
L'Amérique est-elle sortie de l'histoire ?
Pour le romancier et essayiste, Trump n’est pas un accident de l’histoire. Il est le résultat de plusieurs années d’aveuglement politique de la part de l’establishment : creusement des inégalités, multiculturalisme dévoyé, mépris pour la classe ouvrière blanche dont l’espérance de vie a baissé. Aujourd'hui, les tensions sont telles, aggravées par la circulation des armes à feu, plus de 300 millions, et la détermination des milices survivalistes ou suprémacistes, que le spectre d’une guerre civile larvée n’est plus à écarter.
Quant à la presse d’outre-Atlantique, il est saisie par la maladie européenne de l’idéologie, la préférence donnée aux idées sur la réalité. Elle ment et censure sans vergogne, comme partout ailleurs. A la lutte des classes, venue du Vieux Monde, l’Amérique a substitué la lutte des races, au féminisme universaliste de l’Europe, la guerre illimitée entre hommes et femmes, à la sublimation du désir, le puritanisme lubrique, au projet républicain de citoyenneté, l’émiettement sans fin en minorités. Chacun est invité à rester chez soi et à trouver refuge dans son groupe de naissance ou d’appartenance. La culture des campus est à cet égard préoccupante : certains d’entre eux, et parmi les plus célèbres, pratiquent un politiquement correct, un maccarthysme de gauche, interdisant l’accès à la parole à quiconque ne convient pas.