International
Le nouveau « républicanisme » à l’ombre de Donald Trump
La statue dorée et habillée d’un drapeau américain de Donald Trump promenée à travers la salle de conférence de la Conservative Political Action Conference 2021 (conférence annuelle des conservateurs américains) n’était pas du meilleur goût. Mais elle démontrait le retour de l’ancien président sur le devant de la scène politique. Les journalistes du New York Times, Shane Goldmacher et Elaina Plott (article en lien ci-dessous), commentent cette conférence achevée le 28 février par un discours de 90 minutes de Trump.
Quelques semaines après les émeutes du Capitole et son procès en destitution, Donald Trump domine le Parti républicain. Alors que l’histoire politique américaine ne laisse pas la part belle aux perdants d’une élection, et que les événements de janvier 2021 pouvaient faire croire à une disparition médiatique et politique de Donald Trump, 55% des électeurs républicains le désignent comme meilleur candidat pour 2024. On annonçait qu’il allait fonder son propre parti. Il n’en est rien : il l’a clairement affirmé lors de son discours. La conférence de l’aile droite républicaine a surtout montré à quel point le parti s’était profondément transformé pendant la présidence de Trump. Il a été accueilli comme une vedette alors que, pendant la campagne de 2016, il n’avait pas daigné assister à cet événement. Ses adversaires républicains, les sénateurs et représentants qui ont voté pour sa destitution, sont aujourd’hui marginalisés.
Derrière les 55% pour Trump, le sondage de 2024 apporte un autre enseignement. Les deux personnalités qui complètent le podium érigé par les électeurs républicains sont les gouverneurs de Floride (43%) et de Dakota du Sud (11%). Cela indique la domination des gouverneurs sur les sénateurs, des acteurs locaux sur les politiciens du Congrès de Washington. Ces deux gouverneurs ont la particularité d’avoir fait le choix de laisser leurs économies ouvertes pendant l’épidémie. Les journalistes du New York Times mettent en avant le mauvais ratio de décès dus à la Covid-19 au Dakota du Sud. En effet, le chiffre de 213 décès (pour 100 000) place cet État rural à la 8ème place sur 50 États de l’Union. Mais l’économie du Dakota du Sud est restée dynamique (+6,3% de revenus fiscaux entre avril et décembre 2020 par rapport à une moyenne nationale de -1,8%). L’État démocrate de New York, qui a adopté une politique restrictive, affiche un des pires ratios de 245 décès (pour 100 000). L’État républicain de Floride, qui a laissé son économie totalement ouverte, affiche seulement 144 décès (pour 100 000). Ces détails chiffrés montrent combien il est difficile de juger de l’effet objectif des mesures sociales face à l’épidémie.
La politique locale semble donc dominer la politique fédérale. On note d’ailleurs la volonté des États républicains d’adopter de nouvelles lois électorales pour encadrer strictement le mode de scrutin. En face, le Congrès fédéral aux mains des démocrates cherche à imposer une flexibilité concernant le vote par correspondance. C’est le début d’une bataille procédurière en réaction à l’élection de 2020. Rien, ou très peu, a été discuté pendant la Conférence sur la politique internationale, quant à la stratégie de redressement économique engagée par Joe Biden.
La posture prend le pas sur la politique. La conférence des conservateurs était, jusqu’à cette année, un forum de discussions visant à influencer un programme. « L’empreinte Trump » s’est vue dans les discours des intervenants aux accents revanchards, très offensifs contre Joe Biden mais peu portés sur l’articulation de politiques alternatives. Par exemple, si les Républicains s’opposent traditionnellement aux Démocrates sur la question de la dépense publique, aucun commentaire ne s’est fait entendre sur le budget de relance de 1,9 mille milliards de dollars récemment voté par le Congrès. D’ailleurs, Trump lui-même s’était fait l’avocat d’une aide directe augmentée aux ménages peu avant son départ de la Maison Blanche.
Donald Trump a donc réussi sa contre-offensive et il est, plus encore qu’en 2016, le personnage dominant du Parti républicain. Sera-t-il candidat en 2024 ou sera-t-il faiseur de roi ? Il laisse planer le doute… Quelle est l’ossature idéologique d’un Donald Trump, soutenu par les conservateurs sans en être un lui-même ? Le risque est de voir un débat politique piégé entre disputes procédurières (accusations de fraudes, nouvelles lois sur les modes de scrutin) et combat idéologique outrancier (complotisme QAnon contre marxisme racialiste de Black Lives Matter, créationnisme fondé sur une lecture littérale de la Bible contre théorie du genre…). Certes, les leaders républicains soutenant Donald Trump ont pris conscience qu’il fallait engager la lutte dès maintenant contre les politiques démocrates fortement influencées par l’extrême-gauche, avec le soutien des réseaux sociaux et des médias de masse. Mais, pour reprendre le Congrès en 2022, puis la Présidence en 2024, ils ne pourront pas faire l’économie d’un programme.
