
L’avenir des chrétiens en Irak est menacé à court terme
On comptait 1,5 million de chrétiens en Irak en 2003, ils seraient moins de 120 000 aujourd’hui. Et l’hémorragie se poursuit : selon Benoît de Blanpré, directeur de l’AED France, « si la tendance continue, ce chiffre pourrait continuer de fondre et atteindre 23 000 d’ici quatre ans, faisant passer la communauté chrétienne de la catégorie des “vulnérables” à la catégorie critique des “menacés d’extinction” ». Exemple : la plaine de Ninive, foyer de chrétiens depuis l’aube du christianisme : on en comptait encore 102 000 en 2014, avant la prise de la plaine de Ninive par l’État islamique, contre 36 000 aujourd’hui. Qui plus est, parmi ceux-ci, souligne le rapport : « 57% ont envisagé d’émigrer, principalement pour des raisons de sécurité, 36% prévoient de quitter l’Irak dans les cinq prochaines années, et 64% ont au moins un membre de leur famille proche qui vit déjà dans un autre pays ».
Sans la protection des autorités, l’exode des chrétiens ne peut que se poursuivre. « Le rapport n’est pas pessimiste, mais c’est un avertissement clair car sans action politique concertée et immédiate, la présence de chrétiens dans la région de la plaine de Ninive et ses environs sera éliminée, affirme le père Andrzej Halemba, chef du département Moyen-Orient de l’AED international. L’AED ne se contente pas d’alerter, elle agit : cette œuvre internationale a permis avec d’autres organisations la réhabilitation de maisons de chrétiens dévastées dans la plaine de Ninive (2 860 maisons dans six villes et villages sur un total de 8 166 maisons réparées). Mais aujourd’hui, face à l’urgence, l’AED appelle à une prise de conscience de la communauté internationale. Elle demande notamment l’instauration d’« une représentation permanente des chrétiens au sein des autorités nationales et locales pour assurer la défense de leurs droits fondamentaux, en particulier le droit à l’égalité de citoyenneté ». « De notre côté, nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir. Les générations futures ne devraient jamais dire de nous : vous en avez fait trop peu, trop tard », conclut le chef de projet de l’AED.