L’acquittement du cardinal Pell met fin à une iniquité judiciaire
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L’acquittement du cardinal Pell met fin à une iniquité judiciaire

Par Philippe Oswald. Synthèse n°930, Publiée le 07/04/2020
Le cardinal George Pell, 78 ans, ancien secrétaire à l'Economie du Saint-Siège et collaborateur du pape François, est sorti libre ce mardi 7 avril 2020 de la prison de Barwon, près de Melbourne, dans le sud de l’Australie, où il était incarcéré depuis le 27 février 2019. Le prélat, qui a toujours protesté fermement de son innocence sans minimiser « les failles catastrophiques de l’Eglise catholique » dans les affaires de pédophilie, aurait voulu s’exprimer dès sa sortie de prison. Mais « on lui a répondu qu’il ne pouvait pas, en raison des risques liés au Covid-19 », selon le Sydney Morning Herald (on apprend ainsi que le confinement empêcherait de parler dans un micro…). Toutefois, quelques heures avant sa libération, le cardinal avait publié cette déclaration : « Mon procès n’était pas un référendum sur l’Église catholique. Ni un référendum sur la façon dont les autorités de l’Église en Australie ont fait face aux crimes sexuels dans l’Église. Le sujet était de savoir si j’avais commis ces crimes affreux, et je ne les ai pas commis. » Précisant qu’il n’éprouvait « aucune rancœur contre son accusateur », il précisait : « Je ne veux pas que mon acquittement ajoute à la douleur et à l'amertume que beaucoup ressentent; il y en a certainement eu assez ». Il venait en effet d’apprendre que la Haute Cour de Justice d’Australie, la plus haute juridiction du pays, avait annulé « à l’unanimité » sa condamnation à six ans de prison prononcée l’an dernier pour abus sexuels supposément perpétrés contre deux adolescents en 1996 et 1997, alors qu’il était archevêque de Melbourne. En effet, a expliqué la Haute Cour pour motiver son jugement, il existe « une possibilité importante qu’une personne innocente ait été condamnée parce que sa culpabilité n’a pas été établie selon le niveau de preuve requis ». Cette relaxe constitue un « retournement de situation majeur », constate le Sydney Morning Herald.

Ce retournement était pourtant nécessaire après un ou plus exactement deux verdicts vigoureusement contestés par de nombreux juristes en Australie et dans le monde. Le cardinal Pell avait été condamné le 11 décembre 2018 à six ans de prison pour des violences sexuelles prétendument commises sur deux adolescents en 1996 et 1997, dans la sacristie de la cathédrale Saint-Patrick de Melbourne, dont il était alors l'archevêque. Le procureur, qui avait requis son incarcération, avait déclaré que le cardinal n'avait montré « aucun remord » pour son comportement « honteux ». George Pell avait alors fait appel. Mais un panel de trois juges de la Cour d'appel de l'Etat de Victoria avait confirmé sa condamnation et son maintien en prison, dans un arrêt prononcé par deux voix contre une, le 21 août dernier. Le cardinal, conseillé par ses avocats, avait alors saisi la Haute Cour de Justice, ultime recours. Bien lui en a pris : les sept magistrats de cette juridiction suprême ont jugé « à l'unanimité » que la juridiction inférieure avait « omis de se pencher sur la question de savoir s'il restait une possibilité raisonnable que l'infraction n'ait pas été commise, de sorte qu'il aurait dû y avoir un doute raisonnable quant à la culpabilité du demandeur. » La possibilité de commettre des agressions sexuelles dans les circonstances décrites par les accusateurs était en effet peu vraisemblable.

Deux anciens enfants de chœur, alors quadragénaires, avaient accusé l’ancien archevêque de Melbourne de les avoir agressés sexuellement à l’issue de messes dominicales, dans la sacristie de la cathédrale, après leur avoir fait boire du vin de messe. L’un des deux accusateurs étant décédé, c’est sur le témoignage d’un seul que le cardinal avait été condamné, à la grande surprise de juristes qui estimaient que l’acquittement s’imposait. Les circonstances des prétendues agressions sexuelles étaient en effet extravagantes : sans parler de la tenue liturgique avec laquelle l’archevêque aurait perpétré ces crimes, rien de plus fréquenté qu’une sacristie de cathédrale, à l’issue de la messe solennelle dominicale ! Mais un véritable déchaînement médiatique et la vindicte de certains magistrats désireux de « se payer » un cardinal collaborateur du pape, en pleine tourmente de la révélation de crimes pédophiles commis par des prêtres, avaient eu raison de leur impartialité. Les positions « conservatrices » du cardinal Pell en matière de morale sexuelle, notamment son opposition au « mariage gay » (comme en France, le cardinal Barbarin), ont vraisemblablement aggravé son cas aux yeux de ces magistrats. Ils sont aujourd’hui désavoués par la Haute Cour de Justice (son jugement, en lien ci-dessous).
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L’acquittement du cardinal Pell met fin à une iniquité judiciaire
PELL v THE QUEEN
HIGH COURT OF AUSTRALIA
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