International
La situation en Ukraine inquiète la Chine
Vladimir Poutine a fait une déclaration révélatrice en préambule du sommet de Samarcande, le 15 septembre. Il recevait Xi Jinping dans cette ancienne étape de l’antique « Route de la soie », aujourd’hui en Ouzbékistan. Le leader chinois se déplaçait en terre étrangère pour la première fois depuis l’épidémie du Covid pour consacrer le nouvel axe Moscou-Pékin. Or les mots de Poutine trahissent la tension entre les deux autocrates : « Nous apprécions grandement la position équilibrée de nos amis chinois quant à la crise ukrainienne. Nous entendons vos questions et comprenons vos inquiétudes, et nous allons vous expliquer notre position » a plaidé Poutine.
La réponse de Xi Jinping, rapportée par l’agence de presse chinoise Xinhua, fut vague et sans chaleur : « Nous sommes prêts à travailler avec la Russie et à soutenir tout effort conjoint allant dans le sens de nos intérêts respectifs ». C’est une langue de bois en chêne massif… Le contraste est saisissant avec le triomphalisme affiché lors de leur dernière rencontre à Pékin, la veille de l’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver et deux semaines avant l’invasion russe. Une « nouvelle ère » des relations internationales était emphatiquement annoncée grâce à une « amitié sans limites » entre les deux autocrates.
Le sommet de Samarcande intervient au pire moment pour Poutine, quelques jours après une contre-offensive ukrainienne qui semble avoir mis en déroute les troupes russes occupant une partie du nord-est de l’Ukraine. Et cette reculade précipitée pourrait avoir laissé sur le terrain des preuves d’exécutions sommaires… Voilà de quoi inquiéter le leader chinois. L’offensive russe avait déjà pris par surprise ses stratèges. La nouvelle dépendance économique et diplomatique de Moscou est certainement avantageuse pour Pékin, mais la Chine regarde le temps long : il ne faudrait pas que les actions russes viennent perturber un jeu de go savamment orchestré face à un Occident affaibli.
Si la rencontre Poutine – Xi Jinping était sous les feux des projecteurs, le sommet de Samarcande réunissait au total 15 chefs d’États dont les présidents iranien et turc. C’était l’occasion pour Moscou de montrer au monde qu’une coalition était à ses côtés. Mais c’est la Chine qui était à la manœuvre par l’entremise de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) dont le rôle est d’étendre l’influence chinoise dans les anciennes républiques soviétiques d’Asie Centrale. Cette région immense et aux sous-sols très riches est le théâtre d’une lutte d’influence entre les deux géants. D’ailleurs, Xi Jinping s’est arrêté au Kazakhstan pour rencontrer le Président Tokaïev avant de poursuivre vers l’Ouzbékistan. Son message était un avertissement à peine voilé pour le Kremlin : « La Chine soutient fermement l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale du Kazakhstan ».
La prudence de Pékin ne signifie pas que la Chine soit sur le point d’abandonner son allié russe, prévient Ian Williams pour The Spectator (voir son article en lien). Les deux partenaires sont devenus dépendants l’un de l’autre et ils partagent la même vision d’un Occident à la fois impérialiste et décadent. Xi Jinping a refusé de condamner l’agression russe et ses diplomates soutiennent la Russie lors des assemblées onusiennes. Le numéro 3 du Parti Communiste Chinois (PCC), Li Zanshu, avait fait une déclaration claire face à un groupe de parlementaires russes quelques jours avant la rencontre au sommet en Ouzbékistan : « La Chine comprend et soutient la Russie particulièrement en ce qui concerne l’Ukraine. » Se sont ensuivis des exercices militaires conjoints de grande ampleur – « Vostok 2022 » – dans l’extrême orient russe et en Mer du Japon.
Pékin et Moscou sont donc main dans la main face aux États-Unis et l’OTAN. Mais la manière de faire de Poutine irrite Xi Jinping. De nouveaux revers militaires comme la révélation d’exactions sur le terrain ukrainien auraient des conséquences fâcheuses pour la Chine qui ne veut en aucun cas se retrouver entraînée dans un conflit qu’elle n’a pas voulu, préférant la sagesse du stratège Sun Tzu : « L’art de la guerre, c’est de soumettre l’ennemi sans combat ». Depuis le déclenchement des sanctions occidentales contre la Russie, la Chine a acheté à son alliée des quantités record de pétrole et de gaz. C’est la stratégie russe pour gagner la guerre économique. Xi Jinping et Vladimir Poutine ont d’ailleurs rencontré à Samarcande leur homologue mongol pour discuter de la construction de nouveaux oléoducs reliant Chine et Russie par son pays.
