Société
L’affaire Olivier Duhamel, la fin d’une époque ?
L’onde de choc de l’affaire Olivier Duhamel est puissante. L’accusation d’inceste et de pédophilie sur son frère jumeau lancée contre le politologue par sa belle-fille, Camille Kouchner dans son livre « La Familia grande », a conduit le parquet de Paris à ouvrir une enquête pour « viols et agressions sexuelles » sur mineur de moins de 15 ans. Elle a contraint l’accusé à démissionner de toutes ses nombreuses et prestigieuses fonctions : président du club Le Siècle, président de la Fondation nationale des sciences politiques, membre du comité directeur de l’Institut Montaigne, codirecteur de la revue Pouvoirs… Sa chute a provoqué des démissions en cascade : le préfet Marc Guillaume, ancien secrétaire général du gouvernement de 2015 à 2020, a démissionné des conseils d’administration de Sciences Po, de la revue Pouvoirs et du Siècle ; intime de la famille, Isabelle Guigou, l’ancienne Garde des Sceaux, a démissionné de la Commission sur l'inceste qu'elle présidait ; et c’est à présent l’actuel directeur de Sciences Po, Frédéric Mion, qui est sur la sellette, des étudiants réclamant sa démission pour avoir prétendu, comme les précédents cités, n’avoir rien su et tout découvrir. Or personne, dans ce petit monde germanopratin, ne pouvait ignorer les soupçons qui pesaient sur Olivier Duhamel depuis la fin des années quatre-vingt… sauf à avoir préféré détourner le regard.
Il faut remonter aux années soixante-dix pour comprendre comment une telle complaisance, ou connivence, s’est mise en place dans une « élite » de la bourgeoisie de gauche, dans la foulée de la « révolution sexuelle » de mai 68. Le processus est fort bien décrit dans une vidéo du Figaro (en lien ci-dessous) que nous résumons ici. Dans le climat de contestation soixante-huitarde de l’ordre établi et de la « morale bourgeoise », de nombreux intellectuels relayés par des médias de gauche ont alors plaidé « la cause » pédophile devant l’opinion publique en demandant sa légalisation. En soutien à trois hommes accusés dans « l’affaire de Versailles » d’avoir eu des relations sexuelles avec des enfants, une tribune rédigée par Gabriel Matzneff était publiée par Le Monde le 26 janvier 1977, puis par Libération le lendemain. Intitulée « L’amour est-il un crime ? », elle appelait à décriminaliser les rapports sexuels avec un enfant de moins de 15 ans. Ses cosignataires : une pléiade d’intellectuels, d’artistes et de politiques en vogue, dont Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Louis Aragon, Roland Barthes, Gilles Deleuze, Patrick Chéreau, Philippe Solers, André Glucksmann, Jack Lang, Bernard Kouchner, le père de Camille Kouchner qui accuse aujourd’hui son beau-père, Olivier Duhamel !
Alors coqueluche des médias, l’écrivain Gabriel Matzneff plaçait la pédophilie au cœur de son œuvre. Meneur des étudiants en mai 68, Daniel Cohn-Bendit étalait complaisamment ses émois sexuels avec des enfants dans un chapitre de son livre « Le grand bazar » (1970), et récidivait 12 ans plus tard dans l’émission Apostrophes de Bernard Pivot du 23 avril 1982, dans l’hilarité générale (vidéo ici). On aurait pu craindre la même complaisance près de huit ans plus tard à l’égard de Gabriel Matzneff dans cette émission d’Apostrophes du 2 mars 1990, sans l’intervention de la journaliste québécoise Denise Bombardier qui cria haut et fort son indignation (vidéo ici). Libération publiera en toute impunité pendant des années des petites annonces pédophiles ainsi que d’abjects dessins pédophiles, de concert avec Charlie Hebdo, des médias homosexuels, tel le Gai Pied. Mais la « cause » était aussi défendue par des médias du service public, tel France Culture. En 2001, le cinéaste Romain Goupil pouvait encore proclamer dans Libération (23 février 2001) : « J’ai envie de dire : oui, je suis pédophile ! ».
