
Le coronavirus « plaie d’Egypte » de l’Empire chinois
Ce n’est pas seulement l’économie du pays qui est fortement ébranlée par le coronavirus mais l’oligarchie communiste. La colère gronde dans la population et, chose inouïe, elle se manifeste sans retenue via les réseaux sociaux. La censure est débordée depuis la mort du docteur Li Wenliang, le médecin qui, l’un des premiers, fin décembre, avait déclenché l’alerte sur le virus. Cette audace lui avait valu d’être aussitôt sanctionné, avec sept autres collègues, « pour propagation de fausses rumeurs troublant l’ordre public ». L’omerta d’Etat a retardé la lutte contre le virus dont la propagation affole la population. La colère populaire est montée d’un cran à l’annonce de la mort du jeune ophtalmologue (34 ans) lanceur d’alerte, le 7 février, à l’Hôpital central de Wuhan où il était hospitalisé depuis le 12 janvier. Le docteur Li Wenliang est devenu un martyr. Le hashtag « #JesuisWenliang » a déjà été vu plus d’un milliard de fois sur la plateforme Weibo, le « Twitter » chinois. Comme d’habitude, les autorités ont réagi par la défensive (jusqu’à affirmer que les Chinois bénéficiaient d'une totale liberté d'expression… tout en bloquant l’hashtag « #Liberté d’expression » sur Weibo !) mais elles ont été néanmoins contraintes d’annoncer l’ouverture d’une enquête sur les sanctions infligées au docteur Wenliang.
La hantise de Pékin, c’est que l’épidémie de coronavirus en cache une autre, non moins « virale » et plus dangereuse pour le régime : l’aspiration à la liberté, un virus propagé par la révolte de Hongkong. « Il faut renforcer le contrôle sur les médias et l’internet » a tonné le nouveau « Grand Timonier » Xi Jinping, lors d’une réunion du Comité permanent du Politburo, le 3 février. Qu’on ne compte pas sur lui pour instaurer la « glasnost » (transparence) et initier une « perestroïka » (reconstruction) façon Gorbatchev qui ne manqueraient pas d’être elles aussi fatales à l’Empire chinois et à sa nomenklatura ! Sur les sites musicaux et les réseaux sociaux, la censure traque l’hymne des manifestants pro-démocratie, « Do you hear the people sing ? » repris du chant de la comédie musicale « Les Misérables » d’après l’œuvre de Victor Hugo.