Washington surveille et grogne : 5 sociétés chinoises d’électronique, suspectées d’aider les Russes, ont été interdites de commercer avec des intérêts américains. Jusqu’ici, la Chine s’est efforcée de ne pas franchir la ligne rouge (comme livrer des armes aux Russes) pour ne pas être pénalisée. Elle cherche à garder fermement en laisse l’ours russe…
La réponse de Xi Jinping, rapportée par l’agence de presse chinoise Xinhua, fut vague et sans chaleur : « Nous sommes prêts à travailler avec la Russie et à soutenir tout effort conjoint allant dans le sens de nos intérêts respectifs ». C’est une langue de bois en chêne massif… Le contraste est saisissant avec le triomphalisme affiché lors de leur dernière rencontre à Pékin, la veille de l’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver et deux semaines avant l’invasion russe. Une « nouvelle ère » des relations internationales était emphatiquement annoncée grâce à une « amitié sans limites » entre les deux autocrates.
Le sommet de Samarcande intervient au pire moment pour Poutine, quelques jours après une contre-offensive ukrainienne qui semble avoir mis en déroute les troupes russes occupant une partie du nord-est de l’Ukraine. Et cette reculade précipitée pourrait avoir laissé sur le terrain des preuves d’exécutions sommaires… Voilà de quoi inquiéter le leader chinois. L’offensive russe avait déjà pris par surprise ses stratèges. La nouvelle dépendance économique et diplomatique de Moscou est certainement avantageuse pour Pékin, mais la Chine regarde le temps long : il ne faudrait pas que les actions russes viennent perturber un jeu de go savamment orchestré face à un Occident affaibli.
Si la rencontre Poutine – Xi Jinping était sous les feux des projecteurs, le sommet de Samarcande réunissait au total 15 chefs d’États dont les présidents iranien et turc. C’était l’occasion pour Moscou de montrer au monde qu’une coalition était à ses côtés. Mais c’est la Chine qui était à la manœuvre par l’entremise de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) dont le rôle est d’étendre l’influence chinoise dans les anciennes républiques soviétiques d’Asie Centrale. Cette région immense et aux sous-sols très riches est le théâtre d’une lutte d’influence entre les deux géants. D’ailleurs, Xi Jinping s’est arrêté au Kazakhstan pour rencontrer le Président Tokaïev avant de poursuivre vers l’Ouzbékistan. Son message était un avertissement à peine voilé pour le Kremlin : « La Chine soutient fermement l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale du Kazakhstan ».
La prudence de Pékin ne signifie pas que la Chine soit sur le point d’abandonner son allié russe, prévient Ian Williams pour The Spectator (voir son article en lien). Les deux partenaires sont devenus dépendants l’un de l’autre et ils partagent la même vision d’un Occident à la fois impérialiste et décadent. Xi Jinping a refusé de condamner l’agression russe et ses diplomates soutiennent la Russie lors des assemblées onusiennes. Le numéro 3 du Parti Communiste Chinois (PCC), Li Zanshu, avait fait une déclaration claire face à un groupe de parlementaires russes quelques jours avant la rencontre au sommet en Ouzbékistan : « La Chine comprend et soutient la Russie particulièrement en ce qui concerne l’Ukraine. » Se sont ensuivis des exercices militaires conjoints de grande ampleur – « Vostok 2022 » – dans l’extrême orient russe et en Mer du Japon.
Pékin et Moscou sont donc main dans la main face aux États-Unis et l’OTAN. Mais la manière de faire de Poutine irrite Xi Jinping. De nouveaux revers militaires comme la révélation d’exactions sur le terrain ukrainien auraient des conséquences fâcheuses pour la Chine qui ne veut en aucun cas se retrouver entraînée dans un conflit qu’elle n’a pas voulu, préférant la sagesse du stratège Sun Tzu : « L’art de la guerre, c’est de soumettre l’ennemi sans combat ». Depuis le déclenchement des sanctions occidentales contre la Russie, la Chine a acheté à son alliée des quantités record de pétrole et de gaz. C’est la stratégie russe pour gagner la guerre économique. Xi Jinping et Vladimir Poutine ont d’ailleurs rencontré à Samarcande leur homologue mongol pour discuter de la construction de nouveaux oléoducs reliant Chine et Russie par son pays.
Washington surveille et grogne : 5 sociétés chinoises d’électronique, suspectées d’aider les Russes, ont été interdites de commercer avec des intérêts américains. Jusqu’ici, la Chine s’est efforcée de ne pas franchir la ligne rouge (comme livrer des armes aux Russes) pour ne pas être pénalisée. Elle cherche à garder fermement en laisse l’ours russe…