coup est rude pour le PCC dont toutes les politiques – économique, stratégique, sociale – étaient fondées sur des données irréalistes. Conséquence : le Parti va être obligé d’être plus conciliant. L’attitude de Liu He, adjoint de Xi Jinping, lors du forum de Davos en témoigne : retour à l’humilité et à l’ouverture vers l’Ouest. La Chine rêve de revenir aux jours bénis de la « mondialisation heureuse ». La pression économique est forte : Liu He a mentionné le soutien de l’État pour empêcher l’effondrement du secteur immobilier. Les semi-conducteurs constituent un défi encore plus grand. Le PCC sait qu’il doit dominer cette industrie au cœur de l’économie du 21ème siècle. Si elle est riche en matières premières, la Chine n’est pas encore capable de produire des puces de technologie avancée. Elle reste dépendante des États-Unis, de la Corée et… de Taïwan. En 2020, la Chine a importé pour 380 milliards de dollars de semi-conducteurs (18% du total de ses importations). C’est une position inconfortable que le PCC cherche à résoudre en mettant une priorité absolue sur la construction d’unités de production. Sans résultats tangibles pour l’instant.
La corruption massive en Chine explique un tel échec. Quand Pékin a ouvert les vannes de fonds publics pour subventionner le secteur, beaucoup ont voulu en profiter – du vendeur de nouilles aux électriciens – en se découvrant une soudaine compétence dans l’électronique de pointe. Le Parti a sévi mais le mal était fait. Les Américains ont senti qu’ils pouvaient porter un coup fatal en interdisant en octobre 2022 toute exportation à la Chine de semi-conducteurs avancés ou d’équipements servant à les fabriquer. Les implications sont très lourdes à court et long termes pour le développement de l’économie chinoise.
L’arrêt brusque de la politique de « zéro-Covid » a été suivi par une flambée de cas. Le PCC admet qu’il y en a eu 250 millions les 20 premiers jours de décembre. Ses propres statistiques indiquent qu’on pourrait atteindre 1 million de décès en 2023. La première conséquence est un chaos indescriptible dans les hôpitaux chinois. À terme, cette vague retombera mais les Chinois enfermés pendant 3 ans sont devenus plus fragiles. La confiance dans le PCC l’est encore plus. Le virus a été désigné par la propagande d’État comme l’ennemi à abattre. Le « zéro Covid » était la politique héroïque de tout un peuple guidé par la lumière socialiste du Parti. Du jour au lendemain, le Covid n’a plus aucune gravité … Xi Jinping a plié sous la pression. Le PCC espère que les bonnes vieilles recettes fonctionnent encore. Mais le peuple chinois ne va pas oublier ces 3 années d’enfer et la réputation de compétence du Parti est largement érodée. Même contrôlés, les réseaux sociaux se font l’écho de la colère populaire. L’écart entre riches et pauvres n’a fait que grandir. La période du Covid a creusé des fossés abyssaux concernant l’enseignement dans les campagnes.
Acculés, les régimes totalitaires n’hésitent pas à recourir aux mesures extrêmes. « Un fœtus appartient à la société » avait dit Ceausescu dans les années 60 en imposant un contrôle de la menstruation – chaque femme roumaine n’étant pas enceinte devant s’en justifier… Le PCC pourrait recourir à cette politique. Attaquer Taïwan est une autre solution pour forcer l’unité de la nation. Les stratèges américains s’inquiètent d’une possible offensive en 2025. En attendant, les opposants disparaissent et les capitalistes occidentaux sont tentés par les sourires et les caresses de Xi. Le PCC est prêt à tout pour se maintenir au pouvoir, et il connait les faiblesses des libéraux de l’Ouest : l’appât du gain allié à une naïve croyance dans le « mondialisme ».
L’outil totalitaire du contrôle social semble cassé. C’est un signe d’une fracture profonde entre le PCC et le pays réel, explique Aaron Sarin pour Quillette (voir son article en lien). La catastrophique politique du « zéro Covid » n’a fait qu’accélérer cette rupture et la crise démographique. De nombreuses histoires épouvantables ont circulé – comme cette femme enceinte ayant perdu son enfant à la porte d’une clinique faute d’un test Covid valable. Les Chinois se rendent compte que l’obsession de Xi Jinping pour l’ordre mène au chaos. Quel jeune couple aurait envie de donner naissance dans un tel monde ?
