Politique
La réforme des retraites, victoire à la Pyrrhus
Le chef de l’État n’a pas perdu de temps : il a promulgué la loi sur la réforme des retraites samedi matin, 15 avril, au lendemain de la validation de l’essentiel du texte par le Conseil constitutionnel (qui a toutefois censuré des mesures sur l’emploi des seniors et sur l’accompagnement des salariés soumis à l’usure professionnelle comme étant des « cavaliers législatifs », des intrus dans une loi de Sécurité sociale). Ce faisant, Emmanuel Macron a adressé une fin de non-recevoir aux syndicats qui lui demandaient de ne pas promulguer la loi.
Vues de l’étranger, les grèves et manifestations paroxystiques qui ont accompagné cette modeste réforme sont ahurissantes : la mesure phare, celle qui a mis le feu aux poudres, est le recul (progressif) de l'âge de départ de 62 à 64 ans, alors que l’âge moyen de la retraite dans les pays européens est de 65 ans (avec une tendance générale à la hausse). Mais vue de France, la colère résulte d’une accumulation de désastres d’État (Éducation nationale, hôpital, désindustrialisation, endettement public, chômage, faiblesse des salaires, inflation, pouvoir d’achat, insécurité, immigration…) sur fond d’une profonde crise sociale et politique qu’on pourrait résumer en trois mots commençant par « d » : décadence, déclassement et...détestation du chef de l’État.
Le blocage par le Conseil constitutionnel d’une première demande de référendum d'initiative partagée (RIP) émanant de la gauche (qui en a aussitôt présenté une seconde), éloigne la perspective d’une consultation des Français. Cela après que les débats au Parlement avaient été restreints par des procédures dont le Conseil constitutionnel a pointé le « caractère inhabituel ». Pourtant il n’y aurait « ni vainqueur, ni vaincu » à en croire la première ministre Élisabeth Borne… Ce n’est pas ce qui ressort des sondages : « On a une ambiance qui rappelle les fins de règne », observe Frédéric Dabi, directeur général de l’Institut français d'opinion publique (Ifop), dans un entretien au Figaro (en lien ci-dessous). Jusqu’où ira l’impopularité d’Emmanuel Macron ?
Aucune des grandes mais vagues promesses faites par le candidat Macron en 2017 sur l’école, l’hôpital ou l’écologie n’a été tenue. Et voilà que la réforme paramétrique qu’il accomplit enfin, contre vents et marées et au terme d’un parcours chaotique, met un comble à son discrédit. Que pourra-t-il encore tenter au cours des quatre ans du second quinquennat qui restent « à tirer » ? Vers quel cap, pour quel dessein, et avec quelle majorité parlementaire ? Va-t-il se rattraper sur l’international au risque de conforter les Français dans l’impression qu’il se désintéresse de leur sort ? Ou sur le « sociétal » dans une fuite en avant « transhumaniste » qui précipiterait la déshumanisation de notre société ? Il n’y aurait rien à gagner mais tout à perdre d’un pays devenu ingouvernable, géré à la petite semaine mais à grand renfort de « com » par un chef de l’État « immobile à grands pas » (Paul Valéry, Le Cimetière marin). Ce devrait être un sujet d’angoisse transpartisan !
Vues de l’étranger, les grèves et manifestations paroxystiques qui ont accompagné cette modeste réforme sont ahurissantes : la mesure phare, celle qui a mis le feu aux poudres, est le recul (progressif) de l'âge de départ de 62 à 64 ans, alors que l’âge moyen de la retraite dans les pays européens est de 65 ans (avec une tendance générale à la hausse). Mais vue de France, la colère résulte d’une accumulation de désastres d’État (Éducation nationale, hôpital, désindustrialisation, endettement public, chômage, faiblesse des salaires, inflation, pouvoir d’achat, insécurité, immigration…) sur fond d’une profonde crise sociale et politique qu’on pourrait résumer en trois mots commençant par « d » : décadence, déclassement et...détestation du chef de l’État.
Le blocage par le Conseil constitutionnel d’une première demande de référendum d'initiative partagée (RIP) émanant de la gauche (qui en a aussitôt présenté une seconde), éloigne la perspective d’une consultation des Français. Cela après que les débats au Parlement avaient été restreints par des procédures dont le Conseil constitutionnel a pointé le « caractère inhabituel ». Pourtant il n’y aurait « ni vainqueur, ni vaincu » à en croire la première ministre Élisabeth Borne… Ce n’est pas ce qui ressort des sondages : « On a une ambiance qui rappelle les fins de règne », observe Frédéric Dabi, directeur général de l’Institut français d'opinion publique (Ifop), dans un entretien au Figaro (en lien ci-dessous). Jusqu’où ira l’impopularité d’Emmanuel Macron ?
Aucune des grandes mais vagues promesses faites par le candidat Macron en 2017 sur l’école, l’hôpital ou l’écologie n’a été tenue. Et voilà que la réforme paramétrique qu’il accomplit enfin, contre vents et marées et au terme d’un parcours chaotique, met un comble à son discrédit. Que pourra-t-il encore tenter au cours des quatre ans du second quinquennat qui restent « à tirer » ? Vers quel cap, pour quel dessein, et avec quelle majorité parlementaire ? Va-t-il se rattraper sur l’international au risque de conforter les Français dans l’impression qu’il se désintéresse de leur sort ? Ou sur le « sociétal » dans une fuite en avant « transhumaniste » qui précipiterait la déshumanisation de notre société ? Il n’y aurait rien à gagner mais tout à perdre d’un pays devenu ingouvernable, géré à la petite semaine mais à grand renfort de « com » par un chef de l’État « immobile à grands pas » (Paul Valéry, Le Cimetière marin). Ce devrait être un sujet d’angoisse transpartisan !