International
L’accueil des migrants continue de diviser l’Union Européenne
Le nombre de migrants dans l’Union Européenne (UE) a explosé depuis le début de l’année. Les entrées illégales ont été multipliées par quatre via la Méditerranée centrale, au prix de nouveaux naufrages dramatiques. Pour unifier et débloquer la politique migratoire de l’UE, une réforme du Pacte sur l’asile et la migration prévoit un dispositif de solidarité entre États membres dans la prise en charge des réfugiés, et un examen accéléré des demandes d’asile aux frontières.
Au terme de difficiles négociations, les ministres européens de l’intérieur ont trouvé jeudi 8 juin un accord de compromis sur les deux principaux volets de ce Pacte. Mais ce texte réformé doit encore être soumis au Parlement européen avant les élections européennes de juin 2024. Le premier volet prévoit une solidarité « flexible » des États membres. Théoriquement tenus d’accueillir un certain nombre de demandeurs d’asile, ils pourraient en être dispensés en versant 22 000 € pour chaque demandeur d’asile non accueilli sur un fonds géré par la Commission Européenne. Le second volet contraint les États membres à mettre en œuvre une procédure accélérée d’examen des demandes d’asile (12 semaines maximum), dans des centres situés aux frontières. « Ce ne sont pas des décisions faciles pour tous ceux qui sont autour de la table, mais ce sont des décisions historiques », s’est réjouie la ministre allemande de l’intérieur, Nancy Faeser. Plus sobrement, la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, a salué une « étape très importante » pour la conclusion du Pacte sur l’asile et la migration. « Tout n’est pas parfait » dans ces propositions, « mais c’est en faisant ce compromis que nous arriverons à être plus efficaces et surtout à faire vivre l’Union européenne », a déclaré le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, avant de quitter précipitamment la réunion à cause de l’attaque au couteau perpétrée par un migrant syrien à Annecy.
Il reste que ce Pacte est loin de faire l’unanimité entre les pays membres de l’Union européenne. Si les négociations ont permis d’éviter un blocage des deux pays les plus exposés aux premières vagues migratoires, l’Italie et de la Grèce, la Pologne et la Hongrie ont voté contre, tandis que la Bulgarie, Malte, la Lituanie et la Slovaquie se sont abstenues. Les ministres italiens et grecs ne se sont laissé convaincre qu’après l’élaboration d’un nouveau texte de compromis. « Nous avons écarté l’hypothèse selon laquelle l’Italie et tous les États membres de première entrée seraient payés pour garder les migrants irréguliers sur leur territoire. L’Italie ne sera pas le centre d’accueil des migrants au nom de l’Europe » a déclaré le ministre italien de l’Intérieur. L’Italie veut pouvoir renvoyer des migrants déboutés du droit d’asile vers des pays tiers « sûrs », ceux dont ils sont originaires ou par lesquels ils ont transité, même s’ils n’y ont pas de liens familiaux ou de travail. Une mesure jusqu’alors rejetée par l’Allemagne. Le compromis prévoit qu’il reviendra aux États membres d’apprécier si le seul fait d’avoir transité par un pays peut être considéré comme un lien...
La détermination de la Pologne et de la Hongrie à refuser d’appliquer des décisions sur la migration prises à la majorité qualifiée, sera difficile à surmonter (Le Point en lien ci-dessous résume leurs arguments). Ces deux pays ont déjà été condamnés en 2020 pour ce motif par la Cour de Justice de l’Union Européenne. Mais le refus réitéré de Varsovie et de Budapest est conforté par l’opinion d’une majorité d’Européens qui redoutent une submersion migratoire. « Ces deux textes contredisent directement les intérêts du peuple hongrois, a déclaré le directeur politique de Viktor Orban. En 2016, le peuple hongrois a clairement exprimé son opposition aux quotas de migrants de l'UE lors d'un référendum. » Quant à payer à Bruxelles 22 000 euros par migrant refusé, on devine la popularité d’une telle mesure auprès des électeurs, et pas seulement en Pologne ou en Hongrie... On assure à Bruxelles que la solidarité d’un pays envers un autre géographiquement plus exposé à l’immigration, pourra s'exprimer aussi par la mise à disposition de matériel ou de moyens humains pour la gestion des frontières extérieures de l'UE. Bref, la tendance semble être à la « flexibilité » devant le risque d’une explosion de l’Union Européenne. Sur un sujet connexe, le financement de murs (ou de barbelés) érigés pour protéger un pays membre (la Hongrie y a investi plus d'un milliard et demi d'euros), un tabou est tombé au mois d’avril : alors que la Commission européenne refusait catégoriquement d’ouvrir le budget de l’UE au financement de telles barrières, une majorité d’eurodéputés a voté en ce sens le 20 avril (322 voix contre 290 et 20 abstentions). C’était déjà ce que réclamaient, en octobre 2021, douze États membres de l’UE.