Le taux de natalité a donc atteint un record de faiblesse : 6,77 naissances pour 1000 personnes. Le coup est rude pour le PCC dont toutes les politiques – économique, stratégique, sociale – étaient fondées sur des données irréalistes. Conséquence : le Parti va être obligé d’être plus conciliant. L’attitude de Liu He, adjoint de Xi Jinping, lors du forum de Davos en témoigne : retour à l’humilité et à l’ouverture vers l’Ouest. La Chine rêve de revenir aux jours bénis de la « mondialisation heureuse ». La pression économique est forte : Liu He a mentionné le soutien de l’État pour empêcher l’effondrement du secteur immobilier. Les semi-conducteurs constituent un défi encore plus grand. Le PCC sait qu’il doit dominer cette industrie au cœur de l’économie du 21ème siècle. Si elle est riche en matières premières, la Chine n’est pas encore capable de produire des puces de technologie avancée. Elle reste dépendante des États-Unis, de la Corée et… de Taïwan. En 2020, la Chine a importé pour 380 milliards de dollars de semi-conducteurs (18% du total de ses importations). C’est une position inconfortable que le PCC cherche à résoudre en mettant une priorité absolue sur la construction d’unités de production. Sans résultats tangibles pour l’instant.
La corruption massive en Chine explique un tel échec. Quand Pékin a ouvert les vannes de fonds publics pour subventionner le secteur, beaucoup ont voulu en profiter – du vendeur de nouilles aux électriciens – en se découvrant une soudaine compétence dans l’électronique de pointe. Le Parti a sévi mais le mal était fait. Les Américains ont senti qu’ils pouvaient porter un coup fatal en interdisant en octobre 2022 toute exportation à la Chine de semi-conducteurs avancés ou d’équipements servant à les fabriquer. Les implications sont très lourdes à court et long termes pour le développement de l’économie chinoise.
L’arrêt brusque de la politique de « zéro-Covid » a été suivi par une flambée de cas. Le PCC admet qu’il y en a eu 250 millions les 20 premiers jours de décembre. Ses propres statistiques indiquent qu’on pourrait atteindre 1 million de décès en 2023. La première conséquence est un chaos indescriptible dans les hôpitaux chinois. À terme, cette vague retombera mais les Chinois enfermés pendant 3 ans sont devenus plus fragiles. La confiance dans le PCC l’est encore plus. Le virus a été désigné par la propagande d’État comme l’ennemi à abattre. Le « zéro Covid » était la politique héroïque de tout un peuple guidé par la lumière socialiste du Parti. Du jour au lendemain, le Covid n’a plus aucune gravité … Xi Jinping a plié sous la pression. Le PCC espère que les bonnes vieilles recettes fonctionnent encore. Mais le peuple chinois ne va pas oublier ces 3 années d’enfer et la réputation de compétence du Parti est largement érodée. Même contrôlés, les réseaux sociaux se font l’écho de la colère populaire. L’écart entre riches et pauvres n’a fait que grandir. La période du Covid a creusé des fossés abyssaux concernant l’enseignement dans les campagnes.
Acculés, les régimes totalitaires n’hésitent pas à recourir aux mesures extrêmes. « Un fœtus appartient à la société » avait dit Ceausescu dans les années 60 en imposant un contrôle de la menstruation – chaque femme roumaine n’étant pas enceinte devant s’en justifier… Le PCC pourrait recourir à cette politique. Attaquer Taïwan est une autre solution pour forcer l’unité de la nation. Les stratèges américains s’inquiètent d’une possible offensive en 2025. En attendant, les opposants disparaissent et les capitalistes occidentaux sont tentés par les sourires et les caresses de Xi. Le PCC est prêt à tout pour se maintenir au pouvoir, et il connait les faiblesses des libéraux de l’Ouest : l’appât du gain allié à une naïve croyance dans le « mondialisme ».
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