International
Le Conseil d’Etat réhabilite les interprètes afghans de l’armée française
Mohammad Basir Ibrahimi était interprète pour l’armée française en Afghanistan. Comme nombre de ses compatriotes éduqués, parlant français ou plus souvent anglais, il a épaulé les forces internationales, dépendantes de ces précieux intermédiaires dans leurs rapports avec la population.
Mais pour les talibans et une partie des Afghans, Mohammad Basir Ibrahimi est un traître, coupable d’avoir collaboré avec les occidentaux. Or ces derniers se sont progressivement désengagés de cette guerre toujours sans fin, à l’image de la France, qui a commencé à retirer ses soldats en 2012, dans la foulée de l’élection de François Hollande. Ce faisant, la France a refusé d’accorder un visa à la majorité des interprètes, ou "auxiliaires" de l’armée française, en les abandonnant à leur sort, souvent bien triste. Comme le relatent Brice Andlauer et Quentin Müller dans un livre récent, beaucoup de ces interprètes ont fait l’objet de menaces de mort et de tentatives d’assassinat, conduisant certains à fuir leur villages ou leur pays.
Quelques visas ont bien été attribués à des anciens auxiliaires, mais selon des critères opaques et avec une mansuétude bien mesurée, au regard de l’Allemagne qui, avec un contingent militaire en Afghanistan semblable à celui de la France, en aurait accueilli dix fois plus. Cette situation, qui fait écho au sort réservé aux harkis, ces auxiliaires de l’armée française abandonnés à la fin de la guerre d’Algérie, a été portée devant l’opinion et les autorités politiques par le travail obstiné de l’Association des anciens interprètes afghans de l’armée française.
Une récente décision du Conseil d’Etat pourrait cependant changer la donne. Statuant sur le cas de Mohammad Basir Ibrahimi, la juridiction administrative suprême l’a autorisé à solliciter la "protection fonctionnelle", celle-là même dont bénéficient les fonctionnaires, qui impose à l’Etat de leur porter assistance. Cette jurisprudence permet aux auxiliaires étrangers de l’armée menacés "à raison de leurs fonctions" de demander une protection dont ils étaient jusqu’ici privés. Le ministère des Armées a pris acte de cette décision, qui devrait se traduire par des délivrances de visas pour les interprètes bloqués en Afghanistan.
Il s’agit dès lors d’anticiper ces cas sur le théâtre d’opération au Sahel, en gardant une trace précise des auxiliaires actuellement engagés, pour faciliter le traitement d’éventuelles demandes de protection une fois la force Barkhane partie. Car si son désengagement n’est pas à l’ordre du jour, elle n’a pas vocation à rester éternellement au Sahel.
Mais pour les talibans et une partie des Afghans, Mohammad Basir Ibrahimi est un traître, coupable d’avoir collaboré avec les occidentaux. Or ces derniers se sont progressivement désengagés de cette guerre toujours sans fin, à l’image de la France, qui a commencé à retirer ses soldats en 2012, dans la foulée de l’élection de François Hollande. Ce faisant, la France a refusé d’accorder un visa à la majorité des interprètes, ou "auxiliaires" de l’armée française, en les abandonnant à leur sort, souvent bien triste. Comme le relatent Brice Andlauer et Quentin Müller dans un livre récent, beaucoup de ces interprètes ont fait l’objet de menaces de mort et de tentatives d’assassinat, conduisant certains à fuir leur villages ou leur pays.
Quelques visas ont bien été attribués à des anciens auxiliaires, mais selon des critères opaques et avec une mansuétude bien mesurée, au regard de l’Allemagne qui, avec un contingent militaire en Afghanistan semblable à celui de la France, en aurait accueilli dix fois plus. Cette situation, qui fait écho au sort réservé aux harkis, ces auxiliaires de l’armée française abandonnés à la fin de la guerre d’Algérie, a été portée devant l’opinion et les autorités politiques par le travail obstiné de l’Association des anciens interprètes afghans de l’armée française.
Une récente décision du Conseil d’Etat pourrait cependant changer la donne. Statuant sur le cas de Mohammad Basir Ibrahimi, la juridiction administrative suprême l’a autorisé à solliciter la "protection fonctionnelle", celle-là même dont bénéficient les fonctionnaires, qui impose à l’Etat de leur porter assistance. Cette jurisprudence permet aux auxiliaires étrangers de l’armée menacés "à raison de leurs fonctions" de demander une protection dont ils étaient jusqu’ici privés. Le ministère des Armées a pris acte de cette décision, qui devrait se traduire par des délivrances de visas pour les interprètes bloqués en Afghanistan.
Il s’agit dès lors d’anticiper ces cas sur le théâtre d’opération au Sahel, en gardant une trace précise des auxiliaires actuellement engagés, pour faciliter le traitement d’éventuelles demandes de protection une fois la force Barkhane partie. Car si son désengagement n’est pas à l’ordre du jour, elle n’a pas vocation à rester éternellement au Sahel.