Économie
La surproduction, dernier acte de la tragi-comédie des masques
Dans la crise de la Covid-19, on croyait avoir tout vu ou plutôt tout subi avec la pénurie de masques, cause principale du confinement. Mais c’était sans compter sur la constance de l’administration française à courir derrière les trains en multipliant les injonctions contradictoires. Après nous avoir dit que les masques étaient inutiles (parce qu’il n’y en avait pas), puis qu’il fallait les porter (parce qu’ils arrivaient enfin), les services de l’État ont incité les entreprises de textile françaises à convertir leur production pour se lancer dans la fabrication de masques. Formidable, on allait se remettre à produire en France pour assurer la protection des Français ! Mais avec le printemps, comme le prédisaient les virologues, les vrais (dont un certain Raoult), l’épidémie est en train de disparaître tandis que s’estompe la menace d’un rebond important… Déjà facultatif en bien des lieux, le port du masque s’imposera probablement de moins en moins pour le grand public.
Faisant confiance à l’État et aux collectivités locales, nombre d’entreprises se sont mises à produire des masques avec zèle, en misant sur l'innovation et la qualité. Rien qu’en Auvergne-Rhône-Alpes, premier centre français du textile, 45 entreprises ont converti leurs métiers à tisser et leurs ateliers de couture, pour fabriquer 5 millions de masques lavables par semaine, avec des matières plus souples et plus confortables que celles des masques jetables qui deviennent une nouvelle cause de pollution. Et voilà que les commandes s’effondrent ! Celles des collectivités locales, celles des entreprises mais aussi celles de l’État. Les stocks enflent : déjà 450 000 d’invendus et des surplus de tissu représentant environ 14 millions de masques…
Dans cette affaire, ce n’est pas seulement le retard à l’allumage de l’administration qui est en cause mais sa cohérence et sa parole : au lieu de privilégier les entreprises françaises, comme il s’y était engagé, l’État, en l’occurrence son saint des saints, le ministère de l'Économie, n’a pas résisté à la tentation de faire jouer la concurrence en passant commande au Vietnam de 10 millions de masques lavables, évidemment moins chers que les masques français à 3 euros l’unité. D’où la colère de Guillaume de Seynes, président du Comité stratégique de filière mode et luxe, qui a écrit le 28 mai à la secrétaire d'État Agnès Pannier-Runacher : « On ne peut pas demander à la filière de se mobiliser et la laisser tomber deux mois plus tard. » Il demande donc à l’État de flécher la commande publique vers les entreprises françaises et de racheter les stocks. Serait-ce trop demander ?
Faisant confiance à l’État et aux collectivités locales, nombre d’entreprises se sont mises à produire des masques avec zèle, en misant sur l'innovation et la qualité. Rien qu’en Auvergne-Rhône-Alpes, premier centre français du textile, 45 entreprises ont converti leurs métiers à tisser et leurs ateliers de couture, pour fabriquer 5 millions de masques lavables par semaine, avec des matières plus souples et plus confortables que celles des masques jetables qui deviennent une nouvelle cause de pollution. Et voilà que les commandes s’effondrent ! Celles des collectivités locales, celles des entreprises mais aussi celles de l’État. Les stocks enflent : déjà 450 000 d’invendus et des surplus de tissu représentant environ 14 millions de masques…
Dans cette affaire, ce n’est pas seulement le retard à l’allumage de l’administration qui est en cause mais sa cohérence et sa parole : au lieu de privilégier les entreprises françaises, comme il s’y était engagé, l’État, en l’occurrence son saint des saints, le ministère de l'Économie, n’a pas résisté à la tentation de faire jouer la concurrence en passant commande au Vietnam de 10 millions de masques lavables, évidemment moins chers que les masques français à 3 euros l’unité. D’où la colère de Guillaume de Seynes, président du Comité stratégique de filière mode et luxe, qui a écrit le 28 mai à la secrétaire d'État Agnès Pannier-Runacher : « On ne peut pas demander à la filière de se mobiliser et la laisser tomber deux mois plus tard. » Il demande donc à l’État de flécher la commande publique vers les entreprises françaises et de racheter les stocks. Serait-ce trop demander ?