Le déclin viendra avec la médiatisation de la parole de victimes. Il sera lent. Aujourd’hui, Jack Lang préside toujours l’Institut du monde arabe, et Daniel Cohn-Bendit, loin d’être ostracisé par les médias, figure au nombre des « experts » régulièrement invités sur les plateaux de télévision. Toutefois, le vent tourne. Matzneff (84 ans) a été dénoncé l’an dernier par l’une de ses victimes, l’écrivain Vanessa Springora dans « Le Consentement ». Il sera jugé en septembre pour apologie de la pédophilie et reste visé par une enquête pour viols sur mineurs de moins de 15 ans. Quant à l’affaire Olivier Duhamel, elle ne fait que commencer.
Il faut remonter aux années soixante-dix pour comprendre comment une telle complaisance, ou connivence, s’est mise en place dans une « élite » de la bourgeoisie de gauche, dans la foulée de la « révolution sexuelle » de mai 68. Le processus est fort bien décrit dans une vidéo du Figaro (en lien ci-dessous) que nous résumons ici. Dans le climat de contestation soixante-huitarde de l’ordre établi et de la « morale bourgeoise », de nombreux intellectuels relayés par des médias de gauche ont alors plaidé « la cause » pédophile devant l’opinion publique en demandant sa légalisation. En soutien à trois hommes accusés dans « l’affaire de Versailles » d’avoir eu des relations sexuelles avec des enfants, une tribune rédigée par Gabriel Matzneff était publiée par Le Monde le 26 janvier 1977, puis par Libération le lendemain. Intitulée « L’amour est-il un crime ? », elle appelait à décriminaliser les rapports sexuels avec un enfant de moins de 15 ans. Ses cosignataires : une pléiade d’intellectuels, d’artistes et de politiques en vogue, dont Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Louis Aragon, Roland Barthes, Gilles Deleuze, Patrick Chéreau, Philippe Solers, André Glucksmann, Jack Lang, Bernard Kouchner, le père de Camille Kouchner qui accuse aujourd’hui son beau-père, Olivier Duhamel !
Alors coqueluche des médias, l’écrivain Gabriel Matzneff plaçait la pédophilie au cœur de son œuvre. Meneur des étudiants en mai 68, Daniel Cohn-Bendit étalait complaisamment ses émois sexuels avec des enfants dans un chapitre de son livre « Le grand bazar » (1970), et récidivait 12 ans plus tard dans l’émission Apostrophes de Bernard Pivot du 23 avril 1982, dans l’hilarité générale (vidéo ici). On aurait pu craindre la même complaisance près de huit ans plus tard à l’égard de Gabriel Matzneff dans cette émission d’Apostrophes du 2 mars 1990, sans l’intervention de la journaliste québécoise Denise Bombardier qui cria haut et fort son indignation (vidéo ici). Libération publiera en toute impunité pendant des années des petites annonces pédophiles ainsi que d’abjects dessins pédophiles, de concert avec Charlie Hebdo, des médias homosexuels, tel le Gai Pied. Mais la « cause » était aussi défendue par des médias du service public, tel France Culture. En 2001, le cinéaste Romain Goupil pouvait encore proclamer dans Libération (23 février 2001) : « J’ai envie de dire : oui, je suis pédophile ! ».
Le déclin viendra avec la médiatisation de la parole de victimes. Il sera lent. Aujourd’hui, Jack Lang préside toujours l’Institut du monde arabe, et Daniel Cohn-Bendit, loin d’être ostracisé par les médias, figure au nombre des « experts » régulièrement invités sur les plateaux de télévision. Toutefois, le vent tourne. Matzneff (84 ans) a été dénoncé l’an dernier par l’une de ses victimes, l’écrivain Vanessa Springora dans « Le Consentement ». Il sera jugé en septembre pour apologie de la pédophilie et reste visé par une enquête pour viols sur mineurs de moins de 15 ans. Quant à l’affaire Olivier Duhamel, elle ne fait que commencer.