Quelques semaines après les émeutes du Capitole et son procès en destitution, Donald Trump domine le Parti républicain. Alors que l’histoire politique américaine ne laisse pas la part belle aux perdants d’une élection, et que les événements de janvier 2021 pouvaient faire croire à une disparition médiatique et politique de Donald Trump, 55% des électeurs républicains le désignent comme meilleur candidat pour 2024. On annonçait qu’il allait fonder son propre parti. Il n’en est rien : il l’a clairement affirmé lors de son discours. La conférence de l’aile droite républicaine a surtout montré à quel point le parti s’était profondément transformé pendant la présidence de Trump. Il a été accueilli comme une vedette alors que, pendant la campagne de 2016, il n’avait pas daigné assister à cet événement. Ses adversaires républicains, les sénateurs et représentants qui ont voté pour sa destitution, sont aujourd’hui marginalisés.
Derrière les 55% pour Trump, le sondage de 2024 apporte un autre enseignement. Les deux personnalités qui complètent le podium érigé par les électeurs républicains sont les gouverneurs de Floride (43%) et de Dakota du Sud (11%). Cela indique la domination des gouverneurs sur les sénateurs, des acteurs locaux sur les politiciens du Congrès de Washington. Ces deux gouverneurs ont la particularité d’avoir fait le choix de laisser leurs économies ouvertes pendant l’épidémie. Les journalistes du New York Times mettent en avant le mauvais ratio de décès dus à la Covid-19 au Dakota du Sud. En effet, le chiffre de 213 décès (pour 100 000) place cet État rural à la 8ème place sur 50 États de l’Union. Mais l’économie du Dakota du Sud est restée dynamique (+6,3% de revenus fiscaux entre avril et décembre 2020 par rapport à une moyenne nationale de -1,8%). L’État démocrate de New York, qui a adopté une politique restrictive, affiche un des pires ratios de 245 décès (pour 100 000). L’État républicain de Floride, qui a laissé son économie totalement ouverte, affiche seulement 144 décès (pour 100 000). Ces détails chiffrés montrent combien il est difficile de juger de l’effet objectif des mesures sociales face à l’épidémie.
La politique locale semble donc dominer la politique fédérale. On note d’ailleurs la volonté des États républicains d’adopter de nouvelles lois électorales pour encadrer strictement le mode de scrutin. En face, le Congrès fédéral aux mains des démocrates cherche à imposer une flexibilité concernant le vote par correspondance. C’est le début d’une bataille procédurière en réaction à l’élection de 2020. Rien, ou très peu, a été discuté pendant la Conférence sur la politique internationale, quant à la stratégie de redressement économique engagée par Joe Biden.
La posture prend le pas sur la politique. La conférence des conservateurs était, jusqu’à cette année, un forum de discussions visant à influencer un programme. « L’empreinte Trump » s’est vue dans les discours des intervenants aux accents revanchards, très offensifs contre Joe Biden mais peu portés sur l’articulation de politiques alternatives. Par exemple, si les Républicains s’opposent traditionnellement aux Démocrates sur la question de la dépense publique, aucun commentaire ne s’est fait entendre sur le budget de relance de 1,9 mille milliards de dollars récemment voté par le Congrès. D’ailleurs, Trump lui-même s’était fait l’avocat d’une aide directe augmentée aux ménages peu avant son départ de la Maison Blanche.
Donald Trump a donc réussi sa contre-offensive et il est, plus encore qu’en 2016, le personnage dominant du Parti républicain. Sera-t-il candidat en 2024 ou sera-t-il faiseur de roi ? Il laisse planer le doute… Quelle est l’ossature idéologique d’un Donald Trump, soutenu par les conservateurs sans en être un lui-même ? Le risque est de voir un débat politique piégé entre disputes procédurières (accusations de fraudes, nouvelles lois sur les modes de scrutin) et combat idéologique outrancier (complotisme QAnon contre marxisme racialiste de Black Lives Matter, créationnisme fondé sur une lecture littérale de la Bible contre théorie du genre…). Certes, les leaders républicains soutenant Donald Trump ont pris conscience qu’il fallait engager la lutte dès maintenant contre les politiques démocrates fortement influencées par l’extrême-gauche, avec le soutien des réseaux sociaux et des médias de masse. Mais, pour reprendre le Congrès en 2022, puis la Présidence en 2024, ils ne pourront pas faire l’économie d’un programme.