Histoire
Le général de Castelnau, grand oublié de la Grande Guerre
L’hommage aux maréchaux pour la commémoration du centenaire de l’armistice et la polémique suscitée par les propos d’Emmanuel Macron sur le maréchal Pétain, ont laissé peu d’espace pour rendre justice à un héros trop méconnu de la Grande Guerre : le général Edouard de Curières de Castelnau (1851-1944). L’occasion aurait pourtant été belle de réparer une injustice vieille d’un siècle qui priva le général du bâton de maréchal que son action et sa lucidité lui avaient amplement mérité. Les historiens en conviennent : Castelnau aurait sans conteste dû figurer au premier rang des généraux élevés à la dignité de maréchaux pendant ou à l’issue de la Grande Guerre : Joffre, Foch, Pétain, Gallieni (à titre posthume), Lyautey, Franchet d’Espèrey, Fayolle et Maunoury. Au demeurant, même si 74 ans se sont écoulés depuis sa mort, le président de la République a le pouvoir de lui conférer cette dignité à titre posthume, comme ce fut le cas pour le général Koenig, fait maréchal de France en 1984, 14 ans après sa mort, par François Mitterrand.
Le général de Castelnau fut l’un des principaux artisans de la victoire. Le prix qu’il eut personnellement à payer pour la libération du pays avec la mort au combat de trois de ses cinq fils ne parvint pas à briser son énergie, ni à obscurcir sa vision de fin stratège. La France lui dut plusieurs fois son salut, notamment en 1914 en Lorraine où, commandant la deuxième armée, il sauve Nancy, complétant ainsi la victoire de la Marne, et en 1916, à Verdun, où chef d’état-major général des armées, il pressent dès le mois de janvier l’imminence d’une grande offensive allemande et organise la défense dont il confiera ensuite le commandement à Pétain. Lui aussi se distingua, comme Pétain, de nombre de généraux par son hostilité à l’attaque à outrance. Ce catholique fervent (fondateur de l’hebdomadaire La France Catholique en 1924 ) fit tout son possible pour épargner le sang des soldats, sans rien céder à la pusillanimité, ni se départir de son énergie visionnaire. En 1918, il commandait la deuxième armée qui devait rentrer en Allemagne, quand il fut arrêté par l’armistice du 11 novembre, grave erreur stratégique à ses yeux.
A l’issue de la guerre, les poilus s’attendaient à ce qu’il soit fait maréchal. Lors du défilé de la victoire, en 1918, les acclamations à son passage étaient ponctuées du cri : « Le maréchalat ! Le maréchalat ! » Mais cet honneur lui fut refusé jusqu’au bout par La République qui ne lui pardonnait pas son franc-parler à l’égard des autorités politiques, son catholicisme fervent et les convictions monarchiques qu’on lui prêtait. Clemenceau, en particulier, nourrissait une haine sectaire à l’égard de celui qu’il surnommait « le capucin botté ». Engagé en politique entre les deux guerres, le général de Castelnau fut député de l’Aveyron dans la chambre bleu horizon puis créa la Fédération nationale catholique pour s’opposer aux mesures anticléricales du cartel des gauches. Ne s’étant jamais départi de sa liberté de jugement et de son franc-parler, il s’opposa à l’armistice et à Pétain en 1940 et noua des rapports avec la Résistance en Haute-Garonne, cachant, à 93 ans des armes dans sa cave. Il s’éteignit avant de connaître le sacrifice de trois nouveaux tués à l’ennemi dans sa famille.
Un de ses arrière-petit-fils, Laurent Lagneau, a raconté comment s’était nouée l’injustice dont fut victime Edouard de Curières de Castelnau, sur le site Zone militaire en 2016, à l’occasion du centième anniversaire du déclenchement de la bataille de Verdun.
Le général de Castelnau fut l’un des principaux artisans de la victoire. Le prix qu’il eut personnellement à payer pour la libération du pays avec la mort au combat de trois de ses cinq fils ne parvint pas à briser son énergie, ni à obscurcir sa vision de fin stratège. La France lui dut plusieurs fois son salut, notamment en 1914 en Lorraine où, commandant la deuxième armée, il sauve Nancy, complétant ainsi la victoire de la Marne, et en 1916, à Verdun, où chef d’état-major général des armées, il pressent dès le mois de janvier l’imminence d’une grande offensive allemande et organise la défense dont il confiera ensuite le commandement à Pétain. Lui aussi se distingua, comme Pétain, de nombre de généraux par son hostilité à l’attaque à outrance. Ce catholique fervent (fondateur de l’hebdomadaire La France Catholique en 1924 ) fit tout son possible pour épargner le sang des soldats, sans rien céder à la pusillanimité, ni se départir de son énergie visionnaire. En 1918, il commandait la deuxième armée qui devait rentrer en Allemagne, quand il fut arrêté par l’armistice du 11 novembre, grave erreur stratégique à ses yeux.
A l’issue de la guerre, les poilus s’attendaient à ce qu’il soit fait maréchal. Lors du défilé de la victoire, en 1918, les acclamations à son passage étaient ponctuées du cri : « Le maréchalat ! Le maréchalat ! » Mais cet honneur lui fut refusé jusqu’au bout par La République qui ne lui pardonnait pas son franc-parler à l’égard des autorités politiques, son catholicisme fervent et les convictions monarchiques qu’on lui prêtait. Clemenceau, en particulier, nourrissait une haine sectaire à l’égard de celui qu’il surnommait « le capucin botté ». Engagé en politique entre les deux guerres, le général de Castelnau fut député de l’Aveyron dans la chambre bleu horizon puis créa la Fédération nationale catholique pour s’opposer aux mesures anticléricales du cartel des gauches. Ne s’étant jamais départi de sa liberté de jugement et de son franc-parler, il s’opposa à l’armistice et à Pétain en 1940 et noua des rapports avec la Résistance en Haute-Garonne, cachant, à 93 ans des armes dans sa cave. Il s’éteignit avant de connaître le sacrifice de trois nouveaux tués à l’ennemi dans sa famille.
Un de ses arrière-petit-fils, Laurent Lagneau, a raconté comment s’était nouée l’injustice dont fut victime Edouard de Curières de Castelnau, sur le site Zone militaire en 2016, à l’occasion du centième anniversaire du déclenchement de la bataille de Verdun.