
L’Algérie au bord de la déflagration
A présent, que va-t-il se passer ? Le Conseil constitutionnel va-t-il proposer au Parlement de déclarer l'état d'empêchement du chef de l'État ? Le terme du mandat présidentiel étant le 28 avril, et aucun changement de gouvernement ne pouvant avoir lieu avant l'élection d'un nouveau président, ceux qui tirent les ficelles dans l’entourage présidentiel cherchent probablement à temporiser pour garder le pouvoir après avoir réglé des comptes au sein du FLN. Faute de perspectives électorales prochaines, l’Algérie entre dans une situation transitoire lourde d'incertitude. Devant un blocage de la situation, le risque est grand que les manifestations pacifiques dégénèrent en émeutes insurrectionnelles.
Déjà secouée par la crise de Gilets jaunes, la France a tout à craindre d’une explosion algérienne. Depuis l’indépendance de l’Algérie, il y a cinquante-sept ans, la France entretient avec son ancienne colonie des relations tumultueuses. Entre les deux pays, c’est une sorte d’amour vache dans lequel aucun des partenaires ne peut se passer de l’autre. Économiquement, la France n’est plus que le cinquième partenaire commercial de l’Algérie derrière les États-Unis, l’Italie, l’Espagne et la Chine. Mais les deux pays gardent des rapports étroits non seulement en raison de l’importante population algérienne issue de l’immigration en France, mais du péril islamique des deux côtés de la Méditerranée. Qu’adviendra-t-il de leur lutte commune contre le terrorisme islamique à l’issue de la crise algérienne ? Qui raflera la mise ? Entre le pouvoir FLN vacillant et une opposition émiettée, Paris craint de sortir de l’ambiguïté à son détriment. « L’allié algérien est un facteur d’instabilité nationale » explique l’historien Yves Morel en retraçant plus d’un demi-siècle de péripéties dans Politique magazine (en lien ci-dessous).