
L’Académie française va-t-elle céder aux trissotins du féminisme ?
Le bon usage guidé par l’oreille doit rester le maître : ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on parle de la boulangère, de la charcutière, de l’actrice ou de la directrice, mais il faudra que beaucoup d’eau coule sous les ponts avant que certains se décident, dont l’auteur de ces lignes, à dire et écrire « Madame la cheffe ». Pour l’heure, les Académiciens ont heureusement rejeté ce mot. Mais pas les horribles « professeure » et « auteure », admis au motif que ces noms ne menaceraient ni « la structure de la langue » ni même « l’euphonie » pourvu qu’on s’abstienne de prononcer le « e » final ! Et comment fait-on avec « autrice » ?! La souffrance de l’oreille n’est pas le seul obstacle à la féminisation à outrance : l’intelligence peut s’y perdre : en disant « médecine » ou « dépanneuse » de quoi ou de qui parlera-t-on ? Comme l’a fait observer dans un tweet Bernard Pivot, « les confusions et bizarreries sont nombreuses. Comme tribun, tribune ; gourmet, gourmette ; carabin, carabine ; jardinier, jardinière, etc. »
La langue est la meilleure et la pire des choses : la meilleure quand on la reçoit avec sa musique, la pire quand on la triture et la torture par idéologie. En 2014, l’Académie française dénonçait encore « un esprit de système qui tend à imposer, parfois contre le vœu des intéressées, des formes telles que professeure, recteure, auteure, ingénieure […] qui sont contraires aux règles ordinaires de dérivation et constituent de véritables barbarismes. » C’était clair et net ! Alors, ressaisissez-vous, chers immortels !