L’Académie française va-t-elle céder aux trissotins du féminisme ?
Culture

L’Académie française va-t-elle céder aux trissotins du féminisme ?

Par Philippe Oswald. Synthèse n°591, Publiée le 02/03/2019
L’Académie française ne voit « aucun obstacle de principe à la féminisation » des noms de métiers et de professions. Les immortels du Quai Conti ont adopté le 28 février à « une large majorité » un rapport, heureusement non contraignant, allant en ce sens. Cette féminisation « relève d’une évolution naturelle de la langue, constamment observée depuis le Moyen Age », expliquent-ils dans ce rapport. Quoi de plus naturel, s’il s’agit de prendre acte de l’évolution du français ? « Il convient de laisser aux pratiques qui assurent la vitalité de la langue le soin de trancher » expliquent sagement les académiciens. Toutefois, on tique un peu en lisant aussi que « l’Académie considère que toutes les évolutions visant à faire reconnaître dans la langue la place aujourd’hui reconnue aux femmes dans la société peuvent être envisagées ». La formule reste prudente mais laisse entendre que nos immortels, soumis à l’accusation d’être sexistes et rétrogrades, ne sont pas loin de céder aux féministes en les laissant malmener l’usage, au risque de ruiner du même coup le peu de culture restant aux Français (avec l’écriture inclusive en prime, toute notre littérature devient un chef-d’œuvre en péril !).

Le bon usage guidé par l’oreille doit rester le maître : ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on parle de la boulangère, de la charcutière, de l’actrice ou de la directrice, mais il faudra que beaucoup d’eau coule sous les ponts avant que certains se décident, dont l’auteur de ces lignes, à dire et écrire « Madame la cheffe ». Pour l’heure, les Académiciens ont heureusement rejeté ce mot. Mais pas les horribles « professeure » et « auteure », admis au motif que ces noms ne menaceraient ni « la structure de la langue » ni même « l’euphonie » pourvu qu’on s’abstienne de prononcer le « e » final ! Et comment fait-on avec « autrice » ?! La souffrance de l’oreille n’est pas le seul obstacle à la féminisation à outrance : l’intelligence peut s’y perdre : en disant « médecine » ou « dépanneuse » de quoi ou de qui parlera-t-on ? Comme l’a fait observer dans un tweet Bernard Pivot, « les confusions et bizarreries sont nombreuses. Comme tribun, tribune ; gourmet, gourmette ; carabin, carabine ; jardinier, jardinière, etc. »

La langue est la meilleure et la pire des choses : la meilleure quand on la reçoit avec sa musique, la pire quand on la triture et la torture par idéologie. En 2014, l’Académie française dénonçait encore « un esprit de système qui tend à imposer, parfois contre le vœu des intéressées, des formes telles que professeure, recteure, auteure, ingénieure […] qui sont contraires aux règles ordinaires de dérivation et constituent de véritables barbarismes. » C’était clair et net ! Alors, ressaisissez-vous, chers immortels ! 
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L’Académie française va-t-elle céder aux trissotins du féminisme ?
L’Académie française se résout à accepter la féminisation des noms de métiers
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