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Le jour de Noël, il y a trente ans, l'URSS disparaissait
Parmi les grands événements survenus le 25 décembre, on se souvient du baptême de Clovis, roi des Francs (entre 496 et 506) et du couronnement de Charlemagne à Rome, fait empereur d’Occident (800). Le premier scella l’alliance du trône et de l’autel et le second ressuscita l’empire romain. Un troisième événement survint le 25 décembre, beaucoup plus près de nous : c’est la fin de l’union soviétique (1991). De la steppe à la taïga, un vent d’Ouest disloqua la banquise rouge. Tombé deux ans plus tôt, le rideau de fer n’empêchait plus le souffle de passer. Un nouvel horizon se dégageait sur les mornes plaines du paradis socialiste.
En mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev succède à Konstantin Tchernenko. Á 54 ans, il engage le pays sur la voie des réformes. La catastrophe de Tchernobyl (1986) popularise ses maîtres-mots – perestroïka (restructuration) et glasnost (transparence). Á l’extérieur, il met fin à la guerre froide. Á l’intérieur, il se voit dépassé par les aspirations des peuples à l’indépendance.
Après un coup d’État avorté au mois d’août, le régime soviétique entre dans sa fin de vie au dernier trimestre de l’année 1991 :
Le 8 décembre, l’accord de Minsk signé entre la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine donne naissance à la Communauté des États indépendants.
Le 21, l’accord d’Alma-Ata (aujourd’hui Almaty, Kazakhstan) étend la CEI à onze des quinze anciennes républiques soviétiques. Celles-ci déclarent que « l'Union des Républiques socialistes soviétiques cesse d'exister ».
Le 24 décembre, la Russie remplace l'URSS sur le siège de membre permanent du Conseil de sécurité.
Le lendemain, jour de Noël, dans une allocution diffusée en direct à la télévision russe, Mikhaïl Gorbatchev démissionne de son poste de président de l’Union soviétique. La fonction disparaît à tout jamais. Il remet son pouvoir, y compris nucléaire, au président de la fédération de Russie, Boris Eltsine, qui avait été élu le 12 juin au suffrage universel direct. Sur le Kremlin, on descend le drapeau soviétique pour hisser les trois couleurs du tsar Pierre le Grand (1682-1725). Le 30 décembre, à Minsk, est acté le transfert des armes atomiques vers la seule Russie. On évite la prolifération du nucléaire militaire, tant redoutée par l’Europe et les États-Unis.
Trois décennies plus tard, quelles brèves leçons tirer de la fin de l’URSS ?
1. L’histoire auraient pu vriller. Le cas de la RDA était à part. Absorbée par la RFA, l’ex-Allemagne de l’Est ne pouvait servir de modèle d’intégration à un nouveau type de société. Le scénario roumain était plus plausible, avec l’élimination expéditive du couple Ceausescu à l’issue d’un simulacre de procès (22 décembre 1989). Que serait-il advenu si des révolutions sanglantes s’étaient produites dans tout le bloc soviétique ?
2. La fin de l’URSS ne vint pas des républiques islamiques d’Asie centrale, contrairement à ce que prophétisaient certains oracles. Il n’y eut aucun choc des civilisations.
3. Les abstractions font du dégât mais ne résistent pas à la longue durée. L’URSS était la seule entité à ne se référer à aucun territoire. Le citoyen soviétique n’existait pas, le paysan russe oui. Quand l’idéologie se nécrose, toute la structure se maintient par sa seule force d’inertie. Puis elle s’écroule, vermoulue.
4. Les nationalités l’emportent sur les empires. Malgré son système répressif, les déportations et les persécutions, y compris poststaliniennes, l’URSS vit un jour les peuples soulever le couvercle de la marmite. Ceux-ci étaient toujours bien en vie, comme de la braise.
5. La propagande marxiste continue à l’ouest, non via le PC aux ordres de Moscou, mais par les relais de la gauche américaine, notamment à travers le wokisme. Nul n’imaginait alors que les États-Unis deviendraient un foyer de déstabilisation idéologique. Ce qui meurt en 1991, ce n’est pas le communisme, c’est un super fascisme. Avec l’écrasement de Prague en 1968, le monde comprend que ce socialisme-là est mort. L’URSS se maintiendra aussi longtemps qu’elle se donnera le droit de tuer. L’utopie, le rêve d’un monde meilleur, est à San Francisco.