Au terme de difficiles négociations, les ministres européens de l’intérieur ont trouvé jeudi 8 juin un accord de compromis sur les deux principaux volets de ce Pacte. Mais ce texte réformé doit encore être soumis au Parlement européen avant les élections européennes de juin 2024. Le premier volet prévoit une solidarité « flexible » des États membres. Théoriquement tenus d’accueillir un certain nombre de demandeurs d’asile, ils pourraient en être dispensés en versant 22 000 € pour chaque demandeur d’asile non accueilli sur un fonds géré par la Commission Européenne. Le second volet contraint les États membres à mettre en œuvre une procédure accélérée d’examen des demandes d’asile (12 semaines maximum), dans des centres situés aux frontières. « Ce ne sont pas des décisions faciles pour tous ceux qui sont autour de la table, mais ce sont des décisions historiques », s’est réjouie la ministre allemande de l’intérieur, Nancy Faeser. Plus sobrement, la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, a salué une « étape très importante » pour la conclusion du Pacte sur l’asile et la migration. « Tout n’est pas parfait » dans ces propositions, « mais c’est en faisant ce compromis que nous arriverons à être plus efficaces et surtout à faire vivre l’Union européenne », a déclaré le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, avant de quitter précipitamment la réunion à cause de l’attaque au couteau perpétrée par un migrant syrien à Annecy.
Il reste que ce Pacte est loin de faire l’unanimité entre les pays membres de l’Union européenne. Si les négociations ont permis d’éviter un blocage des deux pays les plus exposés aux premières vagues migratoires, l’Italie et de la Grèce, la Pologne et la Hongrie ont voté contre, tandis que la Bulgarie, Malte, la Lituanie et la Slovaquie se sont abstenues. Les ministres italiens et grecs ne se sont laissé convaincre qu’après l’élaboration d’un nouveau texte de compromis. « Nous avons écarté l’hypothèse selon laquelle l’Italie et tous les États membres de première entrée seraient payés pour garder les migrants irréguliers sur leur territoire. L’Italie ne sera pas le centre d’accueil des migrants au nom de l’Europe » a déclaré le ministre italien de l’Intérieur. L’Italie veut pouvoir renvoyer des migrants déboutés du droit d’asile vers des pays tiers « sûrs », ceux dont ils sont originaires ou par lesquels ils ont transité, même s’ils n’y ont pas de liens familiaux ou de travail. Une mesure jusqu’alors rejetée par l’Allemagne. Le compromis prévoit qu’il reviendra aux États membres d’apprécier si le seul fait d’avoir transité par un pays peut être considéré comme un lien...
La détermination de la Pologne et de la Hongrie à refuser d’appliquer des décisions sur la migration prises à la majorité qualifiée, sera difficile à surmonter (Le Point en lien ci-dessous résume leurs arguments). Ces deux pays ont déjà été condamnés en 2020 pour ce motif par la Cour de Justice de l’Union Européenne. Mais le refus réitéré de Varsovie et de Budapest est conforté par l’opinion d’une majorité d’Européens qui redoutent une submersion migratoire. « Ces deux textes contredisent directement les intérêts du peuple hongrois, a déclaré le directeur politique de Viktor Orban. En 2016, le peuple hongrois a clairement exprimé son opposition aux quotas de migrants de l'UE lors d'un référendum. » Quant à payer à Bruxelles 22 000 euros par migrant refusé, on devine la popularité d’une telle mesure auprès des électeurs, et pas seulement en Pologne ou en Hongrie... On assure à Bruxelles que la solidarité d’un pays envers un autre géographiquement plus exposé à l’immigration, pourra s'exprimer aussi par la mise à disposition de matériel ou de moyens humains pour la gestion des frontières extérieures de l'UE. Bref, la tendance semble être à la « flexibilité » devant le risque d’une explosion de l’Union Européenne. Sur un sujet connexe, le financement de murs (ou de barbelés) érigés pour protéger un pays membre (la Hongrie y a investi plus d'un milliard et demi d'euros), un tabou est tombé au mois d’avril : alors que la Commission européenne refusait catégoriquement d’ouvrir le budget de l’UE au financement de telles barrières, une majorité d’eurodéputés a voté en ce sens le 20 avril (322 voix contre 290 et 20 abstentions). C’était déjà ce que réclamaient, en octobre 2021, douze États membres de l’UE.