
Le génocide des Arméniens, 104 ans après
Ce génocide contient en son sein tous les ferments de celui qui suivra : arrestations et exécution des notables et intellectuels, exclusion des rangs de l’armée puis exécution, déportation ferroviaire, marches de la mort pour s’en débarrasser par épuisement et mort de soif. Jusqu’à l’Organisation spéciale, ces unités spéciales composées de criminels, notamment kurdes, libérés pour l’occasion et chargés d’abattre les Arméniens déportés.
C’est aussi durant ce génocide que l’Allemagne, informée du plan génocidaire de l’Empire Ottoman y participera activement. C’est en Turquie, en 1915, que Rudolf Höss, futur commandant du camp d’Auschwitz, fera ses premiers pas dans l’horreur, comme de nombreux autres officiers qui, plus tard, intègreront le parti Nazi. "Qui se souvient de l'extermination des Arméniens ?", dira Hitler à ses généraux, le 22 août 1939, à la veille d’envahir la Pologne. C’est aussi lors de ce génocide que le Vatican mesurera hélas la dimension contre-productive des interventions à deux reprises de Benoit XV en faveur des Arméniens. Celui qui deviendrait Pie XII, alors secrétaire de la Congrégation pour les affaires extraordinaires du Secrétariat d’état, était pleinement informé des massacres commis alors. Il s'en rappellera quelques décennies plus tard.
À "la grande catastrophe", le "premier génocide du XXe siècle" comme l’appelait Jean Paul II, fait aussi écho plus récemment le massacre des Chrétiens d’Orient et des Yézidis par Daesh. Certes, la France n’est pas la mieux placée pour condamner, entre les massacres de la Révolution Française et ce que Gracchus Babeuf appelait un "populicide", l’ordre d’effacer des cartes la population entière de la Vendée, hommes, femmes et enfants. Elle aura en tout cas attendu 2001 pour reconnaître officiellement ce génocide, et 2019 pour le commémorer, suite à une promesse de campagne du président Macron en 2017.