6. L’URSS nous menaçait mais le mythe de l’URSS nous protégeait. Le triomphalisme néo-libéral des années 90 rompit un certain équilibre dans la vie politique, porta préjudice à la culture de service public, au profit des pratiques managériales anglo-saxonnes.
En mars 1985, Mikhaïl Gorbatchev succède à Konstantin Tchernenko. Á 54 ans, il engage le pays sur la voie des réformes. La catastrophe de Tchernobyl (1986) popularise ses maîtres-mots – perestroïka (restructuration) et glasnost (transparence). Á l’extérieur, il met fin à la guerre froide. Á l’intérieur, il se voit dépassé par les aspirations des peuples à l’indépendance.
Après un coup d’État avorté au mois d’août, le régime soviétique entre dans sa fin de vie au dernier trimestre de l’année 1991 :
Le 8 décembre, l’accord de Minsk signé entre la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine donne naissance à la Communauté des États indépendants.
Le 21, l’accord d’Alma-Ata (aujourd’hui Almaty, Kazakhstan) étend la CEI à onze des quinze anciennes républiques soviétiques. Celles-ci déclarent que « l'Union des Républiques socialistes soviétiques cesse d'exister ».
Le 24 décembre, la Russie remplace l'URSS sur le siège de membre permanent du Conseil de sécurité.
Le lendemain, jour de Noël, dans une allocution diffusée en direct à la télévision russe, Mikhaïl Gorbatchev démissionne de son poste de président de l’Union soviétique. La fonction disparaît à tout jamais. Il remet son pouvoir, y compris nucléaire, au président de la fédération de Russie, Boris Eltsine, qui avait été élu le 12 juin au suffrage universel direct. Sur le Kremlin, on descend le drapeau soviétique pour hisser les trois couleurs du tsar Pierre le Grand (1682-1725). Le 30 décembre, à Minsk, est acté le transfert des armes atomiques vers la seule Russie. On évite la prolifération du nucléaire militaire, tant redoutée par l’Europe et les États-Unis.
Trois décennies plus tard, quelles brèves leçons tirer de la fin de l’URSS ?
1. L’histoire auraient pu vriller. Le cas de la RDA était à part. Absorbée par la RFA, l’ex-Allemagne de l’Est ne pouvait servir de modèle d’intégration à un nouveau type de société. Le scénario roumain était plus plausible, avec l’élimination expéditive du couple Ceausescu à l’issue d’un simulacre de procès (22 décembre 1989). Que serait-il advenu si des révolutions sanglantes s’étaient produites dans tout le bloc soviétique ?
2. La fin de l’URSS ne vint pas des républiques islamiques d’Asie centrale, contrairement à ce que prophétisaient certains oracles. Il n’y eut aucun choc des civilisations.
3. Les abstractions font du dégât mais ne résistent pas à la longue durée. L’URSS était la seule entité à ne se référer à aucun territoire. Le citoyen soviétique n’existait pas, le paysan russe oui. Quand l’idéologie se nécrose, toute la structure se maintient par sa seule force d’inertie. Puis elle s’écroule, vermoulue.
4. Les nationalités l’emportent sur les empires. Malgré son système répressif, les déportations et les persécutions, y compris poststaliniennes, l’URSS vit un jour les peuples soulever le couvercle de la marmite. Ceux-ci étaient toujours bien en vie, comme de la braise.
5. La propagande marxiste continue à l’ouest, non via le PC aux ordres de Moscou, mais par les relais de la gauche américaine, notamment à travers le wokisme. Nul n’imaginait alors que les États-Unis deviendraient un foyer de déstabilisation idéologique. Ce qui meurt en 1991, ce n’est pas le communisme, c’est un super fascisme. Avec l’écrasement de Prague en 1968, le monde comprend que ce socialisme-là est mort. L’URSS se maintiendra aussi longtemps qu’elle se donnera le droit de tuer. L’utopie, le rêve d’un monde meilleur, est à San Francisco.
6. L’URSS nous menaçait mais le mythe de l’URSS nous protégeait. Le triomphalisme néo-libéral des années 90 rompit un certain équilibre dans la vie politique, porta préjudice à la culture de service public, au profit des pratiques managériales anglo-saxonnes.